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L’approvisionnement alimentaire des Tonga de plus en plus dépendant des envois de fonds des expatriés

05 avril 2014

Le premier examen des politiques commerciales des Tonga réalisé par l’OMC depuis que le pays a rejoint l’OMC en 2007, publié en février dernier, estime que « les envois de fonds des expatriés ont aidé à financer un déficit commercial grandissant » depuis les années 1970, lorsque l’excédent de la balance commerciale s’est transformé en déficit structurel. Bien que l’agriculture soit « le pilier de l’économie des Tonga » (contribuant à environ 14 % du PIB en 2011/12), les Tonga sont un importateur net de produits agricoles. Le déficit de la balance commerciale s’est creusé considérablement au cours de ces deux dernières décennies. L’examen des politiques commerciales cite des statistiques de la FAO montrant que les importations agricoles ont plus que doublé (en dollars américains actuels) sur la période 1995-2010, tandis que les exportations agricoles, elles, ont chuté de plus de moitié.

Plus de la moitié de la production agricole des Tonga est destinée à la consommation intérieure. Mais une grande partie de la consommation alimentaire est fournie par les importations, ce qui rend le pays vulnérable aux flambées des prix internationaux. Étant donné que le commerce des services est en quasi-équilibre, les principales sources de devises (mis à part les envois de fonds des expatriés) pour financer les importations alimentaires et de carburants (qui représentent plus de la moitié du total) sont l’aide, les exportations agricoles limitées et, depuis fin 2011, les pêcheries, lorsque « le gouvernement a rouvert les eaux tongiennes aux navires de pêche étrangers dans le but de relancer la pêche au thon ».

Les courges ont trouvé un marché de niche au Japon et en Corée d’octobre à décembre, et l’examen des politiques commerciales affirme qu’elles sont devenues, « de loin, la première culture de rapport du pays », même si cela n’était plus le cas en 2010 (la dernière année pour laquelle des données commerciales ont été fournies), lorsque les exportations ont chuté à moins d’un dixième de leur niveau du milieu de la décennie. Le pays exporte des noix de coco ainsi que des légumes racines et du kava, qui « répondent principalement à la demande des Tongiens expatriés ». Les principales cultures sont les légumes racines tels que le taro, le manioc, l’igname et les patates douces. L'agriculture tongienne est « exposée aux catastrophes naturelles, en particulier aux cyclones et aux sécheresses occasionnelles », mais la production est également limitée car « il semble que des terres fertiles soient sous-exploitées, en partie à cause du grand nombre d'expatriés parmi les propriétaires fonciers tongiens ».

L’agriculture reçoit peu de soutien direct ou indirect du gouvernement. Un Fonds pour la commercialisation des exportations de produits agricoles a été créé en 2012 pour accorder des prêts à court terme à des conditions favorables aux exportateurs de produits agricoles. La plupart des prêts ont été jusqu’ici consentis aux exportateurs de courges. Des informations de presse indiquent que, grâce à l’aide du gouvernement australien allouée au titre du programme PHAMA (Pacific Horticultural and Agricultural Market Access), le gouvernement des Tonga soutient maintenant des innovations en matière de conditionnement et une campagne de positionnement de marque (« Kingdom of Tonga, the True South Pacific ») pour promouvoir les exportations agricoles. Au travers de ces innovations, les Tonga essaient d’aller au-delà des « réseaux commerciaux informels, tels que les communautés tongiennes et les groupes confessionnels à l’étranger », utilisés jusqu’à ce jour.

La seule protection contre la concurrence des importations est fournie par les droits de douane, le même taux étant appliqué à tous les partenaires commerciaux puisqu’il n’y a ni restrictions quantitatives, ni préférences tarifaires. Les droits de douane sur les produits agricoles avoisinaient les 10,7 % en moyenne en 2013, sur une fourchette de 0 à 20 %.

Des informations de presse indiquent également que, dans le but de surmonter la contrainte de compétitivité posée par l’éloignement du pays, certains producteurs optent pour la certification multiple (par ex. HAACP, biologique et commerce équitable). 

Commentaire éditorial

Les Tonga illustrent les problèmes qui se posent lorsque la productivité agricole ne suit pas le rythme de la demande des consommateurs et qu’il n’y a pas de sources importantes d’exportations de produits non agricoles. La migration peut « résoudre » la contrainte de change à court terme, mais cela présente des coûts. La main-d’œuvre d’un pays figure parmi ses ressources les plus précieuses, et par conséquent la migration ralentit le développement intérieur à moyen terme. En outre, les migrants qui reviennent au pays ramènent de nouvelles habitudes et les devises pour se faire plaisir. L’examen des politiques commerciales note la corrélation entre le déficit alimentaire croissant et l’augmentation de l’émigration.

Cette situation rend le pays très vulnérable : les prix des denrées alimentaires importées sont à la merci des marchés mondiaux et les sources de devises étrangères ne sont pas suffisamment robustes pour faire face à la flambée des prix. Toute résolution du problème devra inclure des mesures visant à s’assurer que toutes les ressources agricoles sont pleinement utilisées. Cela peut exiger un examen des systèmes de propriété foncière, qui peuvent être plus contraignants pour le développement agricole que le rôle des propriétaires fonciers expatriés identifiés dans l’examen des politiques commerciales de l’OMC.

En tant que pays éloigné confronté à des coûts de transport élevés, les Tonga font face à une barrière naturelle aux exportations, mais les producteurs nationaux bénéficient également d’une protection intégrée vis-à-vis des importations. Une substitution plus importante des importations semble être une première étape plausible.

L’examen des politiques commerciales cite le point de vue du FMI selon lequel les Tonga peuvent sortir du « piège du développement rampant » en développant une agriculture, une industrie de la pêche et un tourisme de niche à forte intensité de main-d’œuvre. Mais il considère que, pour cela, il faudra « procéder à de nouvelles réformes structurelles ». 

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