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British Sugar/Associated British Foods - profil d’entreprise

23 juillet 2014

Structure de la propriété

British Sugar, l’unique transformateur de betterave sucrière du Royaume-Uni (quota britannique de 1 056 474 tonnes), appartient à Associated British Foods (ABF), une entreprise privée décrite comme une « entreprise multinationale de transformation alimentaire et de vente au détail ». Les intérêts sucriers d’ABF sont consolidés sous les auspices de la division AB Sugar (ABS). ABF est détenue par la famille Weston.

Présence mondiale

Outre ses vastes intérêts de vente au détail et autres intérêts non sucriers, ABF, via ABS, « exploite 31 usines dans 10 pays et a la capacité de produire plus de 5 millions de tonnes de sucre et 600 millions de litres d’éthanol par an ». Ses activités au Royaume-Uni, en Espagne, en Chine et en Afrique australe (via une participation à 51 % dans Illovo Sugar) font d’ABF le deuxième plus gros producteur mondial de sucre. ABF est également impliqué dans le commerce de sucre via ses participations dans Czarnikow et Mitra Sugar.

En Chine, ABF exploite « cinq usines de broyage de sucre dans la province de Guangxi et quatre usines de sucre de betterave dans le nord-est du pays », où des « investissements continus ont permis d’augmenter la capacité de production annuelle de sucre à plus de 900 000 tonnes ». Cependant, en 2013, « la rentabilité en Chine était inférieure à l’année [précédente] du fait de la faiblesse des prix du sucre tout au long de l’année »1.

Capacité de production installée de l’UE

D’après ABF, British Sugar est le « transformateur le plus rentable d’Europe » et le quatrième plus grand producteur de sucre dans l’UE, représentant environ 9,6 % de la production de l’UE. British Sugar exploite quatre usines au Royaume-Uni – Wissington, Newark, Cantley et Bury St Edmunds. Depuis 2007, ABF développe une entreprise conjointe de biocarburants, impliquant sa sucrerie de Wissington, avec BP et DuPont (ABF 45 %, BP 45 %, Du Pont 10 %). Cette entreprise conjointe porte le nom de Vivergo Fuels Ltd et est capable de produire « environ un tiers de la demande de bioéthanol du Royaume-Uni »2.

À la fin 2008, ABF a annoncé l’acquisition d’Azucarera Ebro, la sucrerie espagnole d’Ebro Puleva, et l’accord a été finalisé en 20093. L’acquisition était basée sur la position dominante d’Azucarera sur le marché ibérique et la rentabilité des trois usines de transformation de la betterave du nord du pays, situées à :

  • Miranda de Ebro, au sud de Bilbao (capacité de production : 82 000 tonnes) ;
  • La Bañeza, dans la province de León (110 000 tonnes) ;
  • Toro, dans la province de Zamora (141 000 tonnes).

Par ailleurs, il existe une raffinerie à Guadalete, près du port de Cadiz, sur le site d’une ancienne usine de betterave déclassée dans le cadre du processus de réforme du secteur sucrier de l’UE. La raffinerie de Guadalete est capable de transformer 300 000 tonnes de sucre de canne brut et 100 000 tonnes de betterave. Dans le cadre de l’accord de rachat d’Azucarera par ABF en 2008, il a été convenu qu’Illovo fournirait du sucre de canne brut à la raffinerie construite à Guadalete.

Derniers développements : opérations de raffinage et développements de marché

L’usine de British Sugar à Newark possède actuellement la capacité de transformer 30 000 tonnes de sucre de canne brut « en dehors de la campagne de commercialisation »4. Cependant, une évaluation de l’impact des réformes sucrières, commandée par la CE en 2011, a suggéré que la capacité de transformation de sucre de canne brut de l’usine de Newark pourrait atteindre 120 000 tonnes par an. Cette évaluation a également indiqué que la capacité pourrait être développée pour transformer jusqu’à 230 000 tonnes de sucre de canne brut à l’usine de Cantley, située à 18 km du port de Lowestoft5. L’usine de Bury St Edmunds, par ailleurs, a développé une ligne d’ensachage de sucre commerce équitable parallèlement à sa ligne d’ensachage de sucre biologique.

