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Tendances prospectives dans la localisation de la production mondiale de cacao

24 juillet 2014

La hausse de la consommation mondiale de cacao étant largement impulsée par les marchés en développement en Asie et en Amérique latine, la question s’est posée de savoir si cela va faire émerger des modèles d’investissement qui pourraient, à terme, conduire au déclin du rôle actuellement dominant de la Côte d’Ivoire et du Ghana (qui fournissent l’essentiel du cacao africain, lui-même comptant pour 70 % de la production mondiale).

Laurent Pipitone, directeur de la division économique de l’Organisation internationale du cacao (ICCO), reconnaît qu’il est préoccupant que seuls deux pays jouent un tel rôle dominant dans l’approvisionnement du marché mondial du cacao. Une inquiétude renforcée par les évolutions aussi bien au Ghana qu’en Côte d’Ivoire. Des articles de presse en juin 2014 ont souligné l’impact des ventes de concessions minières illégales par des producteurs pauvres sur la production de cacao. Il a été estimé que cela pourrait réduire la production annuelle de 100 000 tonnes Cette tendance, qui sape les efforts du gouvernement pour relancer la production à travers des subventions aux intrants, la pulvérisation massive de pesticides et des paiements bonifiés, est très liée à la diminution des bénéfices nets des producteurs ghanéens de cacao.

Des représentants de Mars ont fait valoir que la demande croissante dans la région Asie-Pacifique pourrait en faire la première zone de consommation assurant elle-même sa production de cacao.

Cependant, alors que l’Indonésie est le troisième plus gros producteur mondial de cacao, sa production annuelle est tombée de 700 000 tonnes à 410 000 tonnes au cours des six dernières années, du fait « de la concurrence d’autres cultures et de la pression émanant des maladies des arbres ». Les tentatives de Cargill et Mars pour promouvoir la production de cacao au Vietnam n’ont eu que peu de succès, n’atteignant que la maigre production de 7 000 tonnes par an ; des efforts similaires ont été déployés en Inde, avec, également, des résultats limités, et le climat en Chine n’est définitivement pas adapté à la production cacaoyère.

Jean-Marc Anga, directeur exécutif de l’ICCO, a néanmoins déclaré qu’il existe encore un gros potentiel pour la production de cacao en Afrique. Étant donné la taille de son marché domestique, le Nigeria, en particulier, est considéré comme ayant un potentiel important pour l’expansion de la production.

Un article du site web Agrimoney.com suggère que le déficit imminent de la production de cacao (estimé à 1 million de tonnes d’ici 2020) pourrait constituer une nouvelle base pour la production de cacao sur la planète, des investisseurs cherchant des opportunités pour une production de cacao reposant sur de grands domaines afin de capitaliser sur l’évolution des tendances du marché. D’après le site web d’analyses sur les produits de base, « certains opérateurs parlent de marges de profit “très élevées” (…) jusqu’à 66 % à maturité ». Cela suppose un prix du cacao de 2 700-2 800 $US par tonne, soit un niveau inférieur à celui du prix au comptant de juin 2014, à 3 139 $US/tonne.

Agrimoney.com identifie une série de nouveaux plans d’investissement dans la production de cacao basée sur les grands domaines, parmi lesquels :

  • un investissement d’Agriterra dans une plantation de 4 000 hectares en Sierra Leone ;
  • une expansion de la production dans la plantation de ROIG Agro-Cacao de 3 000 hectares en République dominicaine ;
  • une extension à 8 000-9 000 hectares du domaine d’Agro-Nica Holdings au Nicaragua ;
  • des projets de 3 000-4 000 hectares de production combinée de bois dur et de cacao dans le domaine de United Cocoa au Pérou ;
  • une série de nouveaux investissements non spécifiés en Afrique de l’Ouest, aux Philippines et en Indonésie.

Le mouvement initié par les consommateurs des marchés des pays développés pour un chocolat à plus forte teneur en cacao est considéré comme potentiellement créateur de nouvelles opportunités pour les producteurs de cacao, avec des pays comme l’équateur en première ligne dans les efforts pour « capitaliser sur la demande croissante de chocolats haut de gamme ». 

Commentaire éditorial

La situation émergente dans le secteur du cacao pourrait potentiellement poser de sérieux défis politiques aux gouvernements ACP d’Afrique de l’Ouest et centrale. Le système actuel, basé sur des petits producteurs, est confronté à des défis importants, liés à l’absence de prix pouvant fournir une base durable pour des investissements dans les exploitations et un renouvellement intergénérationnel de la communauté de cultivateurs de cacao. Les efforts passés d’organisations coopératives n’ont pas toujours été couronnés de succès, bien que l’amélioration de l’accès au matériel végétal et la réalisation d’économies d’échelle pour la récolte, le stockage, le transport et la commercialisation puissent sembler essentielles.

C’est dans ce contexte que l’intérêt croissant pour la production de cacao dans de grands domaines doit être considéré. Cela pourrait offrir un cadre plus efficace pour améliorer la productivité, réduire les coûts logistiques et répondre aux demandes en évolution pour une certification durable des chaînes d’approvisionnement du cacao.

De difficiles choix politiques pourraient être à venir pour les gouvernements des pays ACP producteurs de cacao, tout mouvement vers une production basée sur des grands domaines soulevant des questions foncières très sensibles.

Il se pourrait bien que, si l’Afrique de l’Ouest et centrale devaient conserver leur rôle actuel dominant dans la production de cacao, les gouvernements auraient à reconsidérer la base organisationnelle de la production de cacao afin de se concentrer progressivement sur la production durable de fèves de haute qualité.

Ailleurs dans les pays ACP, il pourrait être nécessaire de prendre davantage en considération le positionnement de marché dans un marché des produits de cacao de plus en plus différencié et soucieux de la qualité.  

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