CTA
Petite police
Polic moyenne
Grande police
English |
Passer à l'anglais
Français
Passer au français
Filtrer par Questions agricoles
Produits de base
Régions
Type de publication
Filtrer par date

Note de synthèse - mise à jour 2013 : Secteur du café

17 décembre 2013

1.         Contexte et principaux enjeux

Depuis la saison 2006/07, les pays ACP contribuent de plus en plus à la production mondiale de café, en raison d’une forte croissance en Afrique de l’Est et malgré le déclin continu de la production en Afrique de l’Ouest. Environ 55 % de la production ACP est du café arabica, 10 pays ACP ne cultivant que cette variété. Le net déclin des prix de l’arabica en 2012 a été ainsi vécu difficilement par les producteurs de ces pays. Une reprise relative, quoique limitée, est entrevue pour le café arabica en 2013 ; après une reprise dans un premier temps, les prix ont ensuite baissé quelque peu jusqu’en mai 2013. Parallèlement, les prix du café robusta ont montré plus de stabilité, avec une baisse moins importante en 2012 et une reprise au début de l’année 2013, amenant les prix à des niveaux supérieurs de 1,4 % aux niveaux de février 2012. Cependant, ces gains liés aux prix étaient largement annulés à la fin du mois de mai 2013.

Pour améliorer la qualité et promouvoir une plus grande utilisation des fèves de robusta, les producteurs africains de café robusta ont lancé plusieurs initiatives, celles-ci étant jugées plus que nécessaires étant donné la prédominance de cette variété en Afrique et la croissance rapide de sa consommation ces dernières années. Bien que la hausse de la demande soit plus rapide sur les marchés émergents, la différenciation des produits est une caractéristique grandissante des marchés du café bien établis (par exemple les cafés d’une même origine, les cafés certifiés comme produits durablement, les cafés issus de l’agriculture biologique et du commerce équitable). La croissance des ventes de café en capsule à usage unique est également une caractéristique majeure des marchés du café matures.

De plus en plus, en Afrique de l’Est, des efforts sont faits pour relever le défi d’approvisionner des marchés différenciés. Cependant, ce sont les pays d’Amérique latine qui continuent de fournir la plupart du café certifié durable. Ce constat soulève la question de la nécessité de promouvoir la certification durable et de guider les producteurs à travers les nombreux systèmes disponibles, lesquels impliquent différents coûts et bénéfices. À cet égard, la question de la répartition des coûts et bénéfices des différents systèmes de certification au sein de la chaîne d’approvisionnement va probablement gagner en importance dans les années à venir.

En raison de la forte croissance de la demande sur les marchés émergents, les producteurs d’Afrique de l’Est cherchent de nouveaux partenaires, pour la commercialisation du café, mais aussi pour la transformation à plus forte valeur ajoutée. L’expérience de la Jamaïque dans la commercialisation du café Blue Mountain montre la difficulté d’identifier de nouveaux partenaires sur les marchés non traditionnels, laquelle a abouti à une véritable quête pour de nouveaux partenaires commerciaux.

En Éthiopie, le pays producteur de café le plus important, les niveaux d’exportation ont été affectés négativement en 2011/12 par des conflits entre le gouvernement et les entreprises d’exportation privées, en partie liés aux stratégies de gestion des transmissions des maladies. Bien que la croissance des exportations ait été forte en 2012/13, le déclin des prix a empêché les recettes d’exportation de progresser. Le conflit entre le gouvernement et le secteur privé en 2011/12 montre l’importance de relations harmonieuses pour gérer efficacement les marchés volatils. La question du rôle de régulation du gouvernement et des organismes para-étatiques se pose également au regard de la nécessité d’approvisionner des marchés de plus en plus différenciés. Cette question représente un défi dans plusieurs régions ACP et est liée à la nécessité de mettre en place des stratégies innovantes dans la production et la commercialisation du café, afin de répondre efficacement à la volatilité des prix et aux coûts croissants des intrants.

Les problèmes liés aux apparitions de maladies et au changement climatique affectent aussi la production de café dans certaines régions ACP, le soutien de l’aide au commerce ayant potentiellement un rôle à jouer pour faciliter les ajustements nécessaires.

La production de café dans le principal pays producteur des Caraïbes, la République dominicaine, continue de progresser, alors que la production jamaïcaine reste décevante, malgré les efforts déployés pour diversifier les marchés et améliorer la commercialisation. Dans le Pacifique, cependant, il reste des marges de manœuvre pour augmenter la production de café différencié par la qualité, destiné à approvisionner des marchés de niche particuliers.

2.         Récents développements

2.1       Développements sur les marchés internationaux du café

Des prix en déclin depuis 2012

En mai 2011, les prix des cafés arabica et robusta ont atteint les niveaux record de 304,9 centimes de $US/lb et de 2,588 $US par tonne, mais les prix ont constamment baissé depuis : avant juin 2013, les prix de l’arabica et du robusta ont reculé de 60 % et de 30 %, respectivement. Malgré ces baisses de prix, les prix mondiaux du café restent élevés par rapport aux niveaux historiques. Cependant, ces prix élevés ne se traduisent pas forcément par des revenus nets aux producteurs plus élevés. En effet, en juin 2013, l’Organisation internationale du café (ICO) a alerté sur le fait que le faible marché du café générait « des prix en dessous du coût de production » (voir article Agritrade «  Le secteur éthiopien du café aux prises avec une chute des cours mondiaux », 22 juillet 2013). Les prix élevés des autres cultures ont abouti à l’abandon de la production de café par certains producteurs, ce qui a soulevé des inquiétudes quant à l’approvisionnement à long terme.

