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Équilibrer les intérêts des consommateurs et des producteurs dans le secteur de la volaille

25 mars 2012

La recherche entreprise par les analystes de l’Institute for Development Policy Analysis du Botswana a mis en exergue les coûts et bénéfices de l’utilisation des instruments de politique commerciale dans le secteur de la volaille. Au cours de ces 30 dernières années, l’autosuffisance en viande de volaille et en œufs au Botswana a été largement réalisée, le Botswana « consommant aujourd’hui plus de volaille que de bœuf par tête d’habitant ».

D’après cette analyse, les importations de viande de volaille depuis 1979 ont été « sujettes à des contrôles d’importation et à de nombreuses interdictions totales ». Les licences d’importation ne sont délivrées « qu’en cas de pénurie locale ». Les importations de poussins et de céréales fourragères pour l’industrie de la volaille sont également réglementées, même si ces mesures ont été contestées devant les tribunaux.

Ces accords commerciaux ont fait grimper les prix de la volaille au Botswana, qui semblent être « considérablement plus élevés qu’en Afrique du Sud », où les prix sont gonflés par le maintien d’un « droit d’importation de 27 % sur la volaille en provenance de pays extrêmement compétitifs tels que le Brésil et les États-Unis ». Des droits de douane anti-dumping supplémentaires sont également appliqués (voir article Agritrade «  Le débat s’intensifie sur la politique tarifaire de la volaille d’Afriqu... », à venir 2012).

L’industrie de la volaille au Botswana conteste cependant cette affirmation, soutenant que les différences de prix ne sont qu’une illusion. Elle prétend que la pratique de l’industrie de la volaille sud-africaine consistant à givrer et à injecter de la saumure dans la volaille congelée gonfle le poids des morceaux de volaille vendus et débouche sur un coût inférieur par kg. En réalité, sur une base « viande de volaille pour viande de volaille », les prix seraient comparables.

L’analyse souligne également les liens d’entreprise étroits et la coopération entre les acteurs de l’industrie de la volaille au Botswana, affirmant que ce manque de concurrence ne fait pas que gonfler les prix, mais réduit la qualité des intrants du secteur de la volaille approvisionnés au niveau local (plus particulièrement les poussins), ce qui complique très fortement la survie des petits producteurs.

L’analyse affirme qu’une « industrie de la volaille saine et compétitive est bonne pour le Botswana », créant des emplois, développant des liens avec d’autres secteurs et promouvant des activités de transformation à plus forte valeur ajoutée. Toutefois, après 32 ans de protection des industries naissantes, l’industrie de la volaille du Botswana n’est ni saine ni compétitive. L’analyse appelle à un assouplissement des mesures de restriction sur les importations de poussins et de céréales fourragères afin de promouvoir une plus forte concurrence dans le secteur.

Au même moment en Afrique du Sud (qui représente 80 % de la production de volaille de la région SADC), malgré les plaintes concernant les importations de morceaux de volaille du Brésil qui pourraient nuire à la production locale, le plus gros producteur d’Afrique du Sud, Rainbow Chickens, a déclaré une augmentation de 24,5 % des « bénéfices courants par action dans les six mois jusque décembre 2011 », une augmentation de 15,8 % des revenus et une augmentation de 27 % des bénéfices d’exploitation. Les recettes de la transformation à plus forte valeur ajoutée de la viande de volaille atteignaient jusqu’à 53,1 % des recettes totales en décembre 2011, comparé à 47,8 % en juin 2011.

Ces gains doivent être envisagés dans le contexte des enquêtes actuelles sur les pratiques commerciales du secteur de la volaille sud-africain menées par les autorités de la concurrence, un secteur qui est dominé par deux entreprises qui, ensemble, représentent 46 % de la production nationale.

Commentaire éditorial

À la lumière de l’expérience du Botswana, et de l’invocation de la protection des industries naissantes en Namibie pour promouvoir l’autosuffisance nationale en volaille (voir article Agritrade «  De nouveaux investissements dans le secteur de la volaille namibien vise... », 12 novembre 2011), une attention considérable est susceptible d’être accordée au respect des engagements envers l’élimination progressive de la protection des industries naissantes. Actuellement, cela impliquerait que le prélèvement de 6 % soit réduit de 30 % après 4 ans, de 20 % après 6 ans et éliminé après 8 ans. L’élimination de cette protection des industries naissantes en Namibie au titre des dispositions SACU pertinentes pourrait entraîner une remise en question de l’utilisation actuelle de la protection des industries naissantes au Botswana.

Des questions se posent également en ce qui concerne les dispositions commerciales agricoles de la ZLE trilatérale proposée. Si les licences d’importation et les taxes spéciales peuvent être utilisées au sein d’une union douanière, quels types d’instruments commerciaux non tarifaires sont susceptibles d’être retenus dans le secteur de la volaille et autres secteurs sensibles dans le cadre de la ZLE trilatérale proposée ? L’utilisation des mesures de politique commerciale dans le secteur de la volaille par le Botswana, et maintenant la Namibie, pourrait donc avoir des implications au-delà du secteur de la volaille et de la SACU.

Tout accord commercial régional dans le secteur de l’agriculture en Afrique australe, cependant, doit prendre en considération la domination économique potentiellement écrasante des producteurs sud-africains, le rôle croissant des chaînes de distribution sud-africaines, et l’absence de politiques de concurrence nationales et régionales capables d’empêcher l’abus d’une position dominante sur le marché.

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