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La volatilité mondiale des prix laitiers pourrait exacerber les défis auxquels font face les secteurs laitiers d'Afrique orientale et australe

11 octobre 2014

En août 2014, la Dairy Association of Zambia (DAZ) a appelé le gouvernement zambien à « envisager d'annuler la taxe sur la valeur ajoutée sur le lait dans son Budget national 2015 ». Le directeur général de la DAZ, Jeremiah Kasalo, a affirmé que la TVA prélevée « ne permettait pas aux transformateurs de vendre leurs produits à des prix compétitifs ». La DAZ a également appelé à ce que la TVA soit supprimée sur les ingrédients utilisés dans la fabrication d'alimentation animale. Ces propos font écho aux appels lancés par le syndicat des agriculteurs zambiens (ZNFU) dans leur soumission au ministère des finances. En 2013, le ZNFU a estimé que le maintien de la TVA sur le lait augmentait les prix de 16 %.

Dans la soumission, le syndicat a réitéré son appel au retrait d'une taxe sur la valeur ajoutée minimale de 21 % sur les produits UHT. De même, la DAZ a réclamé la suppression de ces prélèvements afin de doper les rendements et réduire les coûts unitaires, et a également demandé au gouvernement d'augmenter les droits d'importation sur le lait entier en poudre de 5 % à 15 % . Le ZNFU, cependant, a réclamé un droit de douane de 15 % sur tous les laits en poudre, quelle que soit l'origine, y compris les pays de la SADC et du COMESA bénéficiant de préférences. La soumission de 2013 du ZNFU affirmait que cette initiative « augmenterait les coûts du lait reconstitué (...) rendant ainsi le lait produit localement compétitif et [créant] des emplois ».

Les analyses parues sur les sites web consacrés aux denrées de base laissent entendre que la compétitivité du lait reconstitué et des produits laitiers a été exacerbée par les dernières évolutions des prix laitiers mondiaux. En 2013, les cours laitiers mondiaux étaient élevés, mais les analystes de Radobank ont noté que, « dans le courant du premier trimestre 2014, les prix élevés payés aux producteurs et les coûts de l'alimentation animale en baisse ont engendré un excédent laitier sur les marchés internationaux, et les prix ont chuté ». En effet, les prix aux enchères de GlobalDairyTrade ont atteint leur niveau le plus bas de ces 21 mois, les prix du lait entier en poudre accusant une baisse de 38 % dans les cinq mois précédant juillet 2014, et atteignant des niveaux inférieurs à la moyenne à long terme.

Ceci avait été imputé à un fléchissement de la demande chinoise à l'importation, mais les chiffres de l'USDA publiés dans le rapport de juillet 2014 sur les marchés et le commerce des produits laitiers indiquent, quant à eux, que les importations chinoises de lait écrémé en poudre, de lait entier en poudre, de fromage et de matière grasse jusqu'en mai 2014 ont augmenté de 89 %, 70 %, 67 % et 121 % respectivement, par rapport à la période correspondante en 2013. La croissance de la production en Nouvelle-Zélande et dans l'UE semble donc avoir été un facteur décisif de la chute des prix.

La production de lait de l'UE-28 a augmenté de 6 % entre janvier et mars 2014 par rapport à la période correspondante en 2013, les producteurs de l'UE ayant répondu à la hausse des cours mondiaux du lait en 2013 et s‘étant préparés à l'abolition des quotas de production de lait de l'UE. L'UE prévoit une hausse de 12,6 % des exportations de lait écrémé en poudre en 2014, pour atteindre 535 000 tonnes, après l'ouverture de nouvelles installations de séchage en Allemagne. En effet, en avril 2014, les exportations de lait écrémé en poudre de l'UE avaient augmenté de 66 % par rapport à la même période en 2013.

L'interdiction d'importation décidée par la Russie de certains produits en provenance de l'UE (y compris les produits laitiers) génère cependant des chutes de prix du lait drastiques dans certains États membres de l'UE. C'est pourquoi l'UE a réintroduit les mesures d'urgence pour aider les producteurs laitiers de l'UE et intensifié sa quête de nouveaux marchés d'exportation. 

Commentaire éditorial

La baisse des prix du lait en poudre rendant les importations et la reconstitution plus attractives d'un point de vue commercial, la position concurrentielle des producteurs de lait zambiens n'en sera que plus difficile. Des questions se posent quant à la cohérence du niveau de protection accordé par les droits ad valorem dans le contexte de cette volatilité des prix (les prix du lait entier en poudre ont chuté de 38 % en cinq mois). En Afrique orientale, dans le secteur du riz, les droits ad valorem ont été complétés par des droits d'importation minimums qui stabilisent effectivement le niveau de protection tarifaire accordé aux secteurs sensibles (voir article Agritrade « Le débat s'intensifie sur les droits de douane applicables au riz de la CAE », à venir en 2014).

La volatilité des prix sur les marchés laitiers mondiaux et la flambée des exportations de lait en poudre en provenance des partenaires commerciaux traditionnels viennent compliquer davantage l'équation de la gestion fiscale dans l'intérêt du développement du secteur agroalimentaire en Zambie.

S'agissant du commerce régional, l'industrie laitière sud-africaine a intégré très efficacement les importations de lait en poudre dans sa stratégie d'exportation orientée vers l'Afrique (voir Agritrade, «  Note de synthèse – Mise à jour 2013 : Secteur laitier », 18 décembre 2013). Dans ce contexte, la baisse des prix mondiaux du lait en poudre pourrait doper la compétitivité des exportations laitières sud-africaines vers le marché zambien. Ceci soulève potentiellement des problèmes de règles d'origine dans l'application de préférences tarifaires convenues au niveau régional.

La question de la gestion de la volatilité des prix mondiaux du lait existe non seulement en Zambie mais aussi dans n'importe quel pays africain désireux de développer sa production commerciale de lait pour répondre à une demande croissante des consommateurs. Compte tenu des stratégies divergentes adoptées par les différents partenaires régionaux en ce qui concerne le développement du secteur laitier, ceci devrait soulever des questions de plus en plus complexes en matière de politique fiscale nationale et de dispositions commerciales régionales, pour ce qui est non seulement des droits de douane, mais également des règles d'origine, des normes de produits et des processus de production (par ex. l'utilisation des hormones de croissance).

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