Ces dernières années, l’évolution du différentiel de prix entre les cafés arabica et robusta a eu un effet majeur sur la demande. En 2011, la prime sur le prix de l’arabica était de 1,90 $US/lb, en hausse par rapport à la fourchette dans laquelle se situait ce différentiel en 2009/10 (entre 0,35 et 0,85 $US/lb), ce qui a amené certains torréfacteurs de café à utiliser davantage de café robusta dans leurs mélanges. Cependant, en mars 2013, le différentiel de prix était revenu à son niveau de 0,35 $US/lb, et inversait cette tendance.

Tendances de la production et de la demande

Selon l’ICO, en 2012/13, la production mondiale de café a atteint 135,9 millions de sacs (de 60 kg) et 144,6 millions de sacs en 2012/13, selon les estimations (le Département de l’agriculture des États-Unis – USDA – l’estime à 150,7 millions de sacs), suite à une seconde année de production massive au Brésil et au Vietnam, en réponse aux prix élevés de 2011 et du fait des conditions climatiques favorables. Cependant, en l’absence des fortes pluies en Indonésie et de la maladie de la rouille du café qui a affecté la production des zones de culture de café d’Amérique centrale, la hausse de la production aurait été encore plus importante.

La consommation a également augmenté rapidement, atteignant 139 millions de sacs en 2011 et 142 millions de sacs en 2012, ce qui reflète la forte croissance annuelle de la demande sur les marchés émergents de 6,6 %, à comparer avec la moyenne mondiale de 2,4 %. En conséquence, les stocks ont baissé de 17,1 % (de 18,2 millions de sacs à 15,1 millions de sacs en 2012/13). La forte croissance de la demande sur les marchés émergents pourrait avoir empêché un déclin des prix encore plus important ; toutefois, la production devrait baisser au Brésil et au Vietnam en 2013/14.

Il est maintenant clair que l’impact à plus long terme du cycle du Brésil « par intermittence » est en train de diminuer en intensité, puisqu’à présent de nouvelles zones sont cultivées, où les rendements sont plus élevés et où les risques de dommages liés au gel sont réduits.

La hausse continue de la demande en fèves de café robusta a constitué une caractéristique majeure du marché du café en 2012/13. Bien que des marchés tels que celui des États-Unis aient dénigré le robusta pendant de nombreuses années, les choses sont en train de changer. En 2011, les importations américaines de café robusta ont triplé (bien qu’elles représentent encore seulement 14 % du volume des importations d’arabica), et cette tendance s’est maintenue en 2012 (+ 80 %). Inversement, les importations d’arabica ont baissé d’un tiers en 2012, ce qui a eu pour conséquence une hausse des stocks de café arabica certifiés par la bourse (+ 72 %) et une baisse des stocks de café robusta (– 55 %).

À long terme, l’ICO prévoit que la demande pour le robusta croîtra de 6 % par an en 2014 et 2015, alors que celle pour l’arabica devrait augmenter de 1 %. Malgré cette tendance croissante vers le café robusta, quelques-uns des principaux distributeurs, tels que Starbucks ou la chaîne de restauration rapide Yum Brands de KFC, restent hostiles au robusta en raison de son image de café de qualité inférieure.

La seconde principale caractéristique du marché du café qui a été confirmée en 2012/13 est la hausse de la consommation dans les pays émergents (+ 21 % entre 2009 et 2012). Cette tendance est étroitement liée à la hausse de la consommation dans les pays producteurs de café, où dans certains cas la demande pour le café de qualité progresse également. Ainsi, les consommateurs brésiliens sont maintenant en concurrence directe avec les consommateurs moyens de café européens et américains ; en 2012, les exportations de café robusta brésilien ont diminué de 57 % en raison de la demande locale croissante. La consommation locale de café progresse aussi en Indonésie, ce qui a pour effet d’augmenter la pression sur la demande et donc de pousser les prix à la hausse.

Des efforts considérables sont faits pour promouvoir la consommation de café dans un certain nombre de pays ACP producteurs de café. Par exemple, le Conseil interprofessionnel du cacao et du café (CICC) camerounais, qui regroupe le secteur privé, a lancé, avec le soutien du gouvernement, un évènement annuel dont l’objectif est de moderniser la production de café et de stimuler la consommation locale.

En Afrique de l’Est, le Conseil kényan du café s’est employé à encourager la consommation locale de café à travers des campagnes de sensibilisation. Ainsi, ces trois dernières années, de nombreux cafés à destination d’une classe moyenne naissante ont ouvert dans les principaux centres urbains de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE). La consommation de café décolle encore davantage au Kenya, les taux de croissance avoisinant les 15-20 %. En Tanzanie, où la préférence des consommateurs est pour le thé, les taux de croissance sont équivalents à un dixième de ceux du Kenya. Dans les autres pays de la CAE, peu d’initiatives sont prises pour promouvoir la consommation locale de café. Cependant, la consommation de café devrait continuer à augmenter de manière constante au sein de la CAE.

