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Évolution des tendances de la demande et des opportunités d’exportation pour la patate douce, l’igname et les autres racines et tubercules

09 novembre 2014

Les racines et tubercules ont traditionnellement été la seconde sous-catégorie la plus importante de production alimentaire dans les Caraïbes, avec des importations équivalant à environ 19 % de la production domestique et des exportations d’environ 5 % de la production nationale. Haïti et la Jamaïque ont traditionnellement dominé la production de racines et tubercules dans les Caraïbes (environ 90 %).

De informations de presse récentes suggèrent cependant que les exportations de racines et tubercules ont une importance croissante dans les Caraïbes. En juillet, il était indiqué qu’en 2013 « la Jamaïque avait exporté plus d’igname que l’ensemble de ses exportations agricoles traditionnelles ». Cette tendance reflète un mouvement plus large de progression des exportations non traditionnelles, comme l’igname, le taro, la courge, la papaye et le poivre.

Cela traduit en partie l’évolution des modes de consommation dans d’importants marchés de pays développés, un certain nombre de cultures « ethniques » étant désormais courantes, et de grands distributeurs, comme Tesco et Walmart, fournissant désormais ce type de produits. On estime, par exemple, que la consommation américaine de patate douce a augmenté de 50 % entre 2002 et 2012, à mesure que les bienfaits pour la santé de la patate douce ont été de plus en plus reconnus.

Dans ce contexte, le gouvernement jamaïcain doit lancer un cadre pour la plateforme d’exportations qui facilite les échanges entre fournisseurs et acheteurs en Jamaïque et à l’étranger. L’initiative est portée par « le Programme pour la compétitivité de l’agriculture (ACP) [du ministère de l’agriculture], en collaboration avec l’Institut inter-américain de coopération pour l’agriculture (IICA) ». L’initiative comprend une formation pour les agriculteurs sur les opportunités de marché à l’exportation et les exigences des marchés, et un appui direct pour la commercialisation et la participation à des foires commerciales. Les exportateurs et le ministère reconnaissent que « la Jamaïque doit améliorer ses pratiques d’exportation, au moins en termes de cohérence, si elle souhaite que ses produits aient une place dans les rayons classiques ».

Le ministre jamaïcain de l’agriculture a fait part d’« un intérêt fort du Consortium des produits frais du Royaume-Uni (FPC) », dont des représentants ont visité la Jamaïque pour « explorer les possibilités d’obtenir un approvisionnement en patate douce ». Il a également indiqué que certains gros producteurs opérant dans les agroparcs soutenus par le gouvernement « négociaient déjà des contrats avec des acheteurs du Consortium des produits frais pour les approvisionner en patate douce ». Le gouvernement aide maintenant les agriculteurs concernés à se conformer aux « bonnes pratiques agricoles » qui sont une exigence essentielle pour les exportations vers les acheteurs du FPC au Royaume-Uni.

Au-delà de la Jamaïque, le gouvernement de Trinité-et-Tobago promeut l’utilisation du manioc dans son programme d’alimentation scolaire, pour le mélanger à la farine et pour son usage dans l’alimentation animale. Cela fait partie de ses efforts pour favoriser les partenariats public-privé afin de réduire la facture des importations alimentaires du pays. La production d’igname, de manioc et de patate douce aurait augmenté respectivement de 15,2 %, 52,2 % et 58,2 % entre 2012 et 2013.

Commentaire éditorial

Un certain nombre de racines et tubercules ont longtemps été au centre de la consommation alimentaire dans les importantes économies insulaires des Caraïbes que sont la Jamaïque et Haïti, mais les évolutions des modes de consommation des pays étrangers ouvrent de nouvelles opportunités en matière d’exportations. Cela donne un nouveau souffle aux cultures traditionnelles de racines et tubercules. Ce sont des cultures pour lesquelles les producteurs des îles des Caraïbes peuvent potentiellement développer un réel avantage compétitif, étant donné les contraintes en terres que connaissent leurs systèmes d’exploitation.

L’augmentation actuelle des recettes provenant des exportations de cultures traditionnelles pourrait aider à rééquilibrer la facture croissante des importations de plusieurs économies insulaires des Caraïbes (le récent examen des politiques commerciales de l’OECO par l’OMC, par exemple, a noté que, depuis 2007, les états membres de l’OECO étaient devenus de plus en plus dépendants de produits alimentaires importés). Potentiellement, les exportations de cultures traditionnelles de racines et tubercules spécifiques (comme l’igname, la patate douce et le taro) pourraient aider les pays des Caraïbes à contourner quelques-unes des contraintes inhérentes à une production compétitive d’aliments en vrac et de produits agricoles.

L’identification de marchés d’exportation rentables et l’amorce d’un dialogue entre producteurs et importateurs sur les exigences du marché, les normes de qualité et les exigences des processus de production (bonnes pratiques agricoles) sont au centre du développement de ces opportunités d’exportation.

Un processus similaire d’identification des marchés et de dialogue avec les usagers finaux semble en cours à Trinité-et-Tobago, ciblant les marchés locaux pour les cultures de racines et tubercules (comme le manioc). Le repositionnement des cultures traditionnelles sur le marché international pourrait bien avoir pour corollaire une meilleure appréciation de la valeur des cultures traditionnelles dans les schémas de consommation alimentaire nationaux, les initiatives du type de celle lancée à Trinité-et-Tobago gagnant du terrain dans la région.

De la même façon, améliorer les normes de qualité pour les marchés d’exportation pourrait accroître l’attractivité commerciale de ces produits traditionnels sur les marchés domestiques, y compris les composantes des marchés touristiques qui demandent aux fournisseurs locaux une assurance qualité de l’alimentation de niveau international. Le lancement en Jamaïque de programmes gouvernementaux pour aider les producteurs à produire selon les exigences des détaillants et importateurs internationaux pourrait aussi fournir d’importantes garanties qui aident à renforcer l’attractivité commerciale des marchés nationaux et – si les normes SPS le permettent – régionaux.

Cette approche pourrait être source d’enseignements non seulement pour les autres économies insulaires des Caraïbes, mais aussi pour d’autres petits producteurs à travers les pays ACP.  

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