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Développements du secteur mondial du riz

04 juillet 2014

D’après le rapport Food Outlook de la FAO de mai 2014, « la production de riz mondiale en 2014 pourrait atteindre 501,1 millions de tonnes (…) soit 0,8 % de plus que le niveau de 2013 », enregistrant une « troisième saison consécutive de faible croissance ». Et ce malgré la décision du gouvernement chinois de maintenir un prix de soutien du riz qui est « très élevé » selon les normes internationales.

Le rapport note que le commerce international du riz en 2014 devrait augmenter de 5,5 %, à 39,3 millions de tonnes, dans un contexte d’« intensification de la concurrence pour les marchés », ces volumes commerciaux se maintenant en 2015. Ceci devrait engendrer un déclin des prix à l’importation.

Toutefois, les cours du riz suivent des tendances différentes dans différents segments de marché. Entre 2008 et 2013, les prix des variétés de riz japonica et indica ont chuté de 20 à 25 %, mais en 2013 les prix du riz parfumé avaient augmenté de 6,3 % sur un marché plus stable, tandis que les prix du riz basmati pakistanais enregistraient une hausse de 27 %, une reprise des prix ayant été amorcée en 2011 après des niveaux assez bas.

En Afrique, la FAO juge les perspectives de production du riz « positives », prévoyant une croissance de 3 % de la production. Une grande partie de cette augmentation est imputable à Madagascar, où la production devrait croître de 19 % grâce à de meilleures conditions climatiques et un meilleur contrôle des ravageurs. Sur le continent est-africain, la Tanzanie a dû faire face à de faibles précipitations, ce qui devrait faire baisser la production de 5 %, tandis qu’au Mozambique des pertes de production sont possibles du fait des pluies trop abondantes et des inondations associées.

En Afrique de l’Ouest, après une augmentation de 8 % de la production de riz en 2013, une croissance de 2 % supplémentaires est prévue, en tablant sur des conditions météorologiques normales. Le rapport affirme que « des augmentations sont actuellement prévues pour le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Ghana, la Guinée, le Mali et la Sierra Leone, où la plupart des gouvernements mènent des politiques d’appui au secteur du riz ». En revanche, des pluies tardives et peu abondantes au Nigeria devraient entraîner une baisse de la production de riz.

Pays importateurs et producteurs de riz sélectionnés en Afrique subsaharienne (en millions de tonnes équivalent riz blanchi)

  Production Importations
  2010/11-2012/13 2013/2014 2014/15 2010/11-2012/13 2013/2014 2014/15
  (moyenne) (estimation) (prévision) (moyenne) (estimation) (prévision)
Afrique
du Sud
- - - 1,0 1,4 1,4
Côte d’Ivoire 0,4 0,5 0,5 1,1 1,3 1,3
Nigeria 2,7 2,8 2,8 2,5 2,5 2,9
Sénégal 0,3 0,3 0,4 0,9 1,0 1,0
Tanzanie 1,5 1,3 1,2 0,1 0,2 0,2
Madagascar 3,0 2,4 2,9 0,2 0,4 0,4
Monde 482,6 496,9 501,1 35,3 37,2 39,3

Source : FAO, Food Outlook, mai 2014.

D’après le rapport, « les importations de riz par les pays africains devraient atteindre des niveaux plus élevés, principalement en raison des achats plus importants du Nigeria, du Mali, du Sénégal et de la Tanzanie, tandis que Madagascar et le Mozambique devraient réduire les approvisionnements ».

Dans les pays ACP des Caraïbes, la FAO met en avant une expansion notable de la production de riz prévue au Guyana, avec des importations de riz plus importantes vers Haïti. Une augmentation des importations est également attendue pour le Costa Rica, la Colombie, la Bolivie et le Pérou.

Dans l’UE, 2014 sera la dernière année des paiements « couplés » au secteur du riz, avec une reprise prévue de 3 % de la production de riz de l’UE, après des niveaux de production affectés par les conditions météorologiques en 2013. Les importations de riz de l’UE sont de plus en plus approvisionnées par des bénéficiaires de l’initiative Tout sauf les armes, notamment le Cambodge et le Myanmar.

La consommation mondiale de riz augmente deux fois plus vite que la production (+ 5,2 % contre + 2,0 %), et la consommation annuelle devrait dépasser la production en 2014/15. Le ratio stocks-utilisation devrait reculer de 35,7 % en 2012/13 à 35,1 % en 2014/15. La FAO ne peut cependant pas affirmer qu’il s’agit là d’un rééquilibrage à plus long terme de l’offre et de la demande mondiales. 

Commentaire éditorial

Les tendances actuelles des prix du riz semblent poser quelques défis aux exportateurs de riz ACP (Guyana) et aux pays ACP désireux de doper la production de riz.

L’augmentation de la production guyanienne doit être envisagée dans le contexte :

  • de l’incertitude entourant l’avenir du commerce du riz du pays avec le Venezuela ;
  • de l’entrée en vigueur d’un nouvel accord d’approvisionnement de riz Vietnam-Haïti ; et
  • des exportations croissantes de riz en provenance du Cambodge et du Myanmar vers le marché européen traditionnellement desservi par le Guyana.

Le Guyana devrait rencontrer des difficultés sérieuses à trouver des débouchés pour ses exportations à des prix capables de soutenir les hausses récentes de la production (voir article Agritrade «  Production de riz record au Guyana et légère reprise à Haïti », 3 février 2014).

En Afrique de l’Ouest, des prix plus bas du riz intensifieront la concurrence pour les producteurs locaux, venant saper potentiellement les efforts du gouvernement visant à relancer la production locale. Il s’agit là d’une question délicate, car, si la production nationale de riz s’est développée de manière impressionnante, celle-ci est dépassée par la croissance de la consommation, avec des importations qui ne cessent d’augmenter.

Au Nigeria, avec la baisse de la production due aux mauvaises conditions climatiques, l’augmentation de 16 % des importations officielles de riz en 2014/15, et la problématique croissante de la contrebande de riz, les pressions pour une révision de la politique nationale du secteur du riz sont susceptibles de se faire plus fortes, à la lumière de l’interdiction qui devrait être imposée aux importations de riz en 2015 (voir article Agritrade «  Hésitations vis-à-vis de la politique commerciale du Nigeria sur le riz », 18 mai 2014).

À plus long terme, si la croissance de la consommation mondiale continue de dépasser régulièrement la production, un retour à des prix mondiaux plus élevés pourrait avoir lieu, modifiant le contexte mondial pour les efforts actuels visant à promouvoir la production de riz dans les pays ACP. La question politique clé sera alors de savoir comment soutenir la production de riz ACP durant la phase actuelle de chute des prix.

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