Développements relatifs au commerce en 2012/13

Selon l’ICO, les exportations mondiales de café ont augmenté d’environ 10 % entre la saison allant de mai 2011 à avril 2012 et la saison allant de mai 2012 à avril 2013, de 103,4 à 113,8 millions de sacs (les estimations de l’USDA indiquent un total de 114,5 millions de sacs pour 2011/12, de 115,6 millions de sacs en 2012/13, et une baisse en 2013/14 à 114 millions de sacs). Cependant, les perspectives pour 2013/14 varient. Rabobank entrevoit une perspective favorable pour les prix de l’arabica, en raison d’un déficit potentiel sur les marchés mondiaux, les achats anticipés des torréfacteurs et les producteurs brésiliens soutenant le marché. Une stratégie similaire pourrait être poursuivie par les producteurs vietnamiens dans les mois à venir pour consolider les prix mondiaux du robusta. Par ailleurs, selon l’USDA, les prix mondiaux devraient reculer du fait du niveau record des stocks de café, les plus élevés depuis cinq ans.

Tendances des produits du café différenciés, commercialisés directement et transformés

Malgré la crise économique, la culture gastronomique pour le café s’est développée en 2012 et 2013, de manière similaire à ce qui s’est passé pour le vin. Des hôtels parisiens de renom, tels que l’hôtel Georges-V ou l’hôtel Vendôme, ont ainsi mis en place des « pauses-café » spéciales, avec du café grand cru offert, ceci démontrant l’existence de marchés de niche pour le café de première qualité.

Selon l’Euromonitor, une deuxième tendance a trait à la croissance des ventes des capsules de café – capsules ou dosettes à usage unique et facilement utilisables, qui ont été rendues populaires grâce à des marques telles que Nespresso, Senseo et Lavazza. Ce segment de marché valait 8 milliards $US en 2012 (5,1 milliards $US rien qu’en Europe de l’Ouest). On estime que les ventes de café en capsule ont augmenté de 20 % par an ces dernières années, et que ce segment devrait représenter le tiers du marché du café en 2016. Des articles du New York Times de juin 2013 indiquent que le prix de détail des capsules de café à usage unique était équivalent à 50 $US/lb, suggérant ainsi la valeur additionnelle générée le long de la chaîne d’approvisionnement, et la faible part qui revient actuellement aux producteurs et aux entreprises ACP du secteur.

Une autre tendance en 2013 a été le nombre croissant d’initiatives visant à relier directement les producteurs aux consommateurs. La plupart d’entre elles, mais pas toutes, sont liées aux systèmes de certification de l’agriculture biologique et « commerce équitable ». Les ventes de café certifié « UTZ » ont par exemple augmenté de 38 % en 2012 pour atteindre 188 096 tonnes, de nouveaux partenaires tels que la compagnie aérienne néerlandaise KLM faisant la promotion du produit.

Les importations des États-Unis de café certifié commerce équitable et Rainforest Alliance ont atteint un record de 74 000 tonnes en 2012, pour une valeur de 32 millions $US, avec 60 nouveaux importateurs et torréfacteurs impliqués dans le café commerce équitable et 50 nouveaux produits lancés. Selon Rainforest Alliance, cette croissance a été boostée, entre autres, par McDonald’s, dont les expressos sont maintenant certifiés à 100 % Rainforest Alliance. D’autres entreprises américaines, telles que Caribou Coffee, Second Cup, Green Mountain Coffee Roasters et Nespresso, ont également contribué à cette tendance.

Pour sa part, le fonds du Département britannique pour le développement international (DFID) à destination des distributeurs (Retail Industry Challenge Fund, FRICH) a financé des projets de certification de café commerce équitable et a facilité des liens directs de commercialisation avec des distributeurs britanniques majeurs tels que Sainsbury’s. Cette initiative a créé des opportunités d’exportation de café gastronomique pour une coopérative de producteurs de café de la République démocratique du Congo. Par ailleurs, depuis décembre 2012, Sainsbury’s vend du café du Malawi Mzuzu Fairtrade Ground.

Alors que le Royaume-Uni reste le marché le plus important pour les produits du commerce équitable au niveau mondial, la Chine représente un marché en pleine croissance. D’après une enquête de 2012, les consommateurs chinois sont prêts à payer une prime sur le prix de 22 % pour du café commerce équitable, et même davantage dans le cas des consommatrices. Les consommateurs qui préparent leur propre café devraient probablement accentuer la tendance en 2013.

Les développements du marché chinois soulignent aussi l’explosion de la demande pour le café instantané sur les marchés émergents. La croissance de la demande pour le café robusta a par conséquent rattrapé la croissance de la demande pour le café arabica, lequel dominait traditionnellement le marché du café gastronomique.

