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Le Guyana développe avec succès sa production de riz et trouve de nouveaux marchés

17 octobre 2014

Des informations de presse parues en juin 2014 évaluent la production de riz au Guyana en 2013 à 532 000 tonnes, soit 25 % de plus que les 425 000 tonnes produites en 2012. Selon ces informations, l’augmentation rapide de la production de riz a engendré des problèmes de stockage dans le pays, exigeant des investissements publics conséquents dans les installations de séchage et de stockage. La Guyana Rice Producers Association (RPA) a affirmé qu’il y avait « près de 80 000 tonnes de riz de 2013 et environ 150 000 tonnes de riz de la récolte mineure (janvier-juin) de 2014 (…) en attente dans les entrepôts », plus une récolte d’environ 250 000 tonnes prévue pour la récolte principale (mai-novembre). Les problèmes de stockage ont été exacerbés par les retards accusés dans l’expédition des lots vers le Venezuela.

Cette situation n’a fait qu’accroître la pression en 2013/14 pour pénétrer de nouveaux marchés. Des efforts soutenus des secteurs public et privé ont été déployés pour trouver de nouveaux marchés d’exportation et élargir les marchés traditionnels, mais ont été compliqués par la concurrence accrue des exportateurs asiatiques sur les marchés régionaux. Cette concurrence a également exercé une pression sur les prix, les exportations de riz du Guyana vers la région étant à peine rentables.

Certains succès ont été obtenus à ce jour en 2014, cependant :

  • un marché de 60 000 tonnes a été obtenu en Jamaïque en janvier ;
  • un élargissement de l’accord avec le Venezuela a été annoncé début février ;
  • des négociants privés ont conclu un accord en mars pour l’exportation de 50 000 tonnes de riz vers Haïti ;
  • au cours des cinq premiers mois de la saison 2013/14, les exportations de riz décortiqué vers l’UE (qui ont chuté de 83 % entre 2006/07 et 2012/13) ont plus que triplé.

En août 2014, un article de presse indiquait que les responsables du gouvernement guyanien prévoyaient une production de riz de 614 000 tonnes en 2014, avec un excédent exportable d’environ 461 000 tonnes (une hausse de 17 %). Le ministre de l’agriculture du Guyana a affirmé que le pays avait la capacité de « vendre les 600 000 tonnes de riz produites presque immédiatement ». Tout en notant que les exportateurs de riz s’étaient habitués à des prix élevés, et qu’ils subissaient maintenant la pression des concurrents asiatiques.

Au cours du même mois, un nouvel accord pluriannuel entre gouvernements a été conclu avec le Panama pour fournir 50 000 des 150 000 tonnes de riz importées annuellement par le Panama. Les opérateurs du secteur privé guyanien ont obtenu le droit de soumissionner aux mêmes conditions pour approvisionner les 100 000 tonnes restantes des besoins en importations du Panama. L’accord du Panama a pris 18 mois de négociations : il faisait partie d’un accord de coopération agricole plus large, et a été décrit par le ministre de l’agriculture comme « un exemple concret de la manière dont la coopération Sud-Sud peut être accélérée ».

L’accord devrait renforcer les perspectives pour le gouvernement du Guyana d’atteindre son objectif de 500 000 tonnes d’exportations de riz d’ici 2020. En effet, il compte parvenir à des exportations totalisant entre 475 000 et 500 000 tonnes en 2014, puis 550 000 tonnes en 2015, soit bien au-dessus de l’objectif de 2020.

Le Suriname, quant à lui, a poursuivi sa croissance régulière de la production de riz et, avec le Guyana, a réussi à remplacer les exportations de riz américaines sur le marché jamaïcain. À l’instar du Guyana, le Suriname est également contraint de trouver de nouveaux marchés et de développer ceux qu’il possède déjà. Ceci a impliqué une transition (du riz décortiqué) vers des exportations de riz blanchi et semi-blanchi à destination de l’UE, cette qualité de riz offrant de meilleurs prix. Ces exportations ont augmenté de 93 % entre 2006/07 et 2012/13, représentant à la fin de la période 29 % des exportations totales de riz vers l’UE (contre 14 % en 2006/07). 

Commentaire éditorial

Comme l’a fait observer le ministre de l’agriculture du Guyana, le secteur du riz guyanien s’est habitué aux prix élevés pratiqués sur ses marchés traditionnels, tout d’abord dans l’UE et ensuite au Venezuela. Il s’agissait donc non seulement de trouver de nouveaux marchés, mais de trouver de nouveaux marchés offrant des prix suffisamment rémunérateurs pour soutenir le développement de la production. Cette quête était d’autant plus difficile vu la concurrence croissante des exportateurs de riz asiatiques.

Les décisions de politique publique applicables au secteur du riz des grands producteurs/exportateurs asiatiques sont donc extrêmement importantes pour le Guyana. La décision du gouvernement thaïlandais de vendre du riz provenant de ses stocks a exercé une forte pression à la baisse sur les prix du riz (de – 23,6 % à – 41,5 % entre juillet 2013 et mai 2014, en fonction de la variété et de la qualité), tandis que la décision de mettre un terme à ces ventes a inversé cette baisse de prix (les prix augmentant de 6 à 10 %).

Ceci suggère la nécessité de surveiller attentivement la mise en œuvre de ce qu’on appelle la clause de paix de l’OMC dans le secteur du riz sur la détention de stocks publics à des fins de sécurité alimentaire. Les gouvernements ACP devront peut-être activer les dispositions de consultation incluses dans l’accord de décembre 2013, afin de s’assurer que les mesures adoptées pour des raisons de sécurité alimentaire par les grandes économies exportatrices « n’aient pas d’effet défavorable sur la sécurité alimentaire d’autres Membres ».

L’accès à des marchés sûrs garantissant un paiement régulier est également important, les difficultés à obtenir des marchés d’exportation ayant entraîné des problèmes de liquidités chez certains usineurs de riz et des retards de paiement aux agriculteurs, avec des implications potentiellement sérieuses pour la croissance de la production.

Dans le cas du Suriname, des efforts sont en cours pour s’engager dans la transformation du riz à plus forte valeur ajoutée. Cela offrirait potentiellement une solution à long terme pour les exportations vers les marchés régionaux et de l’UE. Dans l’UE, par exemple, les importations de riz préemballé prêt à être vendu ont rapidement augmenté ces dernières années, ce segment de marché représentant maintenant pas moins de 20 % de toutes les importations de riz de l’UE en 2012/13.

Le riz emballé prêt à être vendu et différencié en termes de qualité pourrait être une bonne réponse à la volatilité des prix des denrées de base, et permettrait d’esquiver le problème des exportateurs de riz asiatiques sur les marchés régionaux et de répondre à l’érosion des préférences sur le marché de l’UE. 

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