D’après ABF, en 2012/13, « les cultivateurs de betterave espagnols ont atteint un rendement moyen de 108 tonnes/ha de betterave, un nouveau record européen ». Au cours de la même année, les trois usines de transformation de la betterave au nord de l’Espagne auraient transformé 95 000 tonnes de sucre de canne brut, tandis que la raffinerie de Guadelete traitait 242 000 tonnes de sucre de canne brut, en dessous de sa capacité de raffinage installée de 300 000 tonnes1. L’évaluation de la CE de 2011 a estimé la capacité potentielle de raffinage de sucre de canne brut à 420 000 tonnes5.

D’après le rapport annuel d’ABF pour 2013, British Sugar a produit 1,15 million de tonnes de sucre en 2012/2013. Ce volume était inférieur aux 1,32 million de tonnes obtenues en 2011/12, essentiellement en raison des mauvaises conditions de culture durant l’année 20121. Cependant, en 2013/14, l’entreprise s’attend à une reprise de 11 % de la production de betterave sucrière de British Sugar, celle-ci devant atteindre 1,28 million de tonnes.

La production de sucre de British Sugar varie en fonction des surfaces consacrées à la culture de la betterave sucrière et de l’impact du climat sur les rendements. Les chiffres officiels de l’UE, tenant compte des stocks reportés (c’est-à-dire la production hors quota reportée sur le quota de l’année suivante), indiquent que la production hors quota a atteint un niveau record de 19,6 % du quota officiel (en 2011/12). Bien que cette tendance ne se soit pas maintenue, il apparaît que la production pourrait être supérieure de 14,8 % au quota lors de la saison 2013/14. Cela peut être le signe d’une augmentation potentielle de la production de sucre après l’abolition des quotas de production de sucre de l’UE6.

Cette stratégie de positionnement de marché doit être envisagée dans le contexte de la stratégie de marché européenne plus générale de British Sugar et dans la perspective d’exportations de sucre de l’UE plus élevées lorsque les contraintes de l’OMC sur les exportations seront abolies. Les niveaux des exportations, cependant, dépendront des opportunités disponibles sur les marchés mondiaux, où la demande de sucre se déplace vers l’Asie. Les investissements réalisés par ABS dans le co-raffinage (terme utilisé lorsque les raffineurs de betterave sucrière produisent du sucre à partir du sucre de canne brut ainsi que de la betterave sucrière) de sucre de canne brut  doivent être envisagés sous cet angle.

Tendances de la capacité de raffinage de sucre de canne brut d’ABS : capacité actuelle et potentielle (en tonnes)

Usine Actuelle Potentielle
Royaume-Uni    
Newark 30 000 120 000*
Cantley - 230 000*
Espagne    
Raffineries de betterave du nord de l’Espagne 95 000 -
Guadelete 242 000 420 000*
Total 367 000                  770 000  

* Agrosynergie/EC, « Evaluation of CAP measures applied to the sugar sector », décembre 20115.

En 2011/12, des prix élevés ont entraîné une hausse des recettes de British Sugar de 25 % et une augmentation des bénéfices d’exploitation de 62 %. Plus récemment cependant, une intensification de la concurrence est apparue sur le marché britannique7. D’après ABF, « les négociations en matière de prix avec nos clients de l’UE pour la campagne de commercialisation 2013/14 ont été difficiles »8. Il y a eu plus de sucre disponible dans l’UE du fait de la conversion de sucre hors quota en sucre sous quota, des contingents tarifaires supplémentaires pour les sucres importés, et des faibles prix du sucre mondial. En outre, la concurrence s’est accrue, à mesure que d’autres producteurs européens ont commencé à rechercher de nouvelles opportunités de marché après l’abolition des quotas de production. Cela a généré une pression baissière sur les prix de l’UE, le marché s’ajustant rapidement aux réalités post-20171.

