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Le débat sur les OGM et le commerce intra-régional en Afrique australe et orientale

20 juillet 2014

En mai 2014, il a été annoncé que la politique est-africaine en matière de biosécurité de la CAE serait prête à être adoptée en juin. Le processus d’approbation devrait s’achever dans le courant de 2014, jetant les fondements pour la transposition de la politique convenue dans le droit national des États membres de la CAE. Cette politique devrait réduire les coûts et la duplication des tests et des procédures d’approbation des substances génétiquement modifiées dans les pays partenaires de la CAE. Elle réduira également l’impact potentiel des organismes génétiquement modifiés (OGM) sur le commerce inter- et intra-régional et améliorera le partage d’informations et la coordination sur les approbations réglementaires de la circulation transfrontalière des OGM.

Ces développements sont le signe d’une relance du débat sur l’utilisation des OGM à travers la région d’Afrique orientale et australe. D’après des informations de presse, des chercheurs, des universitaires et des acteurs de l’industrie ont appelé le gouvernement kényan à lever l’interdiction sur les OGM. Un site web sur l’industrie des boissons note que le « Kenya a interdit l’importation de produits GM depuis 2012 en raison d’un “manque d’informations concernant l’impact des aliments GM sur la santé publique” ». Un groupe de travail a été mis en place par le gouvernement kényan pour examiner et évaluer « les informations scientifiques sur la sécurité des aliments GM pour la santé humaine » et donner des conseils sur les mesures commerciales futures liées aux produits GM. Certaines soumissions au groupe de travail ont exprimé des inquiétudes quant au fait que le Kenya manque « de la main-d’œuvre et de l’infrastructure adéquates pour gérer les produits GM » et que par conséquent l’interdiction « ne devrait pas être levée ». Le gouvernement kényan attend maintenant le résultat des délibérations du groupe de travail avant de déterminer la politique à suivre.

Par ailleurs, Monsanto, un grand producteur de semences GM, a annoncé son intention d’introduire des variétés de maïs génétiquement modifiées résistantes à la sécheresse au Kenya d’ici deux ans. L’International Service for the Acquisition of Agri-Biotech Applications (ISAAA ou Service international pour l'acquisition des applications agro-biotechnologiques), une organisation sans but lucratif soutenue par une série d’organes gouvernementaux, industriels et autres, a publié un rapport en Tanzanie notant qu’en plus des pays autorisant déjà l’utilisation de semences GM six pays supplémentaires d’Afrique subsaharienne (notamment le Kenya, le Malawi et l’Ouganda) « effectuent des essais de terrain sur des cultures génétiquement modifiées » avant les approbations formelles.

Le gouvernement tanzanien s’est engagé en 2012 à examiner la réglementation sur les OGM, engagement resté sans suite jusqu’à présent, et le Mouvement tanzanien pour l’agriculture biologique continue d’affirmer que l’utilisation des OGM en Tanzanie pourrait compliquer les relations commerciales avec l’UE.

Au-delà de la CAE, le gouvernement du Zimbabwe s’est engagé à maintenir le secteur agricole libre d’OGM dans le cadre des efforts visant à cibler « les marchés où la demande d’aliments naturellement produits est élevée ». Toutefois, un universitaire a souligné que les Zimbabwéens ont de facto consommé des produits alimentaires contenant des OGM pendant des années, puisque « pratiquement tous les produits alimentaires d’Afrique du Sud contenant du maïs, du soja ou de l’huile de coton contiennent des OGM ». Il a également fait observer que l’interdiction de l’utilisation des semences OGM place les producteurs en position de désavantage concurrentiel, puisque les entreprises sud-africaines peuvent produire des céréales à des prix inférieurs, étant donné les meilleurs rendements découlant de l’utilisation de semences GM. 

Commentaire éditorial

Les positions politiques sur l’utilisation des semences GM et le commerce de produits alimentaires OGM ont des implications importantes pour le commerce intra-régional. Pour l’heure, les restrictions kényanes sur les importations de maïs GM permettent en fait aux producteurs de maïs non GM en Zambie et au Malawi de ne pas être confrontés à la concurrence des exportateurs de maïs sud-africains. Les complications découlant du commerce de maïs GM sur le marché kényan, ainsi que l’absence de l’Afrique du Sud du COMESA, font que le commerce d’exportation de maïs d’Afrique du Sud est fortement axé sur l’intercontinental (voir article Agritrade «  Le profil d’exportation de l’Afrique du Sud complique la situation relat... », 2 décembre 2012). La position du gouvernement zimbabwéen sur les cultures GM génère des avantages similaires pour les exportateurs zambiens et malawites de blé et de maïs.

Toutefois, comme le souligne l‘universitaire zimbabwéen, des denrées alimentaires contenant des produits GM se retrouvent sur les rayons des supermarchés au Zimbabwe. Il affirme que l’accès aux matières premières GM offre des avantages concurrentiels supplémentaires aux fabricants sud-africains.

Dans ce contexte, si la nouvelle politique est-africaine en matière de biosécurité entend minimiser les conséquences commerciales de l’utilisation des OGM, les questions allant au-delà des aspects techniques de la biosécurité devront être explorées et abordées. Ceci est d’autant plus important vu les positions politiques divergentes, et les pratiques commerciales et de production agricole qui y sont associées, des gouvernements d’Afrique orientale et australe.

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