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Les organisations de producteurs ouest-africaines appellent à la mise en œuvre des engagements de la déclaration de Maputo

08 décembre 2013

Lors de sa réunion organisée au Liberia en septembre 2013, l’organisation d’agriculteurs de la région d’Afrique de l’Ouest ROPPA a de nouveau appelé les gouvernements ouest-africains à mettre en œuvre les engagements consentis dans la déclaration de Maputo. Cet appel fait suite à des appels similaires dans une déclaration conjointe de l’Association pour la promotion de l’élevage au Sahel et en savane (APESS) et du Réseau Billital Maroobe (RBM), qui rassemble des associations du Burkina Faso, du Mali et du Niger.

D’après ces organisations et réseaux d’agriculteurs, seuls quatre pays en Afrique de l’Ouest ont honoré leur engagement d’allouer 10 % de leur budget à l’agriculture (Burkina Faso, Mali, Niger et Sénégal), et moins de 10 sur les 54 pays de l’Union africaine ont atteint l’objectif de 10 %.

Le ROPPA met en avant une série de défis qui se posent à la région ouest-africaine, notamment :

  • l’accroissement de la dépendance à l’égard des importations alimentaires ;
  • l’insuffisance des investissements dans l’élevage et la pêche au regard de leur contribution au PIB ;
  • une attention insuffisante accordée à l’enjeu démographique ;
  • l’inadéquation de la plupart des plans nationaux d’investissement agricole (PNIA) en termes de capacité institutionnelle et financière, et quant à leur lien avec les défis de la région ;
  • une dépendance excessive à l’égard des ressources étrangères pour financer les investissements agricoles ;
  • un manque de clarté sur les acteurs et organismes qui sont éligibles à recevoir un soutien public.

Le ROPPA a appelé à la mise en place d’organes de surveillance pour suivre la mise en œuvre des engagements de la déclaration de Maputo.

Concernant la politique commerciale, le ROPPA a appelé à ce que des dispositions soient prises pour « réduire les contradictions entre les politiques sectorielles dans la région, en particulier entre le tarif extérieur commun (TEC), les PNIA et les politiques de gestion des ressources naturelles », adapter le TEC afin de réduire les fluctuations de prix pour les producteurs, et obtenir pour la CEDEAO le statut de membre de l’OMC, afin de négocier des « mesures qui favoriseraient une meilleure protection du marché régional notamment par des droits de douane consolidés à un niveau plus élevé ». Dans ce contexte, le 24 septembre 2013, le ROPPA a réaffirmé son rejet de l’APE Afrique de l’Ouest-UE.

Le 27 septembre, la CEDEAO a annoncé la mise en place de l’Agence régionale pour l’agriculture et l’alimentation (ARAA), dont le mandat est « d’assurer l’exécution technique des programmes et plans d’investissement agro-silvo-pastoraux dans la région ».

La CEDEAO a également annoncé que les ministres de l’agriculture de la CEDEAO ont adopté trois nouveaux programmes régionaux :

  • le programme d’appui à la régulation des marchés ;
  • le programme d’appui aux filets nationaux de sécurité ;
  • le programme d’appui à l’intensification agricole et pastorale.

En termes de mobilisation des ressources, les ministres de la CEDEAO ont recommandé :

  • qu’une agence soit créée aux fins de « développer des stratégies pour une participation effective du secteur privé au financement de l’agriculture » et « mettre en place des mécanismes simples permettant aux exploitations familiales d’avoir accès aux financements » ;
  • que les États membres « renforcent leurs efforts pour réaliser les engagements de Maputo » et qu’ils réservent « au moins 50 % des achats aux organisations paysannes locales pour la constitution d‘une réserve alimentaire régionale » ;
  • enfin, les ministres de l’agriculture ont demandé à la CEDEAO de « trouver une formule pour qu’une part fixe du prélèvement communautaire soit affectée au financement des programmes et projets régionaux, y compris une dotation annuelle à chaque État destinée au renforcement des stocks nationaux de sécurité ». 

Commentaire éditorial

Les dépenses publiques dans l’agriculture sont considérées comme un instrument clé de la réalisation des objectifs de développement nationaux. Dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest, le secteur de l’agriculture et les activités rurales offrent des emplois à environ 65 % de la population active, l’agriculture représentant 32 % du PIB. L’investissement public dans l’agriculture est par conséquent jugé comme ayant des effets de réduction de la pauvreté non négligeables.

Même si certains gouvernements ont, depuis 2003, occasionnellement dépassé l’objectif du Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine (PDDAA) (à savoir le Burkina Faso, le Tchad, le Ghana, la Guinée, le Mali, le Niger et le Sénégal), cela n’a pas été réalisé de manière cohérente. À l’opposé, dans certains pays ouest-africains tels que le Nigeria, les dépenses du gouvernement fédéral en faveur de l’agriculture en 2013 ne représentaient que 1,7 % du budget fédéral. Bien que les engagements politiques de l’Agenda de transformation agricole puissent se traduire par une augmentation du financement public, le gouvernement nigérian affiche une nette préférence pour l’utilisation active des instruments de politique commerciale agricole pour stimuler l’investissement du secteur privé dans la production agricole. Ces instruments politiques vont des interdictions d’importation directes (qui alimentent la contrebande à travers les frontières régionales) au conditionnement des licences d’importation à l’investissement dans la production agricole.

Cette utilisation active des instruments de politique commerciale agricole contraste nettement avec les politiques poursuivies dans certains autres pays ouest-africains, notamment le Ghana, où les instruments de politique commerciale agricole sont utilisés de manière bien plus sporadique.

Ces politiques commerciales agricoles divergentes soulignent la nécessité d’une plus grande harmonisation politique en Afrique de l’Ouest, en tant que partie intégrante d’une évolution vers un tarif extérieur commun et un commerce intra-régional plus libéralisé.

Bien que le ROPPA ait rejeté l’APE Afrique de l’Ouest-UE actuellement en négociation, il convient de reconnaître que toute mise en œuvre des APE intérimaires conclus au niveau bilatéral serait susceptible de grandement compliquer la mise en place d’un tarif extérieur commun en Afrique de l’Ouest.

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