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Evolution de la structure des exportations agroalimentaires africaines et défis de l'intégration dans les chaînes de valeurs mondiales

07 décembre 2014

Le rapport Perspectives économiques en Afrique (PEA) 2014 est paru, couvrant à la fois l'Afrique du Nord et l'Afrique subsaharienne. Publié par la Banque africaine de développement (BAD), l'OCDE et le PNUD, il affirme que « le potentiel de développement des échanges intra-africains de biens agricoles est important ».

Le rapport note qu'en 2012 les exportations agricoles africaines ont été estimées à 57 milliards $US, représentant 9,1 % des exportations de marchandises africaines. Entre 2005 et 2011, le commerce agricole africain s'est développé de 14 % par an en termes de valeur. En 2012, « les échanges intra-africains ont représenté 23,5 % du total (13 milliards $US), contre 4 % en 2005 ». L'Asie a reçu 21,7% des exportations agricoles de l'Afrique (soit 12 milliards $US), contre 16,7 % en 2005. Toutefois, près de la moitié des exportations agricoles africaines (26 milliards $US) étaient destinées aux marchés européens, où elles représentaient 3,9 % des importations agricoles de l'Europe (contre 2,7 % en 2005). Le rapport PEA affirme qu'un « bond stratégique des échanges Sud-Sud et intra-africains » est maintenant en cours.

Pour consolider la croissance des échanges intra-régionaux de produits agroalimentaires, le rapport PEA considère que les groupes régionaux doivent « renforcer leurs capacités pour soutenir les négociations et la mise en œuvre des accords qui les concernent ». Il affirme que « le démantèlement des barrières non tarifaires et la simplification des procédures douanières – facilités par l’amélioration des infrastructures de transport régionales – contribueront à optimiser l’efficacité des échanges ». Il indique cependant qu’il existe également « des lacunes législatives et institutionnelles dans certaines communautés régionales » concernant, par exemple, les politiques de la concurrence, et en particulier les mécanismes pour le règlement des différends (voir article Agritrade «  Soumission sur la nécessité d'activer les dispositions de règlement des... », 8 décembre 2014).

Plus généralement, le rapport affirme que « les multinationales investissent davantage dans l’agriculture africaine » mais que « le boom des investissements dans les produits de base n’a pas encore entraîné la création des industries et des services dont le continent a besoin ». Les multinationales néanmoins « renforcent la production agricole de l’Afrique et sa participation aux chaînes de valeur mondiales à travers l’approvisionnement local, qui leur donne un avantage concurrentiel sur les marchés internationaux ».

Malgré l'investissement des multinationales dans les chaînes de valeur africaines basées sur l'agriculture, « la contribution du continent aux chaînes de valeur mondiales ne ressort qu'à 1,5 % ». Ceci est imputé à « l’absence de planification fiable des activités dans les chaînes de valeur », sans aucun « lien direct avec des politiques novatrices et l’évolution de la réglementation pour permettre au continent de progresser au sein des chaînes de valeur ».

Le rapport suggère que « les avantages comparatifs nationaux et régionaux des pays africains se situent dans les faibles coûts de main-d’œuvre et les activités peu intenses en technologie » dans le « cacao, le riz, le manioc, l’ananas, l’arachide ou le coton », autant de produits qui ont le potentiel pour stimuler le développement des chaînes de valeur sur le continent. Toutefois, pour exploiter cet avantage comparatif, il conviendra d'aborder le problème de « la dépendance extrême à l’égard des investisseurs extérieurs, des technologies et capacités étrangères ». 

Commentaire éditorial

L'absence au niveau régional de mécanismes efficaces de résolution des différends et de procédures formelles de règlement des différends est considérée comme un facteur important freinant le développement de chaînes de valeur agricoles intra-régionales. Parmi ces « différends », figurent :

  • les préoccupations concernant les restrictions imposées par le Nigeria aux importations de riz à travers ses frontières terrestres ;
  • l'application non transparente de procédures d'importation pour les importations de sucre (par ex. au Kenya) ;
  • l'introduction périodique de restrictions d'importation sur les produits laitiers ;
  • l'application aléatoire de restrictions d'importation sur les cultures GM.

Certaines entreprises africaines du secteur agroalimentaire dépassent cependant les frontières nationales pour investir dans la production régionale. Les plus notables sont ces entreprises sucrières qui opèrent en Afrique australe, investissant dans la production pour exporter en dehors de la région (par ex. Illovo Sugar et Tongaat Hulett) et les entreprises de brasserie développant des produits locaux adaptés aux goûts locaux (voir article Agritrade «  Le sorgho et le manioc de plus en plus utilisés dans l'industrie brassic... », 8 décembre 2014).

En Afrique de l'Ouest et en Afrique de l'Est, respectivement, des conglomérats multisectoriels (tels que Dangote Industries) et des entreprises laitières spécialisées (telles que Brookside Dairies) ont suivi le commerce du secteur agroalimentaire régional en investissant dans ce secteur, en vue de consolider leurs positions de marché à travers la région.

Plus rare a été le développement de chaînes d'approvisionnement intra-régionales, utilisant des intrants d'un pays pour ajouter de la valeur dans un pays voisin à destination des marchés régionaux a été plus rare. Le renforcement de la mise en œuvre des accords commerciaux régionaux contribuerait à ce type de développement d'entreprise, en créant des mécanismes efficaces de règlement des différends.

On pourrait assister à l'émergence d'entreprises du secteur agroalimentaire mondialement compétitives qui conserveraient leurs racines dans les économies africaines (contrairement aux entreprises telles que South African Breweries et Illovo, qui ont délocalisé leur siège social en dehors de l'Afrique ces dernières années). 

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