Liens avec les secteurs sucriers ACP

En septembre 2006, ABS a acquis une participation de 51 % dans Illovo Sugar Ltd. Au travers d’Illovo, ABS joue un rôle majeur dans le secteur sucrier d’Afrique australe. Illovo, qui est le plus gros producteur de sucre d’Afrique, possède des investissements agricoles et des usines dans six pays (Afrique du Sud, Swaziland, Zambie, Malawi, Tanzanie et Mozambique), et joue un rôle généralement dominant dans les secteurs sucriers de la Zambie et du Malawi.

Bien que la transformation à plus forte valeur ajoutée soit plus développée en Afrique du Sud en termes de production chimique basée sur le sucre, des développements conséquents sont en cours dans d’autres pays d’Afrique australe pour exploiter la pleine valeur de la canne à sucre fournie pour transformation. En fonction des cadres politiques locaux et des possibilités de réalisation de revenus, ceci inclut la production non seulement de sucre et de mélasses mais aussi d’éthanol, d’alcool, d’eau en bouteille, d’électricité cogénérée et d’alimentation animale.

En termes de production de sucre, « Illovo produit du sucre brut et raffiné pour les marchés locaux, régionaux, européens et mondiaux à partir de la canne à sucre fournie par ses propres opérations agricoles et par des cultivateurs indépendants qui approvisionnent en canne les usines d’Illovo ». « Des développements majeurs de la capacité visant à accroître la production annuelle de canne et de sucre ont été réalisés en Zambie et au Swaziland, et d’autres développements sont en cours dans d’autres pays9. » D’après le rapport annuel d’Illovo pour 2013, « la production de sucre d’Illovo pour l’exercice financier était de 1,87 million de tonnes contre 1,77 million de tonnes » l’année précédente. Cela traduisait « une relance des cultures sud-africaines et de bonnes performances des installations récemment agrandies au Swaziland et en Zambie ». Cependant, il était prévu que la pression exercée sur les prix dans la région d’Afrique australe « augmente au cours de l’année suivante »10.

À l’appui de leurs activités en Afrique australe, British Sugar et Illovo ont conjointement créé Mitra Sugar Ltd, qui « approvisionne toute une série de raffineries européennes avec du sucre brut pour raffinage ainsi que des clients directs avec des sucres spéciaux et raffinés ». Mitra s’approvisionne en sucre essentiellement auprès des pays les moins avancés (PMA) et des pays ayant un accord de partenariat économique (APE) avec l’UE, mais également « auprès de tous les pays ayant des accords d’accès au marché de l’UE »11.

Par ailleurs, ABS détient une participation de 42,5 % dans le groupe Czarnikow. Le site web du groupe affirme que « sa principale activité est le commerce de sucre et d’éthanol »12. L’entreprise « exploite un réseau de 10 bureaux régionaux pour desservir des clients dans le monde entier » et est « commercialement impliquée dans des transactions physiques dépassant les 8 millions de tonnes de sucre chaque année »13. Cela signifie que Czarnikow traite « environ 10 % du sucre négocié chaque année »11.

Dans les pays ACP d’Afrique australe, ABS exploite des plantations et des usines de broyage, collaborant souvent avec des petits exploitants et s’approvisionnant auprès de cultivateurs indépendants à moyenne et grande échelle. Au travers de Mitra et Czarnikow, ABS joue un rôle majeur dans le commerce de sucre brut et de produits à base de sucre, non seulement en Afrique australe mais dans les pays ACP et au-delà. Par conséquent, via les sociétés affiliées au sein du groupe ABS, la production et la transformation de sucre se font non seulement dans l’UE mais également dans quelques-unes des zones de production de sucre à faible coût des pays ACP, tout en fournissant dans le même temps un débouché commercial établi pour le sucre au niveau mondial. ABS détient également une capacité croissante de raffinage de sucre de canne brut, aussi bien en Espagne qu’au Royaume-Uni, à un coût marginal très faible dans certains cas.