Les importations mondiales de café soluble sont passées de 9 millions de sacs en 2008/09 à 12,1 millions de sacs en 2011/12, diminuant quelque peu en 2012/13 pour atteindre 11,8 millions de sacs (USDA). Les importations chinoises sont passées de 115 000 sacs en 2008/09 à 400 000 sacs en 2011/12 et 700 000 sacs en 2012/13 – une multiplication par six en quatre ans. Les importations japonaises progressent aussi, de 630 000 sacs en 2008/09 à 800 000 sacs en 2012/13 (bien que l’évolution de la demande pose des problèmes considérables aux exportateurs jamaïcains de café Blue Mountain) ; de même, les importations thaïlandaises sont passées de 270 000 sacs à 650 000 sacs en 2012/13.

La Russie reste cependant le premier importateur de café soluble, avec 2,3 millions de sacs en 2012/13, alors que les Philippines, le deuxième principal importateur, importent des montants très variables, s’élevant toutefois à 1,5 million de sacs en 2012/13 (USDA).

De manière significative, étant donné la forte baisse du différentiel de prix entre le robusta et l’arabica, certains fabricants de café instantané ont commencé à utiliser du café arabica de basse qualité pour leurs mélanges de café instantané. Par exemple, les fèves ougandaise Drugar, un arabica de basse qualité non nettoyé, conservé dans des entrepôts américains, atteignait environ 1,15 $US/lb au début de l’année 2013, alors que le robusta standard ougandais était vendu à des importateurs américains au même moment pour environ 1,18 $US/lb. Certains torréfacteurs reviennent à l’arabica après avoir changé il y a quelques années pour du robusta bon marché. Jusqu’à présent, le changement est limité, étant donné qu’il est plus difficile pour les grands torréfacteurs que pour les fabricants de café instantané ou les petits torréfacteurs de modifier leurs mélanges.

2.2       Développements dans les pays ACP

Tendances générales

D’après les estimations de l’ICO, entre 2011/12 et 2012/13, les pays ACP ont vu leur production croître de 13,6 %. Une hausse a été enregistrée dans tous les pays ACP producteurs de café, excepté au Ghana, au Liberia, au Malawi, en Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG), en Sierra Leone et au Togo. La production des pays ACP devrait représenter environ 14,1 % de la production mondiale de café en 2012/13, contre 13,2 % en 2011/12, alors que la production mondiale a augmenté de 6,4 %.

Les exportations ACP ont augmenté fortement, de 19,3 %, alors que les exportations mondiales progressaient de 7 % ; ainsi, la contribution des pays ACP aux exportations mondiales de café est passée de 9 % à 10 % entre octobre 2012 et avril 2013. Plusieurs pays ACP ont vu leurs exportations augmenter considérablement en volume : le Burundi (+ 77 %), la République dominicaine (+ 54 %), l’Éthiopie (+ 51 %), la Tanzanie (+ 92 %) et l’Ouganda (+ 27 %). Cependant, les retombées financières ont été décevantes, étant donné les niveaux plus faibles des prix mondiaux. La chute des prix mondiaux en 2012 et 2013 a fortement affecté les 26 pays ACP producteurs de café. Les pays très dépendants des exportations de café l’ont été d’autant plus (par exemple, le Burundi dont les exportations de café représentent environ 59 % des exportations totales entre 2001 et 2010, l’Éthiopie, 33 % et le Rwanda, 27 %).

Au Kenya, par exemple, les prix à la tonne ont chuté de 513 590 KSh en 2011 à 429 327 KSh en juin 2012, alors qu’au Cameroun les prix au producteur au début de l’année 2013 s’élevaient à 850 FCFA/kg, contre 1 400 FCFA/kg trois années auparavant. Dans ce contexte, convaincre les producteurs de ne pas se détourner de la production de café au profit d’autres cultures constitue un défi majeur.

Développements en Afrique centrale et de l’Ouest

Les développements en Côte d’Ivoire (le deuxième plus grand producteur africain de robusta) ont été dominés en 2012 par l’engagement accru de l’État dans le secteur, 2012 étant la première année complète d’application du programme de réforme du secteur. Dans le cadre du système réformé, les ventes aux enchères sont maintenues pour déterminer le prix garanti au producteur, qui a été fixé à 620 FCFA/kg – un niveau plus élevé que la moyenne des 406 FCFA payés sur les huit dernières années. La production de café en Côte d’Ivoire augmente : l’ICO prévoit une production de 2 millions de sacs en 2012/13 (1,7 million de sacs selon l’USDA), contre moins d’un million de sacs il y a deux ans. Cependant, les exportations de fèves de café ont totalisé 32 564 tonnes entre octobre 2012 et avril 2013, en baisse de 8 % par rapport à la même période de la saison précédente.

