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Perspectives pour le secteur du riz d'Afrique subsaharienne

25 octobre 2014

Bien que l'Afrique subsaharienne cultive plus de riz que jamais, grâce aux programmes de développement de la production de riz soutenus par le gouvernement et les bailleurs de fonds, la consommation de riz de la région augmente encore plus rapidement. D'après les représentants de l’Africa Rice Center (AfricaRice), le riz est maintenant « la troisième source d'alimentation la plus importante en Afrique subsaharienne ». La croissance de la production de riz padddy est passée d'une moyenne de 3,2 % par an avant la crise des prix du riz de 2007/08 à une moyenne de 8,4 % par an depuis 2007/08.

D'après AfricaRice, les rendements moyens du riz en Afrique subsaharienne ont augmenté de 30 % entre 2007 et 2012, un taux de croissance « supérieur à ceux obtenus dans le cadre de la révolution verte en Asie, et un taux de croissance plus rapide que la moyenne mondiale ». Toutefois, comme le souligne AfricaRice, étant donné « la flambée de la consommation de riz, la production de riz devra doubler son taux de croissance actuel pour répondre à la croissance de la consommation ».

En 2012, la production de riz en Afrique subsaharienne a atteint 12 millions de tonnes, avec un besoin d'importation équivalent de 12 millions de tonnes.

Des informations de presse indiquent que, parmi les producteurs d'Afrique subsaharienne, le Rwanda enregistre le rendement le plus élevé, soit 5,56 tonnes de riz paddy par hectare. Cela s'explique par une meilleure irrigation, une meilleure qualité des semences et un accès aux engrais. Toutefois, il convient de noter que « plusieurs des pays de la région très sèche et très aride du Sahel tels que le Niger, la Mauritanie, le Soudan, le Sénégal et le Mali enregistrent les rendements les plus élevés ». Ces pays sont également jugés comme présentant le plus fort potentiel d'augmentation des rendements, étant donné les possibilités d'accès à une meilleure gestion de l'eau.

Rendements du riz paddy en 2013/14 (en tonnes par hectare)

Afrique de l’Est et australe Afrique de l’Ouest et centrale
Rwanda 5,56 Niger 5,0
Kenya 4,6 Mauritanie 4,04
Soudan 3,5 Sénégal 3,98
Swaziland 2,5 Bénin 3,05
Madagascar 2,49 Togo 3,02
Ouganda 2,38 Mali 2,98
Somalie 2,00 Ghana 2,94
Tanzanie 1,95 Sierra Leone 2,01
Malawi 1,94 Burkina Faso 2,00
Zambie 1,50 Guinée 1,91
Mozambique 1,46 Côte d’Ivoire 1,78
Angola 0,89 Nigeria 1,76
    Guinée-Bissau 1,48
    Cameroun 1,21
    Tchad 1,19
    Liberia 0,95
    Gambie 0,84
    République démocratique
du Congo
0,75

Source : Oryza.com (voir ci-dessous).

Commentaire éditorial

Le taux de croissance rapide de la consommation de riz en Afrique subsaharienne pose des dilemmes politiques bien réels. Les consommateurs réclament plus de riz que ce que les taux d'expansion actuels de la production de riz intérieure ne peuvent offrir, pourtant les producteurs nationaux réclament une protection contre la volatilité des prix du riz. (Les prix du riz thaïlandais ont chuté de 23,6 % à 41,5 % entre juillet 2013 et mai 2014, en fonction de la variété et de la qualité dans le contexte d'une expansion rapide des exportations vers l'Afrique de l'Ouest.)

Le grand défi politique en Afrique est de concilier ces intérêts conflictuels. Plus spécifiquement, une question se pose : quel type de régime de politique commerciale offre la meilleure option pour répondre à la demande croissante des consommateurs pour du riz à bas prix, tout en évitant que les efforts pour promouvoir la production de riz locale ne soient sapés par des chutes de prix soudaines liées à un excédent d'importations de riz à bas prix ?

Il ne s'agit pas que d'une question de politique commerciale nationale, il s’agit aussi de politique commerciale régionale, étant donné l'ampleur du trafic transfrontalier de riz. Cela exige une harmonisation plus approfondie de la politique commerciale régionale du secteur du riz, qui sera un aspect important dans la mise en œuvre du tarif extérieur commun de la CEDEAO introduit en 2015.

Les possibilités d'améliorer les rendements sont donc évidentes, cependant cela exigera des investissements, qui pourraient être compromis si des afflux réguliers de riz importé bon marché viennent exercer une pression baissière sur les prix du marché. Par exemple, en Tanzanie, en 2013/14, des importations de riz bon marché d'Asie auraient entraîné une chute de 54 % des prix de gros pour le riz tanzanien, rendant les ventes de riz produit localement non rentables et débouchant sur une accumulation de stocks de riz (voir article Agritrade «  Les parties prenantes du secteur du riz tanzanien appellent à une applic... », 21 juillet 2014). Le gouvernement tanzanien a demandé aux ministres de la CAE d'ajuster le droit d'importation sur le riz et, en juin, les ministres de la CAE ont convenu d'augmenter le droit CAE appliqué de 25 % à 35 % (avec un droit de douane minimum de 200 $US/tonne face à la chute des prix mondiaux du riz). Seul l'Ouganda s'est soustrait à cette décision, préférant maintenir son droit de douane de 75 % afin de promouvoir la production de riz nationale (voir article Agritrade « Le débat s'intensifie sur les droits de douane applicables au riz de la CAE », à venir en 2014).

Ces mesures prises en Afrique orientale pour réduire (mais pas éliminer) l'écart entre les engagements formels de politique tarifaire et la pratique tarifaire réelle, en vue de maintenir les bénéfices de la production de riz, sont potentiellement porteuses de leçons. Elles suggèrent qu'une approche graduelle de l'harmonisation de la pratique politique pourrait être un bon moyen de concilier les intérêts des consommateurs/producteurs et les intérêts des différents pays au sein d'une configuration régionale unique. Dans ce contexte, l'utilisation des contingents tarifaires, revus tout au long de l'année à la lumière de la situation de marché, pourrait être un outil très utile. 

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