CTA
Petite police
Polic moyenne
Grande police
English |
Passer à l'anglais
Français
Passer au français
Filtrer par Questions agricoles
Produits de base
Régions
Type de publication
Filtrer par date

En Tanzanie, relier les zones excédentaires aux marchés constitue un défi

02 novembre 2014

à la mi-août 2014, le gouvernement tanzanien a « demandé aux commerçants et agences commerciales d’acheter et exporter le maïs en excédent suite aux excellentes récoltes » dans certaines régions. Les responsables paysans dans la région de Ruvuma avaient exprimé leurs craintes que les 300 000 tonnes de maïs récoltées dans cette région ne s’abîment faute de trouver des marchés.

Des analystes ont souligné que les agriculteurs manquaient de « connaissances sur les procédures nécessaires aux exportations » tandis que la capacité du gouvernement à acheter le maïs est limitée. Cette saison, l’Agence nationale de la réserve alimentaire de Tanzanie (Tanzania’s National Food Reserve Agency, NFRA) ne prévoit d’acheter « que 40 000 tonnes dans les régions de Ruvuma, Iringa, Njombe, Rikwa et Mbeya ». Néanmoins, le gouvernement travaille avec des agriculteurs pour les aider à trouver des marchés en dehors du pays et comprendre les exigences du marché.

Des représentants du gouvernement ont indiqué que « la porte était ouverte pour que les commerçants locaux achètent et vendent du maïs aux pays voisins (…) tous les documents sont disponibles dans nos bureaux, les acheteurs intéressés peuvent nous rendre visite pour s’informer sur les procédures ». Ces fonctionnaires ont identifié des marchés pour le maïs tanzanien au Kenya, au Soudan et en RDC. Toutefois, au cours des semaines précédentes, le commissaire pour le district de Songea avait mis en garde les petits producteurs contre la vente de maïs à des négociants locaux, dans la mesure où ces derniers offraient des prix bas et réalisaient des marges très élevées en vendant aux consommateurs. Il avait conseillé aux agriculteurs « de vendre directement tous les excédents agricoles à l’Agence nationale de la réserve alimentaire ».

Les agriculteurs de Ruvuma travailleraient actuellement avec la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture (TCCIA) pour vendre des milliers de tonnes de maïs à la RDC.

Ces développements doivent être considérés dans un contexte d’alertes indiquant que « quelque 20 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë en Afrique de l’Est et centrale (contre 15,8 millions en juillet 2013). Le Groupe sur la sécurité alimentaire et la nutrition en Afrique de l’Est et centrale, un forum multi-acteurs, a émis des alertes sur une possible détérioration de la situation « en l’absence d’une action rapide ».

Le directeur exécutif du Corridor Sud de la croissance agricole de Tanzanie (SAGCOT) a souligné les efforts déployés pour relancer la production à travers la fourniture de semences et engrais de qualité, mais noté qu’un plan pour « s’assurer qu’il existe des marchés fiables pour les produits [des agriculteurs] » était nécessaire.

Dans le même temps, un article publié dans Business Monitor International suggère que la Tanzanie est confrontée à des problèmes structurels dans ses efforts pour devenir un fournisseur régional de maïs compétitif, malgré d’immenses opportunités potentiellement disponibles. Des représentants de l’Association des exportateurs de Tanzanie ont laissé entendre que les dispositions administratives du gouvernement n’allaient pas dans le sens d’un soutien aux exportations, avec des difficultés, par exemple, à obtenir des permis d’exportation.

L’article demandait une révision de la politique d’exportation du gouvernement, afin de stimuler le commerce régional, en tenant compte des faibles capacités des producteurs, particulièrement en termes d’alphabétisation. Il soulignait également l’intérêt pour la TCCIA d’organiser les producteurs, les commerçants et les transporteurs en « clubs d’affaires à cibler pour des formations sur la mise à profit des immenses opportunités existant au sein du [Marché de la Communauté de l’Afrique de l’Est].

Commentaire éditorial

La mise en place de systèmes d’information décentralisés pour aider les commerçants à accéder aux informations sur les exigences du commerce transfrontalier semblerait essentielle pour réduire les coûts des transactions pour les petits opérateurs. Pour le moment, la centralisation de ces fonctions fait du développement du commerce intra-régional un processus coûteux et chronophage, et une révision profonde de la politique gouvernementale comme des procédures opérationnelles semblerait nécessaire.

Une collaboration entre les ministères et la TCCI semblerait également très utile dans la fourniture d’informations aux producteurs sur les exigences pour le commerce dans les zones où la production est excédentaire – dans tous les domaines, depuis la facilitation de l’accès aux permis d’exportation et aux certificats SPS jusqu’à l’identification des marchés et la négociation des contrats.

Pendant ce temps, la Banque mondiale travaille à établir des modalités opérationnelles pour réduire les coûts du commerce transfrontalier à petite échelle en Afrique de l’Est et australe. Actuellement, les petits commerçants sont confrontés à des coûts beaucoup plus élevés que les gros opérateurs dans les transactions transfrontalières, cet état de fait étant très dissuasif pour une augmentation du commerce de céréales intra-régional (voir article Agritrade « De l’opportunité d’attirer le commerce informel des céréales vers le secteur formel », à paraître en 2014).

Bien que des efforts soient en cours en Tanzanie pour faciliter l’exportation de céréales, un engagement des acteurs régionaux semblerait essentiel. Cela inclut des organismes comme l’Eastern Africa Grain Council et l’East African Business Council. Les acteurs régionaux doivent traiter de questions aussi diverses que :

  • établir des normes de qualité pour le commerce régional des céréales (en particulier en ce qui concerne les niveaux d’aflatoxines) ;
  • simplifier et décentraliser l’administration des exportations ;
  • mettre en œuvre des codes de conduite pour le traitement des commerçants transfrontaliers par les fonctionnaires.

Une bonne part du commerce intra-régional étant informelle, il semblerait également nécessaire de relancer et mettre à profit l’initiative d’Association du commerce transfrontalier du COMESA (CBTA) et les institutions similaires dans la région.

Commenter

Termes et conditions