CTA
Petite police
Polic moyenne
Grande police
English |
Passer à l'anglais
Français
Passer au français
Filtrer par Questions agricoles
Produits de base
Régions
Type de publication
Filtrer par date

Intégration de marché en Afrique centrale et orientale pour le maïs, le riz et le sorgho

24 novembre 2014

La Banque mondiale a publié un document de recherche sur les politiques qui évalue les « obstacles à l'intégration de marché en Afrique centrale et orientale » pour le maïs, le riz et le sorgho. Le document analyse les données relatives aux prix à la consommation pour 150 villes dans 13 pays. La longueur et l’étendue des routes asphaltées (en tant qu’indicateur de la qualité des routes) semblent avoir un effet substantiel sur l'intégration de marché, la distance étant de loin le facteur le plus important.

En outre, le document révèle « des effets frontaliers importants pour la majorité des pays contigus » et affirme que les « marchés sont plus intégrés au sein des pays qu'entre les pays ». Parmi les causes de ces effets frontaliers importants, il y a l'impact de toute une série d'instruments de politique commerciale, notamment :

  • les interdictions d'exportation et d'importation ;
  • les droits de douane, les licences et les permis ;
  • l'application restrictive des mesures sanitaires et phytosanitaires (SPS) et d'autres mesures non tarifaires ;
  • le manque d'efficacité des services douaniers.

Le rapport note que de nombreux pays d'Afrique orientale et centrale ont « des programmes et des règlements politiques visant à limiter les exportations de (…) biens de première nécessité ».

Il observe que, bien que ces mesures politiques aient pour objectif « de répondre à des problèmes d'insécurité alimentaire, ces politiques réduisent l'intégration de marché entre les pays » et peuvent contribuer à augmenter les prix des denrées alimentaires, amoindrissant ainsi le caractère abordable des denrées alimentaires. Cet effet, cependant, est atténué par l'ampleur du commerce informel. Le document cite :

  • les conclusions d'une étude de l’USAID publiée en 2013 affirmant que les « statistiques officielles en Afrique de l'Ouest pourraient sous-estimer les flux commerciaux de denrées alimentaires de pas moins de 60 % » ;
  • un rapport de l'OCDE notant qu’« en 2006 les exportations informelles de produits agricoles de l'Ouganda vers les cinq pays voisins représentaient 75 % des flux officiels d'exportations agricoles » ;
  • une recherche réalisée en 2005 affirmant que les exportations transfrontalières non officielles de denrées de base dans la Corne de l'Afrique « dépassent (…) le commerce officiel, avec un volume 30 fois supérieur au volume officiel, parfois plus (…), constituant plus de 95 % du commerce total de ces denrées ».

Les accords commerciaux régionaux sont apparus comme contribuant « à estomper considérablement les frontières ». La profondeur du processus d'intégration commerciale était également un facteur déterminant – les pays de la CAE ayant le niveau d'intégration le plus élevé ont enregistré « des effets frontaliers très faibles (parfois insignifiants) ».

L'analyse a confirmé « la corrélation négative entre les barrières à l'intégration de marché et la sécurité alimentaire ». Elle révèle que « les pays ayant des marchés nationaux moins intégrés et des frontières plus marquées (…) sont davantage touchés par l'insuffisance alimentaire ». Les pays « ayant des marchés plus intégrés, aussi bien au niveau national qu'international, ont moins de problèmes d'insécurité alimentaire », l'absence d'intégration de marché semblant freiner « l'approvisionnement de volumes suffisants d'aliments ». Le rapport reconnaît que d'autres facteurs, tels que les conflits, peuvent entrer en jeu.

Le document note également que « les pays ayant de moins bonnes performances logistiques ont également des frontières plus marquées ». Dans ce contexte, le démantèlement des cartels de transport pourrait améliorer l'intégration de marché et la disponibilité alimentaire.

L‘étude a en outre montré que la gestion des barrières à la frontière peut être aussi importante que les dépenses d'infrastructure destinées à améliorer la disponibilité alimentaire. Cela est particulièrement vrai pour les États fragiles, pour lesquels les bénéfices pourraient être considérables.

Globalement, l'analyse confirme l'idée que « l'abolition des barrières liées à la distance, la réduction des coûts de transport et la mise en place d'accords commerciaux régionaux sont des instruments appropriés pour améliorer l'intégration de marché et la sécurité alimentaire ».

Commentaire éditorial

Bien que les améliorations de l'infrastructure routière semblent engendrer des bénéfices économiques plus importants que le retrait des barrières frontalières au commerce, ces améliorations impliquent généralement des investissements financiers très importants et exigent une maintenance permanente. En revanche, l'élimination des barrières au commerce transfrontalier requiert relativement peu d'investissements et peut apporter des bénéfices assez rapidement, en particulier si ces améliorations sont durables et que des réseaux réguliers d'approvisionnement transfrontaliers sont mis en place.  

Le fait d'avoir déjà un commerce en place, pouvant être encore développé, modifie le contexte pour des investissements à grande échelle dans l'infrastructure routière, puisque le volume important d'échanges commerciaux justifie alors un investissement continu dans la maintenance routière. Cet aspect consistant à générer la production et le commerce pour soutenir les améliorations de l'infrastructure routière (et ferroviaire) est un élément central des diverses initiatives de « corridor de transport » lancées en Afrique orientale et australe.

Il convient de noter que les observations du document sur l'ampleur du commerce informel dans certaines régions suggèrent que les contraintes de l'infrastructure routière ne sont pas une barrière absolue au commerce, mais que simplement elles accroissent les coûts de transaction et donc le prix payé par le consommateur final. Il ne s'agit là que d'un des nombreux facteurs qui augmentent les prix à la consommation, et tous doivent être abordés si l'on veut améliorer la sécurité alimentaire. La grande question qui se pose est l’échelonnement des mesures et le renforcement des capacités institutionnelles pour soutenir les améliorations apportées, lorsque l'attention politique se détournera vers d'autres domaines. 

Commenter

Termes et conditions