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La chute des prix du thé soulève des questions sur la chaîne d’approvisionnement au Kenya

19 août 2013

En avril 2013, la presse relayait une chute des prix du thé kényan de 0,5 $US/kg depuis le début de l’année 2013, une baisse qui a été imputée à une production plus élevée conjuguée à « une demande fluctuante des acheteurs saisonniers et des acheteurs du segment inférieur du marché », les exportations en février 2013 étant en baisse de 4 % par rapport à février 2012. Ceci contrastait nettement avec la campagne précédente « durant laquelle les agriculteurs profitaient de recettes élevées obtenues par la vente des produits aux enchères de Mombasa ». En 2012, les prix du thé aux enchères avaient atteint des records à 3,18 $US/kg.

La directrice générale du Conseil du thé du Kenya (TBK), Sicily Kariuki, s’est dite inquiète des « effets possibles sur les recettes générales à court terme ». En conséquence, le TBK « évalue l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement et de commercialisation pour établir la cause de la chute des prix », de façon à pouvoir identifier les actions correctives permettant de réduire les conséquences des chutes de prix pour les producteurs de thé kényans.

Des articles de presse ont suggéré que les craintes de violences post-élection au Kenya ont pu jouer un rôle dans le comportement inhabituel du marché. Cela a entraîné une surabondance de thé dans les entrepôts avant l’élection, vu les craintes d’une perturbation ultérieure des chaînes d’approvisionnement du thé. Aucun de ces problèmes ne s’est posé cependant. Des difficultés ont également été signalées dans le système de traitement des commandes d’exportation, ce qui a peut-être contribué à un ralentissement de ces dernières.

À plus long terme, avec la hausse des prix du thé qui a encouragé un développement des investissements dans la transformation du thé, quatre nouvelles entreprises devraient ajouter 60 millions kg supplémentaires à la capacité de transformation annuelle.

Des articles de presse ont noté que l’Agence de développement du thé du Kenya (KTDA) avait considéré que la chute des prix pourrait ne pas affecter le paiement final aux producteurs de thé, étant donné les gains de prix réalisés lors du second semestre 2012. La KTDA a affirmé que les prix devraient « se stabiliser à partir de mai avec l’arrivée de la saison d’hiver qui fera chuter l’approvisionnement en feuilles vertes ».

Par ailleurs, Dormans, le plus grand torréfacteur et conditionneur de café du Kenya, a profité du lancement de la Foire commerciale d’Afrique orientale, le 8 mai, pour annoncer qu’il envisageait d‘entrer sur le marché du thé, avec le lancement de quatre marques. Cette initiative s’inscrit dans la stratégie de développement de l’entreprise. Contrairement aux opérations de Dormans pour le café, pour lequel ses approvisionnements proviennent des coopératives, les approvisionnements en thé seront assurés au travers des enchères. Fairtrade a également annoncé lors du lancement de la foire commerciale que quatre nouvelles lignes de thé commerce équitable seront mises en vente au Kenya au mois de juin.

Le président de l’East African Tea Trade Association, Peter Kariuki, a exprimé quelques réserves à propos de l’étiquetage commerce équitable du thé, affirmant que les « conditions plus strictes conjuguées à des cotisations plus coûteuses imposées par Fairtrade étaient prohibitives pour les marques locales qui souhaitaient obtenir la certification ». Il a estimé que de meilleures conditions d’accès au label commerce équitable étaient requises si plusieurs entreprises voulaient en bénéficier. Dans le cadre d’une défense plus générale du système d’enchères actuel, rejetant l’idée qu’il favorisait les acheteurs plutôt que les producteurs, M. Kariuki a déclaré que « acheter du thé directement auprès de l’agriculteur n’est pas durable » en raison de l’impact des conditions climatiques erratiques et des fluctuations des prix mondiaux. 

Commentaire éditorial

Les tendances actuelles des prix (liées en partie aux incertitudes plus générales au Kenya) et le développement de la capacité de transformation du thé laissent à penser qu’il est urgent d’examiner comment le fonctionnement des chaînes d’approvisionnement du thé peut être renforcé pour réduire la vulnérabilité des producteurs de thé aux fluctuations de prix. Les différences d’opinion concernant l’impact prévu des chutes de prix sur les petits agriculteurs exprimées par les deux grandes agences du secteur, la TBK et la KTDA – bien que n’étant pas totalement imprévisibles –, indiquent l’existence de lacunes et de limites dans l’analyse du marché du thé par ces institutions.

Il semble nécessaire de disposer d’un système d’information plus efficace pour le thé, générant une meilleure connaissance et compréhension des fondamentaux du marché aussi bien pour l’offre que pour la demande. Ces meilleures informations de marché pourraient grandement contribuer à identifier les mesures spécifiques requises pour améliorer le fonctionnement des chaînes d’approvisionnement du thé au Kenya.

La création d’une nouvelle capacité de transformation suggère également la nécessité d’identifier et de promouvoir de nouveaux débouchés commerciaux pour le thé kényan, afin d’éviter les excédents sur les marchés traditionnels qui font chuter les prix.

Bien que la différenciation des produits au travers de la certification commerce équitable et biologique puisse améliorer les prix, si les producteurs de thé kényans veulent bénéficier de meilleurs prix, ils devront trouver le moyen de réduire les coûts de la certification.

Cependant, les propositions européennes actuelles visant à normaliser le contrôle des aliments et de l’alimentation animale à travers l’UE pourraient effectivement augmenter les coûts (voir articles Agritrade «  Les nouveaux contrôles des denrées alimentaires et de l’alimentation ani... », 7 juillet 2013, et «  Craintes concernant l’impact de la révision des contrôles européens de l... », 11 août 2013). 

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