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La Fondation Fairtrade préconise une action réglementaire pour promouvoir la production durable de bananes

01 juin 2014

La Fondation Fairtrade a publié un rapport soulignant l’impact des « guerres de la banane » entre détaillants britanniques sur les producteurs de bananes. Au cours de la dernière décennie, le Royaume-Uni a été à l’avant-garde d’un mouvement des consommateurs vers les bananes du commerce équitable – 35 % de toutes les bananes vendues au Royaume-Uni sont maintenant certifiées comme équitables. La même période a également connu des guerres des prix constantes entre les détaillants, qui ont entraîné un déclin de 40 % du « prix de vente au détail des bananes au Royaume-Uni », lequel est passé de 1,08 £/kg en 2002 à 0,68 £/kg en 2013, dans le contexte d’un doublement des coûts des intrants pour les producteurs. Ceci contraste avec l’augmentation de 4 % du prix de vente au détail des bananes en Italie, de 7 % en Allemagne et de 10 % en France au cours de la même période.

Le rapport tente d’analyser le fonctionnement de la chaîne d’approvisionnement de la banane du Royaume-Uni et « d’évaluer à quel point la chute des prix de vente au détail est problématique pour les producteurs ».

Au Royaume-Uni, sept grands détaillants contrôlent plus de 80 % de toutes les ventes de bananes. Certains détaillants affirment qu’il n’y a pas de lien direct entre les coûts qu’ils supportent pour acheter les bananes et le prix qu’ils réclament aux consommateurs. Cependant, la Fondation Fairtrade considère qu’il existe « une corrélation à long terme évidente entre les prix de détail et les prix payés dans les pays producteurs de bananes ». Cela est basé sur une évaluation des prix moyens à l’importation de bananes, en tenant compte de l’inflation.

Selon le rapport, la recherche de la Fondation Fairtrade montre que « la baisse de la valeur du prix d’exportation conjuguée à une hausse du coût de la vie n’a pas permis aux travailleurs d’augmenter leurs revenus ». En outre, cette recherche fait apparaître que « les petits agriculteurs sont sous pression pour aligner leurs prix sur les prix payés aux grandes plantations ». Elle affirme que « les prix moyens dans les pays qui approvisionnent le marché de la banane britannique n’arrivent pas à suivre le rythme des coûts d’une production durable », et que « la pression sur les prix a engendré une tendance à (…) la marginalisation des petits producteurs ».

Le rapport estime que le prix minimum du commerce équitable (c’est-à-dire le prix en dessous duquel les prix ne devraient jamais descendre) est généralement considéré comme un prix de référence plutôt que comme le prix minimum absolu qu’il devait être à l’origine. D’après la Fondation Fairtrade, « la pression exercée pour baisser les prix (…) signifie que personne dans la chaîne d’approvisionnement – détaillants, compagnies bananières ou producteurs – n’est en mesure de réinvestir les bénéfices dans l’amélioration de la durabilité de l’industrie de la banane ».

À la lumière de ces constatations, la Fondation Fairtrade appelle les détaillants à :

  • « ne pas prendre leurs responsabilités éthiques à la légère », à résister à la pression « pour faire baisser les prix quel qu’en soit le coût » et à s’engager à payer un prix équitable pour les bananes couvrant les coûts d’une production durable ;
  • adopter des politiques visant à garantir une place pour la production des petits exploitants sur les marchés britanniques de la banane.

Elle appelle le gouvernement britannique à :

  • amender le code d’usages « Groceries Supply Code of Practice » afin qu’il couvre les producteurs étrangers qui approvisionnent les principaux détaillants britanniques via des tierces parties ;
  • « investiguer le marché de détail britannique des bananes et son impact sur la durabilité de la chaîne d’approvisionnement des bananes et la situation des producteurs et travailleurs du secteur de la banane ».

Elle appelle l’UE à :

  • « examiner les pratiques de fixation des prix des détaillants à travers l’Europe » et « évaluer l’impact des faibles prix de détail sur les intérêts à long terme des producteurs de bananes et des consommateurs européens » – et s’engager à agir sur ces conclusions ;
  • promouvoir la création d’un « médiateur similaire au Groceries Code Adjudicator du Royaume-Uni afin de réguler le pouvoir d’achat dans la vente de détail, à commencer par les bananes ».

La Fondation appelle également les gouvernements des pays producteurs de bananes à :

  • définir des niveaux de salaire minimums dans le secteur de la banane ; et
  • reconnaître le rôle des syndicats dans la négociation collective dans le secteur de la banane.

Commentaire éditorial

Il a été reconnu ces dernières années que l’inégalité dans les relations de pouvoir le long des chaînes d’approvisionnement peut potentiellement donner lieu à des pratiques abusives pouvant miner la base de l’agriculture (voir article Agritrade «  La CE propose une action pour améliorer le fonctionnement de la chaîne d... », 9 décembre 2009). Cela a débouché sur l’élaboration de mesures politiques pour prévenir l’émergence de telles pratiques. Dans le secteur sucrier, les accords interprofessionnels entre les cultivateurs de betterave sucrière et les broyeurs ont été rendus obligatoires. Dans le secteur laitier, on a laissé le soin aux autorités nationales de décider si une approche obligatoire ou volontaire des contrats d’approvisionnement laitier devait être adoptée.

Au Royaume-Uni, à l’échelle nationale, étant donné la structure du secteur de la vente de détail, et vu la forte concentration des ventes au travers de multiples détaillants, ces préoccupations ont abouti à l’élaboration du code d’usages « Groceries Supply Code of Practice » et sur la création du poste de « Groceries Code Adjudicator » du Royaume-Uni.

Les conclusions et recommandations du rapport de la Fondation Fairtrade sont un aspect politique important devant faire l’objet d’un dialogue ACP-UE, dans toute une série de secteurs où la valeur des préférences traditionnelles est érodée, plus particulièrement dans les secteurs de la banane, du sucre et de l’horticulture. Certains s’interrogent sur la pertinence d’un appel des gouvernements ACP :

  • à l’élargissement du code d’usages « Groceries Supply Code of Practice » pour couvrir les producteurs étrangers ;
  • à ce que cette approche soit généralisée à travers l’UE ;
  • à ce que la question soit abordée dans les forums de dialogue conjoints ACP-UE sur les questions commerciales.

Cela semble tout à fait indiqué, puisque la manière dont les chaînes d’approvisionnement fonctionnent au sein des marchés sucrier et de la banane de l’UE moins réglementés est susceptible d’avoir des répercussions importantes sur les bénéfices en termes de commerce et de développement dérivés de l’accès préférentiel futur au marché de l’UE dans ces secteurs. 

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