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Trouver des marchés commercialement viables pour le manioc s'avère être un véritable défi

29 novembre 2014

Début septembre 2014, les producteurs de chips de manioc nigérians ont exprimé leur frustration au sujet des prix proposés pour les exportations de chips de manioc vers la Chine. Les importateurs chinois proposaient semble-t-il « 250 dollars la tonne aux exportateurs nigérians ». Ceci contraste nettement avec les prix proposés ailleurs – 37,5 % de moins que le prix proposé sur le marché européen (400 $US/tonne) et 30 % de moins que sur le marché israélien (350 $US/tonne), par exemple. Les transformateurs ont averti qu'à un prix « inférieur à 400 $ la tonne » la transformation de chips de manioc pour l’exportation « ne sera pas viable ».

Ces déconvenues quant aux prix viennent s'ajouter aux coûts de financement élevés que connaît le Nigeria ainsi qu'aux coûts logistiques internes et de transport également élevés. Les faibles prix proposés par les importateurs chinois font qu'aucune exportation n'est encore intervenue au titre de l'accord conclu entre le gouvernement nigérian et les autorités chinoises « pour l’exportation de 3,2 millions (…) de tonnes de chips de manioc par an ».

Le marché chinois des chips de manioc n'aura pas été aidé par une deuxième année de production mondiale de céréales extrêmement élevée, qui a fait baisser les prix en août 2014 à un niveau inférieur de 11,7 % à ceux d'août 2013.  Une deuxième excellente année de production de céréales a également été enregistrée en Chine. Cela se traduira par une augmentation de l'utilisation du maïs produit en Chine dans l'alimentation animale et une nette réduction de la demande d'aliments pour animaux importés. Les stocks céréaliers de la Chine – le maïs étant le produit le plus important – sont maintenant à leur niveau le plus élevé de ces 15 dernières années, à 24,7 % de la consommation pour 2014/15, contre un plus bas à 18,4 % en 2007/08.

Le gouvernement nigérian, quant à lui, poursuit ses efforts pour promouvoir la mouture du manioc afin d'augmenter la demande locale de farine de manioc de qualité supérieure. Ceci inclut l’importation de « six minoteries de farine de manioc de qualité supérieure », et s'inscrit dans le cadre des efforts gouvernementaux plus larges pour promouvoir le mélange de farine de manioc de qualité supérieure avec la farine de blé, afin de réduire la facture des importations de blé.

Des informations de presse suggèrent que les efforts plus généraux visant à réduire les besoins en importations de blé du Nigeria rencontrent des problèmes, les agriculteurs abandonnant la culture du blé au profit d'autres cultures, faute d’avoir trouvé des débouchés commerciaux pour leur production de blé stimulée par les recommandations gouvernementales antérieures. Les agriculteurs s'attendaient à une intervention directe du gouvernement à l'appui de la commercialisation de cette hausse de la production de blé et, lorsque cela ne s'est pas produit, ils se sont détournés de la production de blé. Une analyse de presse a suggéré que les dysfonctionnements dans la chaîne de valeur du blé ont contribué à cette issue décevante. D'autres parties prenantes, cependant, ont incriminé la piètre qualité du blé produit localement, par rapport à la qualité du blé importé, comme étant la raison de l'échec à soutenir l’essor de la production de blé sur le long terme.  

Commentaire éditorial

Bien que les accords entre gouvernements puissent potentiellement ouvrir des portes au commerce sur des marchés non traditionnels, ils offrent peu de bénéfices dans le contexte de la chute des prix mondiaux, si la question cruciale des prix reste non résolue. Ceci suggère que, pour cibler de nouveaux marchés internationaux pour les ventes de manioc, une coopération plus étroite entre le gouvernement et le secteur privé s'avère nécessaire. Si cette coopération plus étroite n'est pas en place dès le début, les exportateurs peuvent être vulnérables à la chute des cours mondiaux des céréales, avec un impact direct sur les prix proposés pour les chips de manioc utilisés dans les aliments pour animaux.

Les difficultés rencontrées par l'initiative de mélange du manioc (voir articles Agritrade «  Des négociants nigérians examinent les défis qui se posent à l’initiativ... », 17 février 2014, et «  Le Nigeria va-t-il abandonner sa politique de mélange du manioc ? », 23 mai 2014) ainsi que les revers dans le développement de la production locale de blé pourraient, avec le temps, contraindre le gouvernement nigérian à revoir sa politique tarifaire pour le blé (voir article Agritrade «  L’USDA critique à nouveau implicitement la politique nigériane dans le s... », 19 janvier 2014). Cette révision saperait profondément les efforts déployés pour promouvoir la production de farine de manioc de qualité supérieure pour son mélange dans la production de pain et d'autres produits de boulangerie.

Ceci laisse penser qu'une nouvelle approche pourrait s'avérer nécessaire pour identifier et promouvoir les opportunités de commercialisation du manioc, afin que les efforts du gouvernement pour stimuler la production de manioc ne s'enlisent pas. 

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