En mars 2013, le gouvernement de la Côte d’Ivoire a approuvé un programme de quatre ans pour relancer le secteur, totalement financé par ses propres ressources. L’objectif du programme est d’atteindre un niveau de production de 200 000-300 000 tonnes d’ici cinq ans (en partant d’un niveau actuel de 120 000 tonnes). Le programme comprend une assistance aux producteurs en matière de formation et de gestion, un accès amélioré au crédit, le soutien à la mise en place d’associations coopératives afin de réduire le rôle des intermédiaires. L’accent est également mis sur le développement de cafés à forte valeur ajoutée, notamment le développement d’indications géographiques pour le café de qualité des régions de montagne de la Côte d’Ivoire (qui représente actuellement 40 % de la production). Une campagne est en cours pour promouvoir la consommation locale de café, un financement et une formation étant offerts aux jeunes désirant ouvrir des « kiosques à café ». La consommation locale de café en Côte d’Ivoire est actuellement estimée à 108 000 sacs, en baisse par rapport au niveau passé de 300 000 sacs (selon l’USDA, cette baisse est due à la plus forte proportion de la production qui est exportée, et qui laisse moins de quantité disponible pour la consommation locale).

Le Cameroun poursuit une politique ambitieuse dans le secteur du café, et vise une production de 160 000 tonnes d’arabica et de robusta en 2020, contre 51 000 tonnes prévues en 2012/13 (ICO). Le pays espère attirer des jeunes producteurs vers la production de café (l’âge moyen actuel des cultivateurs est de 55,8 ans), via le programme « nouvelle génération ». Cette démarche est accompagnée d’initiatives visant à stimuler la consommation locale grâce à la fête annuelle « Festicoffee ». Actuellement, la consommation locale du Cameroun est de 75 000 sacs par an.

En mai 2013, Nestlé a annoncé sa décision d’investir 20 milliards FCFA dans une usine de transformation du café au Cameroun. Il est prévu de commencer les travaux en août 2013, la production devant être vendue majoritairement sur les marchés nationaux et régionaux. Cet investissement représente une avancée majeure : en 2012, le café transformé localement s’élevait à 200 tonnes, c'est-à-dire moins de 1 % de la production nationale de café.

Des efforts sont en cours pour relancer la production de café en Angola, qui produit actuellement environ 15 000 tonnes (contre 235 000 tonnes en 1967). Un contrat a été signé avec Thai Hoa Vietnam Group en juillet 2012 pour réhabiliter 100 000 hectares de terres utilisées auparavant pour la culture du café sur une période de dix années, grâce à un financement du Brésil (250 millions $US). Un projet de 8,5 millions $US pour réhabiliter 13 coopératives et plus de 100 associations sur 4 000 hectares à Porto Amboim, dans la province de Kwanza Sul, a aussi été convenu.

Tableau I : Production ACP de café dans quelques pays africains (en milliers de sacs de 60 kg)

  Année culturale 2010/11 2011/12 2012/13
Monde   133 498 135 934 144 646
Afrique        
Angola Avril/mars 35 29 50
Burundi Avril/mars 353 204 483
Cameroun Oct./sept. 608 555 850
République centrafricaine Oct./sept. 95 86 100
RD Congo Oct./sept. 305 352 450
Côte d'Ivoire Oct./sept. 982 1 907 2 000
Éthiopie Oct./sept. 7 500 6 798 8 100
Gabon Oct./sept. 1 0 1
Ghana Oct./sept. 112 146 85
Guinée oct./sept. 386 351 415
Kenya Oct./sept. 658 680 767
Liberia Oct./sept. 10 11 10
Madagascar Avril/mars 530 604 575
Malawi Avril/mars 17 27 20
Ouganda Oct./sept. 3 203 2 817 3 000
Rwanda Avril/mars 323 247 400
Sierra Leone Oct./sept. 33 76 50
Tanzanie Juil./juin 846 534 918
Togo Oct./sept. 160 162 150
Zambie Juil./juin 13 10 10
Zimbabwe Avril/mars 10 9 10

Source : ICO/CommodAfrica.

Développements en Afrique orientale et australe

L’Éthiopie est le premier producteur africain de café et le cinquième producteur au monde. Cependant, la moitié de la production éthiopienne est consommée localement. En 2012/13, l’Éthiopie a vu les prix du café baisser fortement, en raison de différends avec le secteur privé lors de la saison précédente, dont il a résulté d’importants niveaux de stocks l’année suivante. Cette situation a entraîné une hausse des exportations à un moment où les prix de l’arabica diminuaient très rapidement. En conséquence, les niveaux élevés des exportations « n’ont pas permis de générer une hausse équivalente en devises (voir article Agritrade «  Le secteur éthiopien du café aux prises avec une chute des cours mondiaux », 22 juillet 2013). En effet, les volumes exportés ont augmenté de 31,7 %, alors que les recettes ont baissé de 1,3 %, pour atteindre 199,3 millions $US. Selon le Conseil éthiopien du café, les cultivateurs éthiopiens ne produisent pas suffisamment, et des projets sont en cours pour utiliser de nouvelles surfaces destinées à la production du café. Les faibles niveaux de productivité sur les surfaces existantes de production seraient liés aux systèmes traditionnels de production et de gestion des exploitations utilisés, ainsi qu’au soutien limité de la part du gouvernement en matière de vulgarisation agricole (en comparaison avec les pays voisins de la CAE).  

