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Leçons du programme d’appui à la restructuration du secteur caribéen du rhum

03 juillet 2010

Le CTA et l’ECDPM ont publié un document de discussion dans leur série ‘Aide pour le commerce et agriculture’, examinant les leçons tirées pour les ACP de l’expérience du programme en faveur du secteur caribéen du rhum. Ce programme a été établi en réaction à la décision unilatérale de l’Union européenne de libéraliser l’accès au marché du rhum de l’UE en vertu d’un accord UE/US. Le programme était donc une réponse explicite au défi de l’érosion des préférences dans le secteur du rhum.

Suite à une campagne de lobbying efficace menée par le secteur caribéen du rhum et du gouvernement caribéen, quelques €70 millions ont été mis à disposition par l’UE pour financer un programme complet d’assistance afin de repositionner le secteur caribéen du rhum dans le marché mondial du rhum en pleine évolution. Le programme était géré depuis le secrétariat de l’association régionale de rhum(WIRSPA) (avec une équipe d’assistants techniques et un personnel renforcé) et conçu en étroite consultation avec les acteurs concernés de l’industrie. Le programme était donc orienté sur le marché et basé sur le secteur privé. Il comprenait quatre principaux éléments :

  • appui marketing pour aider à repositionner le secteur caribéen du rhum (par le biais du développement d’une marque globale de rhum caribéenne, appui pour la pénétration des marchés cibles identifiés et appui pour les programmes de promotion des entreprises individuelles) ;
  • une structure de soutien à l’investissement pour contribuer à la restructuration de la production nécessaire ;
  • une structure d’assistance technique pour fournir des conseils techniques spécifiques dans la restructuration de production ;
  • une structure d’assistance institutionnelle pour contribuer au développement d’une vision commune de l’industrie et à la gestion efficace du programme.

Programme de développement intégré pour le secteur caribéen du rhum

Composantes du programme Allocation €
Soutien aux producteurs caribéens de rhum (régime de subvention à coûts partagés – 4 fenêtres) 46.600.000
West Indies Rum & Spirits Producers’ Association – assistance institutionnelle 3.450.000
Programme ‘marque de rhum’ caribéen 16.900.000
Assistance technique 2.100.000
Suivi - évaluation 950.000
Total 70.000.000

Le document propose une analyse détaillée de tous les aspects du programme : le composant assistance institutionnelle et assistance technique, le composant régime de subvention à coûts partagés et le composante relatif à la marque. Douze leçons majeures pour les ACP sont tirées de cette expérience :

  • l’importance de disposer de leaders de l’industrie dans le secteur concerné développant une vision claire des défis rencontrés et des réponses requises, et la nécessité de développer une approche commune et complète à l’échelle de l’industrie du processus de restructuration;
  • l’importance centrale de confier la gestion du programme à une association industrielle respectée, représentative, responsable et efficacement gérée, afin de gagner et maintenir la confiance de toutes les parties prenantes concernées pour l’engagement dans le difficile processus d’ajustement du commerce et de la production ;
  • la garantie que les conseils techniques restent indépendants, mais engagés ;
  • la redéfinition du rôle de l’État comme facilitateur, pas comme moteur, du processus d’ajustement du commerce et de la production ;
  • le rôle central du régime de subvention à coûts partagés pour la stimulation de l’ajustement proactif du commerce et de la production, en : proposant un soutien aux dépenses d’investissement dans la modernisation (€24,5m), en abordant les problèmes du traitement de l’eau et environnementaux (€9,8 m), en soutenant le développement commercial (€0,9 million) et en soutenant les activités de marketing et distribution (€11,4 m). Ces mesures doivent être accompagnées par des mécanismes de gestion simples et efficaces pour la mise en œuvre de ces plans ;
  • la nécessité d’aborder en amont le goulet d’étranglement lié aux problèmes de passation des marchés de services et de fournitures, en établissant de manière conjointe un manuel spécifique de procédures pour la mise en œuvre des mesures d’ajustement de production et de commerce, reconnaissant les besoins spécifiques de ces programmes (p. ex. l’importance de tenir compte ‘meilleures pratiques’ au niveau des chaînes d’approvisionnement de manière à réduire les coûts de nouveaux investissements) ;
  • la nécessité de services d’assistance à développer pour l’administration des subventions à coûts partagés, de manière à garantir que des ‘business plans’ cohérents sont développés au niveau des entreprises, que les exigences administratives sont tout à fait comprises et que les goulets d’étranglement dans la mise en œuvre puissent être rapidement abordés ;
  • l’établissement, à l’étape de la conception, des niveaux appropriés de cofinancement des régimes de subvention à coûts partagés afin de promouvoir la ‘prise de risque’ dans le processus d’ajustement du commerce et de la production, compte tenu de la situation spécifique dans le secteur concerné ;
  • le développement de flexibilités dans la définition des modalités d’attribution des subventions à coûts partagés, afin que des fonds puissent être facilement réattribués où la demande d’assistance est la plus forte ;
  • la garantie de la cohérence procédurale et de la reconnaissance mutuelle entre les procédures de l’UE et les pratiques de gestion locales, dans une approche visant à promouvoir les ‘meilleures pratiques commerciales’ ;
  • la reconnaissance du processus long et difficile de développement de consensus sur la conception et la mise en œuvre de ces programmes et la modification de la période de mise en œuvre du programme compte tenu de ces réalités, afin que les exigences procédurales de l’UE n’arrêtent pas de manière prématurée la mise en œuvre d’un programme couronné de succès simplement sur la base de calendriers de mise en œuvre arbitraires ;
  • la garantie d’un dialogue continu entre toutes les parties prenantes (entreprises du secteur privé, syndicats, gouvernement, autorités régionales et la CE), afin de garantir la mise en œuvre fluide et efficace du programme global.

Commentaire éditorial

L’expérience du programme en faveur du secteur caribéen du rhum est très similaire à l’expérience des programmes internes d’ajustement du secteur agricole et alimentaire de l’UE mis en œuvre en vertu des programmes de développement rural axe-1, la principale caractéristique de ces programmes étant qu’ils sont orientés vers le marché et basés sur le secteur privé, et mis en œuvre dans le cadre d’une identification claire des objectifs politiques publics visés par le programme. Le programme en faveur du secteur caribéen du rhum propose un modèle pour le soutien de programmes d’ajustement dans d’autres secteurs à travers les pays ACP, où les arrangements institutionnels locaux et les cadres politiques requis existent (p. ex. l’existence d’une association industrielle respectée, représentative, responsable et efficacement gérée, un cadre politique considérant que le gouvernement joue essentiellement un rôle de facilitation dans le cadre d’objectifs politiques publics clairement définis, et où la délégation de la CE joue un rôle d’assistance actif). Il offre potentiellement un composant critique d’une réponse politique plus vaste et plus cohérente aux défis d’érosion de préférences rencontrées dans les secteurs du sucre, de la banane, du bœuf et du riz des pays ACP et, durant la période à venir, du secteur des fruits et légumes.

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