CTA
Petite police
Polic moyenne
Grande police
English |
Passer à l'anglais
Français
Passer au français
Filtrer par Questions agricoles
Produits de base
Régions
Type de publication
Filtrer par date

Débat sur la mise en œuvre de l’APE et sur les préoccupations en matière de changement climatique

26 septembre 2010

Lors de la 31ème réunion des chefs de gouvernement du CARICOM qui s’est tenue du 4 au 7 juillet 2010, l’agriculture a été identifiée comme « un secteur prioritaire pour l’affectation des ressources financières et autres ressources », son importance « pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle et pour le développement des économies de la Communauté » étant reconnue. Une importance particulière a été accordée à la mise en place d’une agriculture efficace, de systèmes sanitaires et de sécurité des denrées alimentaires et de mesures sanitaires et phytosanitaires efficaces, et à la mise en fonction de l'Agence caribéenne pour l'agriculture, la santé et la sécurité des denrées alimentaires (Caribbean Agriculture, Health and Food Safety Agency, CAHFSA).

Les chefs de gouvernement ont également convenu de consolider leurs positions sur le changement climatique pour la prochaine conférence des Nations unies (NU) sur le sujet(novembre 2010). Le changement climatique, d’après un article de presse relayant les propos de l’ancien diplomate caribéen Sir Ronald Sanders, « produit déjà des effets désastreux sur les petits États insulaires », et les terres basses du littoral du Belize et de Guyana (qui sont en dessous du niveau de la mer) sont déjà en danger. Toutefois, il semble que ces vulnérabilités ne soient pas prises en considération ni dans l’accès aux financements concessionnels requis par les pays affectés pour pouvoir relever ces défis, ni dans les termes des accords commerciaux auxquels ces pays sont tenus d’adhérer.

Les commentaires de presse ont noté que « nulle part dans l’APE, l’UE ne reconnaît que ses émissions de gaz à effet de serre affectent négativement le changement climatique et portent préjudice aux petits États insulaires et aux zones littorales vulnérables. Et l’on ne tente nulle part de dresser une corrélation entre les coûts de ces effets nuisibles et les avantages commerciaux qui pourraient être accordés ». Un appel a donc été lancé pour élargir l’accès aux prêts concessionnels aux petites économies insulaires et vulnérables affectées, et à adapter les règles commerciales et les accords commerciaux via la mise en place d’une « catégorie spéciale du traitement spécial et différencié ».

Au même moment, en marge de la réunion de chefs de gouvernement, le président guyanais Bharrat Jagdeo a affirmé que son gouvernement avait eu « raison de tenir bon jusqu’à la dernière minute pour obtenir un « meilleur accord » pour les Caraïbes », puisque « bon nombre des choses que nous avions dites ont été adoptées et que l’accord nous poursuit dans nos négociations avec les autres ». Au même moment, le premier ministre de la Jamaïque a avoué que certains « problèmes de mise en œuvre » sont intervenus dans le cadre du processus APE. D’après certains rapports de presse, la région attend toujours avec impatience le lancement d’un « programme de soutien de $15 millions […] visant à améliorer la compétitivité des exportations caribéennes ». Le Premier ministre d'Antigua-et-Barbuda, Baldwin Spencer, a déclaré lors d’une interview accordée à la presse que l’un des défis se posant à la région est comment « extraire de l’UE les milliards de dollars disponibles pour les Caraïbes » et auxquels « pour des raisons obscures […] nous avons été incapables d’accéder ».

À la lumière de « la mauvaise santé de l’économie mondiale et des actions prises par l’UE depuis la signature de l’accord en 2008 », lors du sommet de juillet, les chefs d’État du CARIFORUM ont appelé à une « évaluation de l’impact sur les bénéfices escomptés de l’accord ».

Par ailleurs, des commentateurs du secteur privé ont affirmé que le secteur privé des Caraïbes avait constaté « peu d’avancées » dans le cadre de l’APE, et ceci malgré le soutien accordé par les gouvernements des États membres de l’UE au fonctionnement de plusieurs unités nationales de mise en œuvre. Les commentateurs du secteur privé ont affirmé qu’en dehors de la République dominicaine, « la plupart des entreprises dans les Caraïbes ne sont pas prêtes à exporter sur les marchés internationaux » et que cela alimentait « un pessimisme général concernant l’APE ».

Ces craintes doivent être envisagées dans le contexte du « coût de la crise financière et économique mondiale […] estimé à pas moins de 10% du PIB en 2009 », 10 pays caribéens sur 14 connaissant une croissance négative et huit pays de l’Union monétaire des Caraïbes orientales connaissant une contraction de 7,3% en moyenne. D’après le rapport de la Commission économique des NU pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), l’activité économique de près de six pays caribéens devrait connaître une contraction supplémentaire en 2010.

Commentaire éditorial

Les difficultés économiques à long terme auxquelles font face la majorité des pays du CARIFORUM offrent le contexte de la mise en œuvre de l’APE CARIFORUM-UE. D’après les chiffres Eurostat distribués avant le sommet UE-Amérique latine et Caraïbes en mai 2010, près de 11 pays CARIFORUM sur 15 ont vu la valeur de leurs exportations vers l’UE décliner depuis 2000. Dans des pays tels que St Kitts & Nevis et Grenade, ce déclin a été spectaculaire, de 91,7% et 80% respectivement, tandis que la valeur en euros des exportations jamaïcaines vers l’UE a chuté de 60%. Ce n’est que grâce aux performances d’exportation de Trinité & Tobago, exportateur de pétrole, et aux bonnes performances d’exportation de la République dominicaine (+85%) que les exportations régionales vers l’UE ont pu augmenter de 16,6%.

Ce déclin de la valeur des exportations caribéennes au niveau national est largement imputable aux développements intervenus dans le secteur agricole, notamment au processus de réduction des prix dans les secteurs sucrier et rizicole et à l’érosion de la position commerciale des fournisseurs caribéens dans le secteur de la banane. L’exception notable à cet égard est la République dominicaine, où les exportations en valeur de bananes et de sucre vers l’UE augmentent. La différence de performance met en lumière le fait que plusieurs économies du CARICOM n’ont pas été en mesure de combler le vide provoqué par le déclin des exportations agricoles de base. Ceci explique pourquoi tant de personnes nourrissent de grands espoirs et ont de grandes attentes concernant le processus APE.

L’on craint au niveau du secteur privé que, à l’heure où l’on devrait essentiellement soutenir le secteur privé caribéen à entreprendre un ajustement de la production et du commerce en réponse à l’accélération du processus d’érosion des préférences, plusieurs gouvernements régionaux sont toujours occupés à tenter de résoudre les problèmes de développement institutionnel régional.

Commenter

Termes et conditions