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Les mesures pour le secteur laitier namibien remises en question par une laiterie sud-africaine

10 avril 2014

L’utilisation des contrôles des importations du secteur laitier en Namibie a été critiquée par la laiterie sud-africaine Clover (voir article Agritrade «  Les discussions sur les mesures de sauvegarde du secteur laitier en Nami... », 26 août 2013), qui a expliqué le licenciement récent de 34 Namibiens par « l’impact négatif des restrictions quantitatives sur les importations de produits laitiers ». En réponse, les représentants du gouvernement namibien ont souligné en février dernier que le secteur laitier local emploie 1 750 Namibiens, notant l’importance de maintenir une « capacité de production nationale capable de desservir toutes les régions du pays et de réduire les vulnérabilités sur le marché ».

La Namibian Dairy Producers Association (DPA), pour sa part, a affirmé qu’il était incorrect d’incriminer les restrictions d’importation quantitatives du gouvernement pour expliquer les difficultés du marché, notant « l’échec de la part des importateurs à satisfaire aux exigences des demandes de licences ». Le président de la DPA a cité « les prix d’éviction pratiqués par certains détaillants locaux » comme « un des facteurs contribuant » aux problèmes actuels sur le marché laitier namibien. Des informations de presse ont suggéré que Namibia Dairies a été « incapable de faire face à la demande locale », « les détaillants (…) se démenant pour garder des produits laitiers sur leurs rayons ». Les détaillants ont décrit les restrictions d’importation comme « ridicules » étant donné la sécheresse en Namibie, ceci affectant l’approvisionnement laitier au niveau national.

Ces critiques font suite à une action en justice intentée en octobre 2013 contre les contrôles des importations du gouvernement (août 2013) par Matador Enterprises, une société d’importation de lait. Dans une déclaration sous serment, l’entreprise a fait valoir qu’en dépit de plus de 12 années de protection des industries naissantes l’industrie laitière namibienne n’a pas réussi à devenir compétitive. Les bénéfices et la constitutionalité des contrôles des importations ont été remis en question. Le gouvernement namibien a affirmé en octobre que les restrictions des importations étaient « nécessaires pour bâtir et maintenir une capacité nationale pour le développement et la production de produits alimentaires en Namibie », et a indiqué que les précédents contrôles avaient été limités au lait UHT. Les quotas d’août 2013, tout en ayant une applicabilité plus générale, ne réduiront les importations mensuelles d’UHT que de 23 %. La légalité de la mesure prévue dans la loi sur le contrôle des importations et des exportations a également été confirmée.

D’après les données officielles sur les importations, les importations de lait en 2013 ont dépassé le quota officiel de 30 %, tandis que les importations laitières limitées par des quotas n’étaient supérieures que de 2,28 % au quota. Le gouvernement namibien a ainsi évoqué la perspective d’« une enquête sur une sous-déclaration éventuelle des importations de lait et de produits laitiers ».

Commentaire éditorial

La réponse du secteur privé à la décision du gouvernement namibien d’août 2013 de mettre en place des contrôles des importations semble indiquer le rejet croissant par les entreprises du secteur privé des initiatives de politique publique visant à utiliser les anciens instruments traditionnels de politique commerciale du secteur agroalimentaire. Ces actions du secteur privé mettent en exergue la sensibilité nationale des dispositions contenues dans les accords commerciaux inter-régionaux relatifs à l’utilisation des instruments politiques non tarifaires.

Une autre laiterie exerçant des activités en Afrique du Sud, Parmalat, s’est jointe à Clover pour dénoncer les contrôles namibiens des importations. Matador Enterprises, qui a retiré la première partie de sa plainte (une demande urgente visant à mettre un terme aux restrictions d’importation) contre le gouvernement namibien à la fin 2013, a maintenant rejoint Clover et Parmalat pour intenter une action conjointe contre les contrôles des importations du secteur laitier du gouvernement namibien.

La procédure a été entamée le 14 mars 2014. L’issue de cette action en justice aura une influence décisive sur la mise en œuvre de la politique sectorielle du gouvernement, ainsi que de sa stratégie « Growth at Home ».

Ces actions du secteur privé contre l’utilisation des instruments de politique commerciale agricole par le gouvernement namibien viennent compliquer davantage les négociations d’APE actuelles sur les sauvegardes et les dispositions qui tentent d’interdire ou de limiter l’utilisation des restrictions quantitatives sur les échanges commerciaux.

La laiterie française Danone a racheté les parts de Clover dans Danone Clover en 2009, et Clover SA et Danone Clover coexistent maintenant comme deux entités séparées. Clover SA continue de fournir des services à Danone Clover, « notamment dans le domaine de l’approvisionnement et de la distribution de lait brut ». La société Parmalat, quant à elle, fait maintenant partie de la laiterie internationale française Lactalis, après l’acquisition par Lactalis d’une participation majoritaire dans Parmalat dans le courant de 2011. Les entreprises européennes restent donc très intéressées par les développements de la politique du secteur laitier dans la SACU et au-delà.

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