CTA
Petite police
Polic moyenne
Grande police
English |
Passer à l'anglais
Français
Passer au français
Filtrer par Questions agricoles
Produits de base
Régions
Type de publication
Filtrer par date

Le Nigeria élargit encore les concessions tarifaires pour soutenir la création de liens en amont dans le secteur du riz

23 août 2014

Selon des informations de presse, le 26 mai 2014, le gouvernement nigérian a étendu sa politique de droits d’importation préférentiels aux opérateurs investissant dans une nouvelle capacité d’usinage de riz et développant des liens en amont « pour combler le fossé entre l’offre et la demande ». Depuis le 1er janvier 2013, le gouvernement a diminué les droits sur les importations de riz brun décortiqué et de riz semi-blanchi ou blanchi pour « les investisseurs ayant une capacité d’usinage de riz et un programme d’intégration en amont vérifiable », les faisant passer de 100 % à 20 %, avec le prélèvement d’un droit de douane de 10 %. En revanche, ceux qui ne disposent pas d’une telle capacité d’usinage et de programmes d’intégration se voient imposer un droit de douane de 60 %, en plus du droit de 10 %. Les importations à taux préférentiels doivent être « limitées à la quantité permettant de couvrir l’écart d’approvisionnement national », tel que déterminé par un comité spécialement constitué. Les nouvelles dispositions en matière de droits d’importation seront en place pendant quatre ans.

Une dispense spéciale pour les surestaries (l’amende infligée pour dépassement des délais de déchargement) a également été annoncée pour les cargaisons de riz attendant d’être dédouanées au titre du nouvel accord.

Mis à part ces mesures commerciales, le gouvernement nigérian a augmenté son soutien au secteur du riz dans le cadre de son système « Growth Enhancement Support ». Les riziculteurs enregistrés reçoivent des engrais et des semences, tandis que des entreprises telles que Olam et le groupe Dangote (30 000 ha chacune) investissent massivement dans la production de riz. Le dirigeant de la filière riz, le Dr Olumuyiwa Osiname, interviewé par la News Agency of Nigeria, a déclaré que, depuis 2011, le nombre d’usines de riz en fonctionnement est passé de 3 à 18 et le nombre d’usines de semences de riz en fonctionnement de 3 à 25.

Toutefois, les représentants des producteurs de riz continuent de se plaindre des manquements dans la fourniture de services, depuis le matériel agricole et l’équipement d’irrigation jusqu’aux semences améliorées et les financements sous forme de prêts. En outre, des différends commerciaux ont éclaté entre certaines usines du secteur du riz et le gouvernement.

Pour atteindre l’objectif d’autosuffisance de la politique du secteur du riz en 2015, les parties prenantes du secteur du riz affirment que la politique publique du secteur du riz se doit d’être cohérente et qu’il convient d’accorder davantage de réductions tarifaires pour les investisseurs ayant des programmes en amont. Ceci est jugé essentiel étant donné le niveau élevé de contrebande provenant des pays voisins, tels que le Cameroun et le Bénin, où aucun droit d’importation n‘est appliqué au riz. Les informations de presse suggèrent que pas moins de 3 millions de tonnes de riz font l’objet d’un trafic vers le Nigeria chaque année.

Entre mai 2013 et mai 2014, les prix du marché mondial ont chuté de 28,2 % – l’une des baisses de prix les plus importantes constatées sur la période. En juin, la presse rapportait que les ventes des stocks de riz thaïlandais accumulés depuis octobre 2011 étaient en train de rétablir la Thaïlande en tant que principal exportateur de riz mondial. La Thaïlande devrait exporter 9 millions de tonnes de riz en 2014, exerçant potentiellement une pression baissière sur les prix du riz (même si le récent coup d’État en Thaïlande a perturbé les marchés). En juin 2014, des ventes importantes de riz thaïlandais étaient signalées au Nigeria, au Cameroun, en Côte d’Ivoire et au Togo, les exportations vers l’Afrique augmentant de 80 % au cours du premier trimestre de 2014 pour atteindre quelque 1,2 million de tonnes. 

Commentaire éditorial

Le gouvernement nigérian a révisé sa politique de droits de douane et prélèvements applicables au secteur du riz pour encourager le développement de liens en amont. Cette approche plus nuancée, ainsi que les mesures de soutien du gouvernement, semblent avoir un effet positif sur la production de riz. Toutefois, la presse suggère qu’il reste de sérieux défis en matière de mise en œuvre, dont la nécessité de contenir la contrebande.

Le contrôleur des douanes nigérianes a « identifié le faible droit de douane sur le riz dans les pays voisins comme étant l’un des principaux facteurs contribuant à la contrebande de riz dans le pays » (voir article Agritrade «  Le Bénin profite de la politique commerciale agricole du Nigeria », 2 juin 2014). Ceci semble indiquer que, sans un resserrement de l’écart entre les droits de douane et les taxes appliqués par le Nigeria et ses voisins immédiats, la contrebande de riz est susceptible de continuer à poser problème. L’évolution des prix mondiaux du riz au cours de l’année passée pourrait exacerber le problème de la contrebande, tout comme les programmes actuels de vente des stocks de riz du gouvernement thaïlandais.

Il convient de rappeler que, lors de la réunion ministérielle de l’OMC à Bali, un accord a été obtenu sur la constitution de stocks publics à des fins de sécurité alimentaire. Ceci a permis aux pays en développement d’augmenter les achats de cultures vivrières sans enfreindre les engagements à l’OMC sur les niveaux de soutien agricole. Un aspect important de cet accord était l’engagement des pays en développement à « veiller à ce que les stocks achetés dans le cadre de ces programmes n'aient pas d'effet de distorsion des échanges et n'affectent pas la sécurité alimentaire d'autres Membres » (voir article Agritrade «  Aspirations et attentes des pays ACP et issue de la neuvième Conférence... », 11 décembre 2013).

La structure actuelle des exportations de riz thaïlandais provenant des stocks publics vers l’Afrique de l’Ouest pourrait mettre cet engagement à l’épreuve. 

Commenter

Termes et conditions