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Les conséquences commerciales intra-régionales des restrictions à l’importation et à l’exportation

03 août 2014

En avril 2014, la Grain Traders Association of Zambia (GTAZ) a averti le gouvernement qu’à défaut de lever bientôt l’interdiction d’exportation de maïs « la Zambie passerait à côté de la demande régionale actuelle ». Ces commentaires ont été formulés alors que l’on s’attendait à une augmentation majeure de la production de maïs zambienne. Début mai, le Times of Zambia annonçait une récolte de 3 350 671 tonnes, soit une hausse de 32 % par rapport aux 2 532 800 tonnes de la dernière saison. Pas moins de 93 % de cette production provenaient des petits et moyens agriculteurs qui avaient bénéficié de l’élargissement du Programme de soutien aux intrants et d’une distribution d’engrais plus importante.

Outre sa récolte exceptionnelle, la Zambie possède un stock reporté de maïs de 597 192 tonnes. Avec une consommation de maïs nationale estimée à 1 887 824 tonnes, un excédent de maïs théorique de 1 152 505 tonnes est susceptible d’être disponible.

Au début de mai 2014, le gouvernement zambien a annoncé la levée de son interdiction d’exportation de maïs, mais a laissé en place le système de licences d’exportation. Toutefois, cela est intervenu dans le contexte de la suspension par le gouvernement du Zimbabwe de toutes les licences d’importation pour les produits alimentaires et des appels de la Grain Millers Association of Zimbabwe pour une suspension de toutes les importations de farine de maïs « afin de permettre aux minotiers d’absorber autant de maïs que possible auprès des agriculteurs locaux ».

Le président du syndicat des agriculteurs commerciaux a affirmé qu’une telle interdiction serait « contre-productive, parce que le pays produisait toujours moins que la consommation nationale ». Bien que le Zimbabwe ait le potentiel de produire 2,2 millions de tonnes de maïs par an (niveaux d’avant la réforme agraire), le Times of Zambia a noté que le pays « produit actuellement entre 900 000 et un million de tonnes par an ». Cette situation est en outre aggravée par les contraintes financières qui entravent les opérations du Conseil de commercialisation des céréales du Zimbabwe.

La bonne récolte zambienne, conjuguée à l’interdiction zimbabwéenne, a poussé les exportateurs de maïs zambiens à chercher des marchés alternatifs. Le ministre de l’agriculture de la Zambie a annoncé que le pays explorerait d’autres marchés étrangers, « au-delà des marchés régionaux d’Afrique australe existants pour l’exportation de maïs ».

Des opportunités de marché pourraient se présenter grâce aux discussions entre gouvernements lancées par le gouvernement kényan portant sur l’achat de 2 millions de sacs de maïs sans OGM avant août et la délivrance de licences d’importation aux minotiers agréés pour 1 million de sacs de maïs en franchise de droits avant la fin juillet.

Par ailleurs, le Centre for Trade Policy and Development (CTPD) basé à Lusaka, en partenariat avec l’Indaba Agriculture Policy Research Institute (IAPRI), examine les moyens par lesquels la Zambie pourrait améliorer son régime commercial du maïs. Il affirme que le gouvernement devrait développer « un mécanisme réglementaire pour les exportations de maïs qui soit transparent et fiable », notant « la nécessité de lignes directrices plus prévisibles, basées sur des paramètres convenus entre le gouvernement et le secteur privé ». 

Commentaire éditorial

La nature erratique des politiques d’exportation de la Zambie, ainsi que les politiques commerciales restrictives dans le Zimbabwe voisin, suggèrent que les exportateurs de maïs zambiens pourraient passer à côté des opportunités de marché régionales à moins que des mesures rapides ne soient prises. Il y a une demande non satisfaite au Kenya pour des importations commerciales, des accords d’approvisionnement négociés de gouvernement à gouvernement et une aide alimentaire pour une population croissante de réfugiés. Cela exigera à la fois des initiatives directes du secteur privé et des négociations en matière d’approvisionnement facilitées par le gouvernement.

Plus généralement, l’incertitude générée par la politique zambienne actuelle freine le développement de chaînes d’approvisionnement intra-régionales fiables. Ceci devrait gagner en importance à mesure que les politiques gouvernementales sur les organismes génétiquement modifiés (OGM) en Afrique orientale seront révisées. L’introduction d’une réglementation commerciale relative aux OGM moins restrictive pourrait rendre les marchés d’Afrique orientale moins attractifs aux yeux des exportateurs de maïs sud-africains, dans un contexte où la production de maïs d’Afrique du Sud est dominée par l’utilisation des semences GM.

Même si la Zambie bénéficiait encore d’avantages tarifaires du fait de son adhésion au COMESA, un examen politique visant à établir un régime commercial du maïs plus transparent et prévisible semblerait nécessaire, afin d’encourager la mise en place de modalités d’approvisionnement à long terme. Un tel examen paraîtrait opportun, étant donné l’analyse suggérant que les marchés céréaliers mondiaux ont trouvé un nouvel équilibre, caractérisé par une volatilité des prix moins extrême (voir article Agritrade «  Une réponse vigoureuse des producteurs des pays en développement à la cr... », 4 août 2014).

L’incertitude générale entourant le commerce intra-régional de maïs en Afrique orientale et australe suggère qu’il est nécessaire de mettre en place une Association des céréales d’Afrique australe, semblable au Conseil des céréales d’Afrique orientale (EAGC), travaillant en étroite collaboration et dialoguant avec les gouvernements et les structures régionales. Une réunion pour discuter de cela a été organisée par l’EAGC, la Confédération des syndicats agricoles d’Afrique australe et le CTA à Johannesburg en janvier 2014 (voir CTA, http://www.cta.int/en/article/2014-02-25/southern-african-grain-sector-m..., 25 février 2014). 

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