Questions et perspectives

Malgré une réduction substantielle des bénéfices de sa division sucrière dans l’année jusqu’à septembre 2013 – du fait des prix plus bas sur les marchés de l’UE et mondial ainsi que des perspectives de baisse des prix dans l’UE après 2017 – ABF affirme que son activité sucrière présente les coûts de production les moins élevés du monde et qu’il est donc bien placé pour réussir sur le marché changeant de l’UE. Ceci, cependant, est susceptible d’impliquer la transformation de volumes de sucre plus importants à des prix inférieurs1. Le déclin prévu de la rentabilité des opérations d’ABS est relatif, avec une marge bénéficiaire d’exploitation de 19,1 % en 2012 et 16,2 % en 2013.

Les structures d’entreprise extrêmement intégrées d’ABF soulèvent des questions importantes quant au fonctionnement des chaînes d’approvisionnement du sucre ACP-UE, les possibilités d’abus de position dominante étant nombreuses. Le secteur sucrier de l’UE a de piètres antécédents en la matière. L’exemple le plus récent est celui des sanctions financières imposées par l’Office fédéral allemand des ententes à l’encontre des trois principales sucreries allemandes pour entente sur les prix et partage des marchés, pour un montant total de 280 millions d’euros14.

Ceci laisse entendre qu’un cadre réglementaire est nécessaire pour offrir une meilleure transparence en matière de formation des prix le long des chaînes d’approvisionnement du sucre ACP-UE. En effet, dans le cas d’ABF, le problème dépasse le commerce avec l’UE. ABF est bien placé pour tirer profit de la demande de sucre en pleine croissance sur les marchés asiatiques. Cependant, étant donné les possibilités d’effectuer des transactions commerciales intra-entreprises sur la base de prix non transparents, on ne sait pas dans quelle mesure cela pourrait profiter aux producteurs de sucre en Afrique australe. Ceci suggère que la mise en place d’un cadre réglementaire visant à renforcer le fonctionnement des chaînes d’approvisionnement du sucre est bien plus utile que de simplement se limiter au commerce sucrier ACP-UE.

La multiplicité des sources de revenus maintenant ouvertes par l’exploitation du plein potentiel de la transformation de la canne à sucre et l’importance croissante de certaines de ces sources de revenus pour les recettes des entreprises soulèvent des questions importantes sur la mise en commun des recettes des produits basés sur la canne à sucre et la répartition des bénéfices entre cultivateurs et broyeurs. Les accords de répartition des bénéfices devront peut-être être examinés lorsque les ventes vers l’UE chuteront après 2017. Les effets sur les revenus des réformes du secteur sucrier de l’UE sont susceptibles d’être aggravés par les pressions croissantes sur les prix dans les marchés sucriers d’Afrique australe, à mesure que l’attrait des marchés de l’UE pour les producteurs de cette région excédentaire en sucre déclinera.

Prévisions des tendances des prix du sucre de l’UE et de la production de sucre et d’isoglucose de l’UE après l’abolition des quotas

  2012 2013 2017 2018 2019 2020 2021 2022 2023
Prix du sucre de l’UE (€/tonne) 726 627   408 416 420 416 413 409 405
Prix du sucre mondial (€/tonne) 413 376   356 377 380 377 375 371 367
Prix de l’UE (en % du prix du marché mondial) 175,8 166,8   114,6 110,3 110,5 110,3 110,1 110,2 110,3

Source : extrait de CE, « Prospects for agricultural markets and income in the EU 2013-2023 », tableaux statistiques, décembre 2013, tableau 6.15.

http://ec.europa.eu/agriculture/markets-and-prices/medium-term-outlook/2...

Autre lecture :

Introduction aux profils d'entreprise de l'industrie sucrière

Tate & Lyle/American Sugar Refining

Suiker Unie/Royal Cosun

Tereos

Südzucker

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