Durant la saison 2012/13, la production kényane a connu un léger déclin (2 %), pour atteindre 48 000 tonnes – très en dessous des niveaux de production record de 130 000 tonnes de la saison 1987/88. Selon l’Association kényane des négociants de café, entre octobre 2012 et mars 2013, les recettes de la bourse du café de Nairobi ont chuté de 33,7 % (pour atteindre 67,34 millions $US) par rapport à la même période de la saison précédente. Le prix moyen des ventes aux enchères est tombé de 286,89 $US à 180,73 $US pour 50 kg (– 37 %). Le site Internet Agrimoney.com soutient cependant que la demande en fèves kényanes de qualité pour des mélanges a permis à ces dernières d’atteindre des prix allant jusqu’à 290 cents de $US/lb, bien plus que les prix de l’arabica à terme de New York (1,39 $US/lb à la mi-juin 2013). Ainsi, il semble qu’il existe des marges considérables pour améliorer la commercialisation des fèves de café kényanes.

Selon l’USDA, il semble qu’il existerait également des opportunités similaires pour le développement des exportations tanzaniennes de cafés spéciaux, « si la production et la transformation étaient améliorées ». C’est pour cette raison que la Stratégie de la Tanzanie pour le secteur du café 2011-2021 met fortement l’accent sur l’amélioration de l’efficacité de la chaîne du café, le renforcement de la commercialisation du café de première qualité et la diversification des marchés d’exportation (voir article Agritrade «  Bonnes performances dans le secteur du café de la CAE malgré une contrac... », 29 juillet 2013).

Parallèlement, la production ougandaise de café robusta continue de croître alors que la production d’arabica reste déprimée, ce qui permet au pays d’être moins affecté par les baisses de prix, plus faibles pour le robusta que pour l’arabica. Cependant, les recettes ont augmenté de seulement 1,2 % malgré une hausse de 29 % du volume des ventes. La diffusion de la trachéomycose (coffee wilt disease) reste une source d’inquiétude majeure en Ouganda, alors que la présence du scarabée Xylosandrus compactus (black twig borer beetle) est de plus en plus préoccupante dans les zones de culture du café robusta.

Au Burundi, alors que la production a presque doublé et que les ventes ont augmenté de 75 %, du fait des baisses de prix, les recettes ont progressé de seulement 8,3 %. La production va par conséquent probablement reculer fortement, si les producteurs se tournent vers d’autres cultures. Au Rwanda, les fluctuations des prix mondiaux ont poussé les exportateurs à stocker leur café, créant ainsi des stocks importants. La Banque de développement du Rwanda s’inquiète de possibles défauts de remboursement sur les prêts contractés par les cultivateurs de café, et exige maintenant d’eux de mettre en place des stratégies pour gérer la volatilité des prix mondiaux de marché.  

En matière de ventes directes en Afrique de l’Est, le lancement réussi de la société Oromo Coffee Company au Royaume-Uni (qui commercialise du café d’Éthiopie) a permis d’ouvrir de nouvelles routes vers les marchés, des cafés certifiés de l’agriculture biologique et du commerce équitable étant maintenant disponibles dans les magasins, restaurants et hôtels. La privatisation prévue de six entreprises publiques, dont les 600 hectares de la plantation de café Arbagugu dans la région d’Oromia où la variété de café Harar est cultivée, devrait donner un nouvel élan aux initiatives du secteur privé dans le secteur éthiopien du café.

En ce qui concerne l’établissement de liens avec les consommateurs asiatiques, l’entreprise conjointe ougandaise Beijing Chenao Coffee Company a exposé et mis en place un stand à la Food Expo and Coffee Boutique de Guangzhou, où du café ougandais était présenté.

À travers la région d’Afrique de l’Est, les producteurs de café cherchent à diversifier leurs marchés et à augmenter la valeur de leur production afin de faire face à la volatilité des prix mondiaux. Le Conseil kényan du café a annoncé en juillet 2012 qu’il recherchait des partenaires pour accroître « les capacités locales de transformation et d’emballage afin d’augmenter les exportations de café transformé vers les marchés étrangers émergents ». Cette stratégie est considérée comme un moyen de protéger les producteurs kényans de la volatilité des prix qu’ils subissent sur les marchés mondiaux. Dans ce processus de développement de la chaîne de valeur du café, d’importantes possibilités ont été entrevues avec les investissements chinois (voir article Agritrade «  Vers de nouveaux partenariats pour développer la chaîne de valeur du café », 9 septembre 2012). En octobre 2012, le Conseil tanzanien du café a annoncé ses plans de promotion de la consommation de café local et de ciblage de « marchés stratégiques » (voir article Agritrade «  Le Conseil du café de la Tanzanie cherche à diversifier ses marchés », 2 décembre 2012). Le Rwanda, pour sa part, chercherait à développer ses ventes de cafés spéciaux vers le Japon, des plans étant en cours pour expédier du café directement vers le marché japonais.

Alors que les efforts visant à identifier des partenaires potentiels pour des entreprises conjointes en Asie pourraient permettre de redéfinir la place de l’Afrique de l’Est dans l’économie mondiale du café, les efforts faits actuellement pour diversifier les marchés n’ont pas encore permis de réduire la dépendance de la région vis-à-vis des marchés européens. Dans le cas de la Tanzanie, en 2012/13, la part du marché européen dans les exportations a augmenté pour atteindre 50,69 % des exportations totales, contre 32,63 % en 2011/12, et 70 % du café kényan et entre 75 % et 79 % du café ougandais continuent à être vendus sur le marché européen.

