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Les dosettes de café ouvrent des débouchés en Afrique

10 avril 2014

Un entretien avec Henri Rodriguez, directeur Export de Malongo

De formation agronomique et commerciale, Henri Rodriguez est rentré chez Malongo en 1996 où il est aujourd’hui directeur Zones export, ce qui comprend l’Afrique, l’Europe  du Sud et de l’Est, le Moyen Orient, l’Amérique centrale et latine ainsi que les département et territoires d’outre-mer français.

Malongo est le premier opérateur français sur le segment des cafés issus du commerce équitable et de l’agriculture biologique. Son directeur Export, Henri Rodriguez, explique en quoi l'essor du commerce des dosettes de l'Europe vers l'Afrique – d'où vient le café comme matière première – est une réalité aujourd'hui.

Q : Que représente aujourd'hui le marché africain des dosettes et que cela représente-t-il pour une entreprise comme Malongo ?

Globalement sur l'Afrique, je ne pourrais pas vous dire, car il existe très peu d'information. S'agissant de Malongo, nous avons créé notre propre système de dosettes en 1997. Nous avons voulu choisir un matériau le moins impactant possible pour l'environnement et la consommation. Donc nous sommes sur du papier filtre, sans colle ni polyéthylène. Il s'agit bien de dosettes et non de capsules, ces dernières étant, en règle générale, en plastique ou en aluminium alors que les dosettes sont en papier.

Nous faisons 7 000 t de café par an à peu près, et les dosettes représentent entre 35 et 40 % de notre activité. Nous vendons 300 millions de dosettes à l'année. Sur l'Afrique, nous vendons aussi bien des dosettes que du café moulu, en boîte ou en paquet de 250 gr  pour les supermarchés et en kilo pour les bars.

Nous travaillons sur deux types de marchés en Afrique. Premièrement, les particuliers avec de petites machines associées à notre format de dosette qui sont destinées à la vente au public à travers les supermarchés ou tout  autre canal qui touche le public. D'autre part, les professionnels –restauration, hôtellerie, etc. – avec des machines professionnelles adaptées à notre format de dosettes et créées par de grandes entreprises de fabrication de machines espresso comme La Spaziale, Schaerer, etc. et qui travaillent sous licence pour nous.

Q : Aujourd'hui, que représente le marché des dosettes par rapport au café traditionnel ?

Aujourd'hui, en Afrique, nous vendons davantage de dosettes que de café moulu, car nous devons nous différencier des torréfacteurs traditionnels déjà sur place. Donc nous arrivons avec notre système de dosettes et ses caractéristiques : la commodité, l'aspect environnemental, écologique, éthique et de cafés de spécialité. Lorsque je dis café de spécialité, ce sont des cafés d'origine sur lesquels nous travaillons beaucoup.  Une grande partie de notre production, environ 40 % également, est issue du commerce équitable. En France, nous sommes le premier opérateur en matière de café et de ventes de produits issus du commerce équitable et labellisés Max Havelaar Fairtrade.

Ce sont des produits que nous choisissons, bien souvent, avec des coopératives qui travaillent selon le cahier des charges du commerce équitable et de Max Havelaar et que l'on revend, soit en tant que tel, c'est-à-dire en tant qu'origine, soit sous forme de mélanges avec d'autres produits également issus du commerce équitable.

Q : Donc si je comprends bien, vous achetez le café dans les origines, il arrive en Europe, il est reconditionné dans des capsules qui repartent en Afrique ?

Oui, c'est le cas. Car notre système de fabrication de dosettes est un système qui est protégé par des brevets et qui est assez compliqué à dupliquer. Ceci veut dire que notre production, on la maitrise ici dans nos bureaux qui sont à Carros, dans les Alpes Maritimes. Nous n'en sommes pas au stade où nous pourrions délocaliser la fabrication de dosettes.

Q : Vous exportez vers quels pays en Afrique ?

On exporte vers  l'Afrique Nord – Maroc et Algérie, le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Gabon, le Cameroun, le Bénin, et nous commençons à travailler sur le Ghana.

Q : L'existence du marché unifié de la Cedeao vous facilite-t-elle la  tâche en Afrique de l'Ouest ?

Je ne crois pas, car nous travaillons avec des importateurs sur place. Ce sont des commerçants, installés, qui importent et stockent sur place nos marchandises et les revendent à leurs propres clients. Ces importateurs nous demandent souvent de faire une livraison franco transitaire, c'est-à-dire chez le transitaire en France. Donc, nous n'avons guère de visibilité sur la partie commercialisation en aval. Par contre, je peux vous dire qu'un pays producteur de café a, bien sûr, en règle générale, des taxes plus importantes à l'importation du café.

Q : À votre avis, quelle sera l'incidence des Accords de partenariat économique entre l'UE et les pays africains sur ce commerce de dosettes de café ?

Je pense que l'intérêt principal, bien sûr, c'est la baisse des taxes d'importation de manière à fluidifier le commerce, sans oublier la simplification administrative de ces importations.

Q : L'évolution du marché des dosettes vous a-t-elle conduit à développer de nouveaux approvisionnements en café, de nouveaux produits d'origine ?

Oui, bien sûr. Le format de la dosette permet un meilleur conditionnement et une meilleure conservation du café. Donc cela favorise le développement de la consommation de produits d'origine. Par exemple, si un café ou un restaurant veut faire une carte des cafés avec  un café générique qui soit un mélange pour café de tous les jours, et des cafés d'origine – Colombie, Moka d'Ethiopie, etc. – c'est beaucoup plus simple de le faire avec des dosettes, car vous avez une portion emballée individuellement plutôt qu'avec un kilo de café que vous êtes obligé d'ouvrir et qui a un moment donné va rancir et perdre sa saveur.

Donc tout cela va dans le sens du développement des origines. Sur l'Afrique, nous travaillons beaucoup avec des cafés Arabica d'altitude, des Moka d'Ethiopie, car ce sont des cafés très nobles, l'Ethiopie étant le berceau du café, mais aussi avec des cafés du Kenya, du Congo. Nous avons développé un accord de partenariat avec le Congo. Dans la région du Kivu, il existe des cafés remarquables que nous avons décidé de mettre en avant grâce, justement, à ces formats de dosettes. On le fait également dans les formats traditionnels. Mais ce format dosettes a beaucoup de succès auprès des professionnels car cela leur simplifie la tâche au moment de proposer du café au client final.

Q : Mais les dosettes reviennent chers aux professionnels ?

Le café conditionné en dosettes ne rancit pas, contrairement à celui en paquet, ce qui est pratique lorsqu'il y a une baisse de clientèle.  Donc la dosette rentre dans un cadre d'utilisation qui rend service. Dans ce cas-là, on parle de cafés sur lesquels il y a des marges  importantes : en Europe, une dosette de café se vend 20 centimes et  la tasse de café peut se vendre €1,50. Donc ça vaut le coup d'utiliser une partie de cette marge au profit d'un produit à mettre en valeur et au profit du plaisir de consommation du client.

Q : Vous ne faites pas du tout de Robusta en dosettes ?

Si. Dans certains mélanges, on met du Robusta. Il existe des Robusta très bien travaillés et qui apportent un "plus" véritable au café. Ils apportent une tonicité dans le mélange. Donc nous vendons des produits qui sont des mélanges avec 20 ou  30 % de Robusta. Dans le monde entier, on constate une mode des mélanges café et lait que sont les cappuccino, latte, etc. Pour ça il faut des cafés suffisamment forts, comme les Robusta, mais qui soient aussi intéressants au niveau gustatifs. C'est primordial.

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