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Les parties prenantes du secteur du riz tanzanien appellent à une application cohérente des droits d’importation sur le riz

20 juillet 2014

D’après les informations publiées dans la presse tanzanienne, des représentants du secteur privé ont appelé le gouvernement tanzanien à établir un droit d’importation de 25 % sur les importations de riz « pour veiller à ce que le marché national ne soit pas saturé par des denrées bon marché ». Le PDG du Southern Agriculture Growth Corridor of Tanzania (SAGCOT), Geoffrey Kirenga, a affirmé que la décision gouvernementale de 2013 « de suspendre le droit d’importation sur 60 000 tonnes de riz importé était une erreur et qu’une telle erreur ne devait pas se reproduire ».

M. Kirenga a déclaré que non seulement les agriculteurs recevaient des prix plus bas pour le riz local mais qu’ils devaient en plus se battre pour vendre leur riz sur les marchés régionaux face à la concurrence du riz asiatique bon marché. Il a jugé qu’un dialogue avec les parties prenantes sur les niveaux appropriés des droits de douane et des importations de riz était indispensable.

Le SAGCOT, en association avec les investisseurs étrangers engagés dans Kilombero Plantations Limited (KPL), soutient la production de riz des petits exploitants. KPL a signalé des hausses importantes des rendements chez les petits exploitants tanzaniens, l’entreprise se chargeant ensuite de l’usinage et de la commercialisation de cette production accrue de riz. D’après la filiale de KPL, les innovations ont « doublé ou triplé » les rendements des petits exploitants par rapport aux « rendements locaux traditionnels ».

Cependant, le PDG de KPL, Carter Coleman, affirme que son entreprise a subi « une perte colossale de 4 milliards de shillings [environ 1,8 million €] du fait des importations de riz asiatique ». Les importations incriminées étaient plus précisément les « 40 000 tonnes de riz pakistanais bon marché exemptées » du tarif extérieur commun (TEC) de la CAE, cette exemption faisant chuter le prix de vente au détail de 54 %. M. Coleman fait remarquer que KPL « détient toujours 1 000 tonnes de riz de la saison 2012 et 5 000 tonnes supplémentaires de [la récolte 2013], qui ne peuvent être vendues à un prix rentable en raison d’un marché local saturé ».

Les difficultés de marché subsistent, malgré la décision du gouvernement tanzanien en mars 2013 d’arrêter les importations « après les plaintes des producteurs et bailleurs de fonds locaux ».

Pour le riz, le TEC de la CAE est « un tarif équivalent à 75 % du taux ad valorem ou à 200 $US/tonne, si ce dernier est plus élevé ». Toutefois, en vertu du Protocole de l’Union douanière, des flexibilités ont été envisagées permettant aux gouvernements nationaux de « revoir la structure du tarif extérieur commun et d’approuver des mesures conçues pour remédier aux effets adverses qu’un quelconque des États partenaires pourrait ressentir du fait de la mise en œuvre du TEC ». C’est ainsi que le Kenya a parfois appliqué des droits d’importation sur le riz de 35 % et la Tanzanie et l’Ouganda de 15 %. Dans le cas du Kenya, ces droits d’importation étaient liés aux concessions tarifaires du Pakistan pour les exportations de thé kényanes. Les tentatives d’application du TEC plus élevé par le passé ont engendré une contrebande massive de riz en Tanzanie.

D’après une précédente analyse de l’USDA, le droit de douane de la CAE sur le riz a eu trois effets majeurs :

  • il a encouragé la production locale ;
  • il a augmenté les prix nationaux ; et
  •  il a réduit la consommation de riz par habitant.

Cependant, d’après un document de travail de la FAO sur les denrées agricoles et la politique commerciale publié en 2013, les parties prenantes préconisent un droit de douane de 35 %, le maintien et le développement d’une base de production nationale étant considérés comme justifiant les hausses de prix engendrées par le droit de douane. 

Commentaire éditorial

La situation à laquelle sont confrontés les petits agriculteurs dans le projet rizicole de Kilombero met en lumière la nécessité d’assurer une certaine cohérence entre les initiatives nationales de développement agricole et les décisions de politique commerciale. La FAO a souligné combien la définition de taux appropriés du TEC pour les denrées de base telles que le riz est une question politique clé qui se doit d’être abordée – et elle est étroitement liée à la question de la gestion et mise en œuvre efficace au niveau national des politiques tarifaires convenues au niveau régional. L’analyse limitée réalisée à ce jour suggère qu’un droit d’importation de 35 % permettrait aux producteurs rentables et moyens de rester compétitifs, mais que les bénéfices seraient inégalement répartis – par exemple, les producteurs de riz tanzaniens pourraient en bénéficier aux dépens des consommateurs kényans.

La question d’un droit de douane approprié sur le secteur du riz est en outre compliquée par une augmentation de la demande de riz des consommateurs dans la CAE, qui dépasse les gains de production. Les défis de compétitivité sous-jacents doivent être abordés. Ceci s’applique à l’ensemble de la chaîne de valeur : depuis un approvisionnement en intrants, des technologies de transformation et des installations de stockage améliorés jusqu’à l’élimination des barrières non tarifaires et informelles au commerce intra-régional, en passant par l’harmonisation des normes de classification et de qualité.

Les « flexibilités » actuelles posent des défis – par exemple lorsque des droits de douane réduits sont appliqués au titre d’intérêts commerciaux bilatéraux (par ex. les concessions tarifaires entre le Kenya et le Pakistan pour le riz et le thé respectivement).

Dans ce contexte, des questions importantes liées à l’harmonisation des politiques de protection tarifaire avec les mesures relatives à l’offre et à la facilitation du commerce doivent être abordées. Cela pourrait impliquer potentiellement l’utilisation de dispositions sur des quotas d’importation saisonniers. 

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