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Les réformes de la politique commerciale et les investissements se poursuivent dans le secteur du riz du Nigeria

25 octobre 2014

La politique nigériane révisée du secteur du riz, qui propose des droits de douane inférieurs sur les importations de riz aux entreprises investissant dans la production et la transformation de riz au niveau national, est en cours de mise en œuvre (voir article Agritrade  «  Le Nigeria élargit encore les concessions tarifaires pour soutenir la cr... », 24 août 2014).

En juillet 2014, des entreprises locales et internationales de denrées de base ont ainsi annoncé des investissements dans la production de riz.  Dangote Industries a annoncé une augmentation de ses investissements dans  le secteur du riz, qui passeront de 300 millions à 1 milliard de dollars américains, sur 150 ha répartis entre cinq pays.  Dangote Industries envisage de développer sa production de riz en association avec les petits cultivateurs, en offrant des intrants de production  de l'entreprise et un marché disponible pour la production des cultivateurs.

Par ailleurs, lors du lancement du projet de 6 000 ha de terres de l'usine de riz intégrée dans l'État du Nasarawa, le directeur général d'Olam pour l'Afrique et le Moyen-Orient a annoncé une augmentation des investissements dans le secteur du riz pour un total de 10 000 ha. Près de 3 000 ha de terres font l'objet d'une production de riz irriguée et mécanisée, produisant 36 000 tonnes de riz, et 3 000 ha supplémentaires seront développés en 2015. 

D'après Olam, « ensemble, la ferme et l'usine devraient doper la production de riz des petits producteurs dans la région au travers d'un 'modèle d'agriculture nucléaire et en sous-traitance' », en vertu duquel Olam fournit « une formation, un pré-financement, des intrants agricoles et des liens marketing » conçus pour améliorer les rendements du riz, tout en fournissant un marché disponible à « un prix de marché équitable ».

Bien que 3 000 agriculteurs soient actuellement engagés dans le projet, l'objectif est d'impliquer 16 000 agriculteurs d'ici 2018 et enfin 20 000, les petits agriculteurs assurant ainsi entre 30 et 40 % de la demande de riz des usines.

D'après les représentants d'Olam, le système « montre que les fermes commerciales à grande échelle peuvent travailler main dans la main avec les petits agriculteurs pour réaliser l'agenda de transformation agricole du gouvernement ». Le système se veut comme une preuve de la validité de l'approche du gouvernement nigérian consistant à traiter « l'agriculture comme une entreprise, tout en permettant au secteur privé de stimuler la croissance du secteur ». Il vient également prouver l'impact de la politique consistant à fournir des incitants aux entreprises qui contribuent à la réalisation des objectifs politiques du secteur public.

D'après le président Jonathan, « le secteur privé répond vigoureusement à notre politique du riz, puisque le nombre d'usines de riz est passé d'à peine une à 18 aujourd'hui ». Il apparaît que « ces usines produisent un riz local de première qualité qui répond aux normes internationales et qui fait concurrence au riz importé ».

Toutefois, d'après la FAO, en 2014 « le Nigeria devrait récolter 4,6 millions de tonnes (2,8 millions de tonnes de riz blanchi), soit 2 pour cent de moins que le record de 2013, essentiellement en raison de conditions climatiques moins favorables ».

Production et importations de riz du Nigeria (tonnes de riz blanchi)

  2012/13 2013/14 2014/15
Production 2 370 000 2 772 000 2 550 000
Importations 2 400 000 3 000 000 3 500 000

Source: USDA: ERS, « Rice outlook », 14 août 2014, Tableaux 9 et 11, http://www.ers.usda.gov/media/1547831/rcs-14h.pdf

S'agissant de la politique commerciale du gouvernement nigérian, les acteurs locaux du secteur du riz affirment que la différence de droit d'importation entre le Nigeria et les pays voisins tels que le Bénin et le Cameroun continuera à encourager la contrebande et à saper les efforts visant à développer les liens en amont dans le secteur du riz.  

Commentaire éditorial

La politique du gouvernement nigérian consistant à conditionner la réduction des droits d'importation à l'investissement dans le secteur du riz semble porter ses fruits. Toutefois, cela prendra quelques années avant que cela ne se traduise en un développement suffisant de la production de riz permettant de réduire les importations croissantes de riz. Les chiffres de l'USDA soulignent combien la hausse de la demande nigériane de riz promouvra une croissance ininterrompue des importations officielles de riz (une hausse prévue de 25 %  en 2013/14 et une hausse supplémentaire de 16,7 % en 2014/15).

Ces prévisions du département américain de l'agriculture (USDA) peuvent refléter en partie les changements tarifaires introduits par le gouvernement.  D'une part, ceux-ci sont susceptibles de réduire le volume de riz débarqué dans les pays voisins et introduit illégalement au Nigeria ; et d'autre part, ils augmenteront le volume de riz officiellement importé au Nigeria.

Néanmoins, les prévisions de l'USDA suggèrent que l'autosuffisance du secteur du riz au Nigeria n'est pas encore au rendez-vous, une réalité qui semble avoir été reconnue par le biais des changements tarifaires récemment introduits.   Les ajustements de politique commerciale qui interviennent  au Nigeria pourraient bien être porteurs de leçons pour d'autres gouvernements ouest-africains envisageant un usage plus actif des instruments de politique commerciale à l'appui des efforts de développement  nationaux du secteur du riz.

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