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Du Suriname aux leaders mondiaux, fusions et acquisitions dans le secteur de la banane

10 mai 2014

D’après des articles de presse parus en janvier 2014, « le ministre de l’agriculture du Suriname a conclu un accord avec la multinationale belge de produits frais Univeg, en vue de privatiser la grande majorité des parts de l’entité Stichting Behoud Banana Sector (SBBS) ». Univeg « détiendra 90 % de l’entreprise qui, avec 2 000 hectares consacrés à la production bananière, affiche un chiffre d’affaires annuel de 65 millions de dollars ». La SBBS opérera désormais sous le nom de Food and Agricultural industries NV (FAI NV). Le groupe Univeg, basé en Belgique, « possède un réseau international de livraison et de distribution de produits frais, de fleurs et plantes, ainsi que de produits prêts à la consommation ». Il a annoncé que cette démarche s’inscrivait dans « une stratégie permanente visant à garantir la sécurité de l’approvisionnement sur le long terme afin d’offrir un service optimal aux clients du marché de détail ».

Le rachat a été favorisé par les relations d’affaires établies en 2006 entre Univeg France et la SBBS, au moment où la SBBS « a été relancée avec l’appui de l’UE ». Le directeur général d’Univeg France a indiqué que « le Suriname disposait de gros atouts pour la production de produits tropicaux, tels qu’une main-d’œuvre qualifiée, un climat, des sols et une luminosité idéaux ». « En choisissant Univeg, nous avons trouvé une bonne maison pour le développement et la commercialisation futurs de la banane du Suriname », a ajouté le ministre de l’agriculture du Suriname.

Il semble, toutefois, que le positionnement d’Univeg sur le marché européen soit susceptible de pâtir de la fusion entre Chiquita et Fyffes. Le site web Fresh Plaza précisait en mars 2014 qu’Univeg était « le plus grand distributeur de la banane Chiquita en Europe (…) en concurrence directe avec Fyffes ».

D’après les analystes, la fusion de Chiquita et Fyffes, annoncée en mars 2014, a été motivée par la perte de parts de marché de Chiquita au cours des dernières années (celles-ci ayant diminué de moitié face à la forte concurrence de Del Monte et Dole) et « le fait qu’il y a de moins en moins à gagner sur le marché de la banane », vu la tendance de certains supermarchés européens à utiliser ce fruit comme produit d’appel pour attirer la clientèle.

S’exprimant sur le projet de fusion, le PDG de Chiquita a souligné que la compagnie issue de cette fusion sera en mesure de réaliser des économies de coûts sur le transport maritime, grâce à la mise en commun de navires, ce qui réduira le nombre d’unités affrétées, et en privilégiant une navigation à vitesse réduite (les porte-conteneurs se déplaceront en dessous de la vitesse maximale), afin de diminuer les dépenses en carburant. Des économies supplémentaires sont prévues grâce à une meilleure utilisation des structures de mûrissage communes des fruits.

Banana Link, une organisation qui mène une campagne en faveur du commerce équitable et durable de la banane, a fait savoir que, si le projet de fusion se concrétise, « les trois premières compagnies détiendront 70 % du marché mondial » des bananes destinées au commerce international. Dans ce contexte, la Fairtrade Foundation s’est engagée à surveiller de près « l’impact que la fusion (…) aura sur les cultivateurs et les employés ». Selon Banana Link, les deux entreprises jouissent d’une bonne réputation en ce qui concerne l’amélioration des conditions de travail et les questions environnementales. Mais avec les détaillants européens qui privent d’une partie de la valeur ajoutée les chaînes d’approvisionnement à travers la pratique de prix bas, la pression commerciale s’accroît.

Commentaire éditorial

Bien qu’il s’agisse de volumes relativement faibles, l’acquisition de la SBBS par Univeg aux fins de « garantir la sécurité de l’approvisionnement dans le long terme » peut être considérée comme opportune vu le projet de fusion entre Chiquita et Fyffes, lequel pourrait avoir des répercussions sur le rôle actuel d’Univeg en tant que distributeur des bananes Chiquita.

Les bénéfices que les producteurs de bananes du Suriname retireront de l’apport d’Univeg seront essentiellement déterminés par les investissements que le groupe réalisera en matière de conditionnement et de commercialisation sur les divers marchés européens. Si Univeg perd le contrat de distribution de Chiquita suite au projet de fusion, il sera contraint d’accroître ses investissements afin de livrer une concurrence plus vive au nouveau leader de l’industrie bananière.

Alors qu’une augmentation des investissements serait susceptible de rebondir au profit des producteurs de bananes surinamais, les pressions commerciales au sein des chaînes d’approvisionnement de la filière pourraient renvoyer le fardeau de l’adaptation à de nouvelles réalités commerciales vers les producteurs de bananes de pays ACP tels que le Suriname.

Cela signifie que le suivi de l’impact de la fusion de Chiquita et Fyffes sur les producteurs que la Fairtrade Foundation s’est engagée à mener devra s’étendre au-delà des chaînes d’approvisionnement de la banane de Chiquita et Fyffes.

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