Au Kenya ainsi qu’en Tanzanie, l’accent est mis sur le développement de la consommation locale de café, considéré comme un moyen de faciliter les opportunités pour augmenter la transformation locale du café. L’émergence des torréfacteurs, mélangeurs et transformateurs kényans pourrait offrir un nouveau débouché pour le café de Tanzanie ou de la région, ainsi que de nouvelles possibilités pour le développement de stratégies de commercialisation conjointes pour des cafés d’une même origine ou de première qualité.

Développements dans les Caraïbes

Les deux principaux producteurs des Caraïbes sont la République dominicaine et Haïti. La production de café de la République dominicaine a progressé fortement en 2011/12, avant de reculer en 2012/13, alors que la production d’Haïti est restée relativement stable. La majeure partie du café haïtien est exportée via la République dominicaine. Cependant, des projets du secteur privé se mettent en place pour vendre du café issu de l’agriculture biologique d’Haïti vers les États-Unis, parallèlement à plusieurs projets visant à développer la production de café de qualité. En 2012, en particulier, l’Agence française de développement et la Banque interaméricaine de développement ont lancé un projet de 2 millions d’euros sur les chaînes de valeur pour renforcer les coopératives, impliquant environ 10 000 producteurs.

Tableau II : Production de café des Caraïbes (année de culture juillet/juin – en milliers de sacs de 60 kg)

  2010/11 2011/12 2012/13
République dominicaine 378 682 550
Haïti 350 349 325

Source : ICO/CommodAfrica.

En 2012/13, le secteur jamaïcain aurait subi un déclin continu de sa production – avec un niveau de 6 600 tonnes, contre 15 177 tonnes en 2006 –, ce qui a entraîné une baisse des recettes d’exportation. La marque de café de première qualité Blue Mountain rencontre également des difficultés, avec une chute de la demande et des prix bien en dessous des niveaux d’avant la récession. Cette situation a largement à voir avec la faiblesse de la demande japonaise et la transformation complète des accords de commercialisation qui prévalaient (voir article Agritrade «  Le secteur du café jamaïcain n’atteint pas les résultats escomptés », 28 octobre 2012).

Bien qu’il y ait des exemples réussis de commercialisation du café Blue Mountain aux États-Unis et au Royaume-Uni, les volumes concernés restent relativement faibles. Des efforts réalisés pour développer des marchés en Chine ont été bloqués par de sérieuses difficultés. En décembre 2012, le gouvernement jamaïcain a annoncé qu’il cherchait de nouveaux partenaires pour la commercialisation en Chine, à la suite de violations de la marque déposée, auxquelles le Conseil du café a été dans l’incapacité de répondre avec les partenaires existants (voir article Agritrade «  La Jamaïque en quête de nouveaux partenaires pour la commercialisation d... », 2 février 2013).

Développements dans le Pacifique

En Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG), où la production de café gastronomique primé se développe, partout la production a explosé en 2011/12 à un niveau record de 1,4 million de sacs de café arabica, suite à des conditions climatiques très favorables et des prix mondiaux élevés. Cependant, la production devrait à nouveau baisser à 1,2 million de sacs en 2012/13. Les exportations sont tombées de 767 712 sacs en octobre 2011/avril 2012 à 329 659 sacs en octobre 2012/avril 2013. Cette chute peut être en partie attribuée au cycle de production biannuel ainsi qu’aux craintes de violences liées aux élections perturbant les activités liées au café. Alors que des projets de réhabilitation de zones caféières, de pépinières, de systèmes de transport du café et de mobilisation des planteurs sont en cours, on craint que les opportunités d’emplois dans les autres secteurs de l’économie n’éloignent la main-d’œuvre du secteur, et n’entraînent un déclin de la production.

Tableau III : Production de café dans le Pacifique (année culturale, en milliers de sacs de 60 kg)

  2010/11 2011/12 2012/13
Papouasie-Nouvelle-Guinée 870 1 414 1 200

Source : ICO/CommodAfrica.

La PNG rencontre des problèmes liés à la certification contrôlée par un tiers, avec laquelle « les coûts de mise en conformité mènent souvent à l’exclusion des petits planteurs ». Cette situation est aggravée par les contraintes liées aux infrastructures routières et par la faiblesse des chaînes d’approvisionnement. En conséquence, 50 % à 85 % du café qui pourrait être certifié par un tiers est « vendu à des acheteurs “prédateurs” à un prix bien plus faible ». Dans l’ensemble, on considère que si « dans la plupart des cas les bénéfices de la certification par un tiers compensent les coûts pour les agriculteurs (…) seulement quelques milliers de producteurs approvisionnent le marché ». On estime qu’il devrait être fait davantage pour renforcer les organisations de producteurs et améliorer les infrastructures, ce qui pourrait permettre de réduire le coût de la certification par un tiers (voir article Agritrade «  Les obstacles à la différenciation des produits dans le Pacifique », 13 juin 2013). Il semble que le projet de 46,3 millions $US « Productive Partnership on Agriculture » financé par la Banque mondiale puisse fournir ce type de soutien.

