CTA
Petite police
Polic moyenne
Grande police
English |
Passer à l'anglais
Français
Passer au français
Filtrer par Questions agricoles
Produits de base
Régions
Type de publication
Filtrer par date

L’impact du changement climatique sur les disponibilités en eau et la sécurité alimentaire

05 juillet 2011

Un rapport de la FAO sur l’impact du changement climatique vient d’être publié, mettant en garde contre le fait que « le changement climatique aura un impact majeur sur les disponibilités en eau pour l'agriculture et sur la productivité des cultures au cours des prochaines décennies ». L’enquête insiste sur la nécessité de la recherche, afin de cartographier les vulnérabilités des régions spécifiques, comme « une tâche essentielle aux niveaux national et régional ».

L’enquête de la FAO souligne comment les précipitations « augmenteront sous les tropiques et les latitudes plus élevées, mais elles diminueront sous les latitudes semi-arides déjà sèches et à l'intérieur des grands continents », générant « une plus grande fréquence des sécheresses et des inondations ». Globalement, « certaines zones de la planète où l'eau est déjà limitée deviendraient encore plus sèches et plus chaudes », tandis que « l'augmentation des températures devrait allonger la saison de croissance dans les zones tempérées de l'hémisphère nord mais elle la réduirait presque partout ailleurs ».

D’après la FAO, « les moyens de subsistance des communautés rurales ainsi que la sécurité alimentaire des populations urbaines sont sujets à risque », tandis que les ruraux pauvres, « qui sont les plus vulnérables, seraient touchés de façon disproportionnée ».

Au niveau politique, la FAO appelle à une meilleure gestion de l’eau par le biais de l’utilisation accrue de la « comptabilité de l’eau » afin d’améliorer la prise de décision sur l’utilisation de l’eau. Au niveau de l’exploitation, la FAO appelle les cultivateurs à « changer leurs modèles culturaux pour pouvoir planter plus tôt ou plus tard, réduisant ainsi leur utilisation de l'eau tout en optimisant l'irrigation ». La FAO affirme que « les rendements et la productivité peuvent être améliorés en adoptant des pratiques de conservation de l'humidité des sols, notamment le labour zéro ou minimum ». Cependant, la FAO « souligne que l'adoption de telles stratégies ne sera pas chose facile pour les petits producteurs des pays en développement ».

Les défis qui se posent aux petits exploitants est un des domaines soulignés dans le rapport Oxfam « Cultiver un avenir meilleur », publié en mai 2011. Le rapport affirme que les prix des denrées alimentaires de base devraient doubler au cours des 20 prochaines années, la moitié de cette augmentation étant imputable au changement climatique. Le rapport Oxfam appelle à une action des gouvernements:

  • investir dans l’agriculture durable, et plus particulièrement dans la capacité des petits exploitants à répondre au changement climatique ;
  • promouvoir une meilleure gestion du système alimentaire mondial, notamment au travers de l’utilisation des réserves alimentaires, l’introduction d’une plus grande transparence dans le fonctionnement des marchés des produits de base agricoles, et des règles pour limiter la spéculation et l’utilisation des restrictions à l’exportation ;
  • revoir les politiques défaillantes en matière de biocarburants, qui utilisent les céréales de base en tant qu’intrants de production pour des gains marginaux en termes de réduction des émissions de CO;
  • mettre fin aux subventions agricoles ayant des effets de distorsion des échanges ;
  • promouvoir la recherche et le soutien budgétaire pour les énergies propres.

En mai 2011, les ministres de l’Agriculture de la CAE ont organisé une réunion de deux jours sur la « Sécurité alimentaire et le changement climatique ». Les ministres ont appelé à une augmentation de l’enveloppe budgétaire consacrée à l’agriculture d’au moins 10 % d’ici 2015, et à la mise en place des structures de coordination appropriées pour garantir la mise en œuvre opérationnelle des engagements existants. Le Secrétariat de la CAE a été invité par les ministres à « s’engager activement dans l’agriculture, la sécurité alimentaire, l’environnement et les processus politiques de changement climatique aux niveaux régional et international ».

À la fin mai, le Secrétariat de la CAE s’est engagé à établir un système de rapport trimestriel sur les barrières non tarifaires au commerce, en vue d’accélérer leur élimination. Ceci est considéré par toute une série de parties prenantes comme critique pour le fonctionnement efficace du marché commun de la Communauté d’Afrique de l’Est.

Commentaire éditorial

Le défi du changement climatique comporte plusieurs facettes, et présente des liens importants avec un certain nombre d’aspects du commerce agricole. Certains analystes mettent en exergue l’importance de libéraliser le commerce afin de relever le défi du changement climatique. La levée des barrières tarifaires et non tarifaires au commerce faciliterait le transfert des denrées de base des pays à excédent vivrier vers les pays à déficit vivrier, en améliorant la capacité des régions vulnérables à gérer les conséquences inégalement distribuées du changement climatique. D’autres analystes soulignent l’importance de la politique commerciale pour garantir des opportunités commerciales durables pour l’augmentation de la production de denrées de base par les petits exploitants.

Ces discussions ont directement trait à l’utilisation d’une fourchette d’instruments de politique agricole et de politique commerciale agricole, depuis les restrictions à l’exportation jusqu’à l’utilisation des subventions internes. Elles ont également trait à la mobilisation des investissements afin d’éliminer les barrières non tarifaires d’infrastructure et logistiques au commerce, ainsi qu’à la résolution de problèmes liés au fonctionnement des chaînes d’approvisionnement, pour s’assurer que les coûts et bénéfices de l’ajustement au changement climatique soient distribués équitablement.

Toutefois, dans de nombreuses régions ACP, il n’y a pas de consensus sur quels types d’instruments de politique commerciale agricole contribuent le mieux à promouvoir le développement agricole durable dans le contexte de l’accélération du changement climatique. Les controverses actuelles au sein de la CAE concernant l’utilisation des restrictions à l’exportation, les réductions des droits de douane et l’élimination des barrières non tarifaires au commerce des denrées alimentaires de base sont parlantes à cet égard (voir article Agritrade Les décisions de politique commerciale concernant le maïs soulignent la...’, juillet 2011).

Au cours des prochaines années, les ministres ACP sont susceptibles d’être confrontés à des décisions difficiles car les engagements visant à gérer le changement climatique au travers d’une action régionale coordonnée risquent de se heurter à des pratiques divergentes des politiques nationales conçues pour garantir que la base nationale de la production de denrées de base ne soit pas fragilisée.

Commenter

Termes et conditions