En 2012, un accord a été obtenu avec les organisations du commerce équitable en Australie et en Nouvelle-Zélande pour développer la culture durable du café en PNG. Jusqu’à maintenant, seule la coopérative de café Neknasi (province de Morobe) a reçu la certification commerce équitable et huit autres sont en passe de l’obtenir. Entre-temps, des entreprises caféières du pays ont été invitées au dixième salon agricole chinois.

Ailleurs dans le Pacifique, des initiatives ont été lancées en juin 2012 pour stimuler le secteur à Samoa, notamment un programme de distribution de graines de variétés améliorées d’arabica et des initiatives d’ONG pour soutenir les ventes directes à la chaîne néo-zélandaise Coffee House.

3.         Implications pour les pays ACP

3.1       Possibilités pour des actions communes afin de développer de nouveaux marchés dans les économies émergentes

En Afrique de l’Est, la dépendance continue à l’égard d’un nombre limité de marchés à l’exportation reste une préoccupation, malgré la forte croissance de la consommation dans les économies émergentes et les engagements politiques vers la diversification. Étant donné le succès limité à ce jour des efforts de diversification des marchés au niveau national, une stratégie concertée à l’échelle régionale pour repositionner le secteur dans la CAE pourrait être plus efficace en termes de bénéfices. Une telle approche pourrait potentiellement :

  • mobiliser davantage de ressources ;
  • contribuer à réaliser des économies d’échelle dans l’élaboration de nouvelles stratégies de commercialisation (en particulier pour les produits différenciés par la qualité et à plus forte valeur ajoutée) ;
  • permettre la mise en place d’instruments de soutien plus rentables.

Cette stratégie aiderait à réunir les investissements nécessaires pour améliorer la compétitivité et développer la transformation à plus forte valeur ajoutée afin de profiter des tendances de marché mondiales.

En effet, lorsqu’il s’agit de s’attaquer à de nouveaux marchés tels que la Chine (la taille de celui-ci fait que la concurrence entre les pays ACP n’est pas problématique ici), on pourrait envisager des programmes ACP conjoints, étant donné la similitude des défis rencontrés et les expériences réalisées à ce jour par les différents pays ACP. Ceci est particulièrement vrai lorsqu’il s’agit de développer des stratégies d’investissement et de commerce et des relations commerciales pour vendre du café en Chine. Le principal défi est d’intégrer ces marchés de manière à transformer structurellement l’intégration des différents secteurs ACP aux chaînes d’approvisionnement mondiales.

3.2 Développer les chaînes de valeur sur les marchés traditionnels

La tendance croissante sur les marchés européens et américains de la consommation de capsules de café à usage unique ouvre potentiellement de nouvelles opportunités pour augmenter la valeur ajoutée. Au Kenya, des entreprises sont déjà impliquées dans la torréfaction et l’emballage sous vide de café pour des ventes directes au détail. Dans le secteur horticole, le succès des légumes emballés de manière à être prêts à être vendus et ciblant des segments de marché naissants suggère qu’il y aurait des marges d’expansion importantes sur le marché des capsules de café à usage unique en pleine croissance. En se basant sur les prix de détail des capsules de café à usage unique aux États-Unis et sur le poids de café contenu dans chaque capsule, le New York Times a estimé que le prix équivalent de détail du café contenu dans les capsules était d’environ 50 $US/lb.

3.3       S’adapter aux tendances changeantes des marchés

De nouvelles opportunités de commercialisation du café apparaissent : de la culture naissante du café « gastronomique », à travers les cafés certifiés de l’agriculture biologique ou du commerce équitable, à la consommation de capsules de café à usage unique en pleine croissance sur les marchés traditionnels, en passant par le marché grandissant des cafés solubles instantanés dans les économies émergentes. Alors que de nombreuses initiatives ont été lancées au niveau national afin de profiter de ces tendances, il semble qu’une analyse de base de ces tendances de marché gagnerait à être entreprise collectivement. Une telle analyse pourrait être menée au niveau régional (par exemple à travers l’Association des cafés africains de première qualité – African Fine Coffees Association) ou collectivement au niveau ACP, étant donné les intérêts communs des pays ACP. Une étude de marché plus poussée pourrait ensuite être menée par les associations du secteur afin de définir les stratégies de commercialisation nécessaires dans des contextes nationaux et régionaux spécifiques, afin de tirer profit efficacement de ces tendances de marché.

3.4       Promouvoir les investissements dans la transformation à plus forte valeur ajoutée pour les marchés locaux

Face à la hausse des revenus des populations urbaines et aux changements dans les modèles de consommation alors que la croissance économique décolle à travers la région, la décision de Nestlé d’investir dans le secteur camerounais du café peut être considérée comme un signe de la croissance de la demande locale et régionale pour des produits à plus forte valeur ajoutée en Afrique centrale et de l’Ouest. On peut se demander cependant quel rôle devraient jouer les grandes multinationales dans le développement de segments de marché spécifiques, par rapport aux entreprises locales. Des stratégies gouvernementales claires seront nécessaires afin de garantir que les entreprises locales puissent aussi tirer profit de ces segments de marché émergents. 

Commenter

Termes et conditions