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L’approvisionnement durable d’huile de palme s’avère moins coûteux qu’une mauvaise publicité pour les fabricants de produits de consommation de l’OCDE

07 juin 2014

D’après Euromonitor International, « le coût de la transition vers une huile de palme traçable et durable est marginal comparé aux effets à long terme d’une mauvaise publicité ». Par exemple, « en 2013, des groupes de consommateurs ont tourné le dos à Kellogg’s, après que des informations de presse eurent affirmé que son fournisseur (…) l’avait approvisionné avec de l’huile de palme illégale d’Indonésie ». D’après un analyste alimentaire d’Euromonitor, si la déforestation et les préoccupations environnementales ont incité « à peine 1 % des consommateurs de Kellogg’s (…) à arrêter d’acheter ses produits, les ventes de l’entreprise pourraient chuter de 200 millions $US ». Bien qu’il n’y ait eu aucune menace imminente d’un boycott des consommateurs, Kellogg’s a par la suite annoncé « son intention d’approvisionner une huile de palme durable et traçable ».

Euromonitor affirme que « la pression des groupes environnementaux et des consommateurs “verts” a contraint les fabricants alimentaires mondiaux à renforcer leurs politiques éthiques sur l’huile de palme face aux préoccupations croissantes en matière de déforestation et de durabilité ». Il note que « la plupart des grandes marques, notamment Nestlé, Pepsico, Danone et Unilever, se sont fixé des “objectifs durables” consistant à approvisionner 100 % de leur huile de palme via la Table ronde sur l’huile de palme durable – RSPO (pour plus d’informations, voir Agritrade, «  Note de synthèse – mise à jour 2013 : Secteur des oléagineux », 20 décembre 2013). Euromonitor relève que Kellogg’s « s’est fixé ses propres objectifs et n’acceptera que de l’huile de palme totalement traçable ».

Euromonitor fait observer que, sur « les 50 millions de tonnes d’huile de palme récoltées, seules 15 % sont certifiées par la RSPO », et que « les plantations illégales sont un énorme problème (…) du fait des systèmes de surveillance locaux défaillants, qui rendent la traçabilité difficile ». Sur la base de cette analyse, Euromonitor affirme que les entreprises qui tardent à adopter l’huile de palme durable pourraient être confrontées à de sérieux problèmes pour garantir leurs approvisionnements.

Dans de nombreux produits alimentaires transformés, le volume d’huile de palme utilisé est relativement faible, allant de 1 % dans le pain à 2 % dans les plats cuisinés, 4 % dans le chocolat et 14 % dans les biscuits. Dans ce contexte, avoir à faire face à un éventuel retour des consommateurs vers un approvisionnement non durable est de plus en plus considéré comme un risque inutile.

Dans le même ordre d’idées, en avril 2014, la RSPO a signalé une augmentation de 49 % de « l’adoption de l’huile de palme certifiée durable (CSPO) », de 340 668 tonnes à 506 586 tonnes au premier trimestre de 2014 comparé à la période équivalente en 2013. Les ventes d’huile « CSPO physique » se font par le biais de trois systèmes de certification : les chaînes d’approvisionnement Identité préservée (IP), Ségréguée (SG) et Bilan massique (BM).

Par ailleurs, les ventes de certificats GreenPalm ont augmenté de 54 %, passant de 555 906 tonnes à 853 338 tonnes au premier trimestre 2014, comparé au premier trimestre 2013. GreenPalm, un programme de certification pour l’huile de palme durablement produite, utilise un système « book and claim », et fournit un soutien financier direct à la production d’huile de palme durable.

Commentant les déclarations de la RSPO sur les résultats du premier trimestre, le directeur exécutif d’UTZ Certified a affirmé que « la transparence, l’information, la clarté et l’efficacité dans le commerce physique d’huile CSPO et de ses fractions le long de la chaîne d’approvisionnement sont de plus en plus importantes pour toutes les parties prenantes ».

D’après le directeur technique de la RSPO, de plus en plus d’entreprises s’engagent à acheter toute l’huile de palme dont elles ont besoin auprès de sources certifiées RSPO, nombre d’entre elles s’étant fixé 2015 comme échéance pour la réalisation de leur engagement.

Parmi les pays ACP, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, les îles Salomon et la Côte d’Ivoire ont une production d’huile de palme certifiée comme durable par la RSPO.

Par ailleurs, 27 entreprises alimentaires et organisations suédoises ont adhéré au Dialogue suédois sur le soja, une initiative qui entend garantir que « 100 % du soja utilisé pour la production de denrées alimentaires soit durable d’un point de vue social et environnemental d’ici 2015 ». Un objectif intermédiaire de 60 % d’approvisionnement durable a été fixé pour la fin 2014. 

Commentaire éditorial

Il convient de noter que 62,75 % de l’huile de palme durable approvisionnée au cours du premier trimestre de 2014 utilisaient le système de certification « book and claim ». Celui-ci permet aux fabricants de compenser leur utilisation d’huile de palme, d’huile de palmiste et de produits de la pression de la noix de palme en achetant des certificats GreenPalm auprès des cultivateurs, représentant un volume équivalent produit conformément aux principes et critères RSPO. Cependant, ce système de certification est de plus en plus critiqué par les ONG environnementales comme permettant aux producteurs non durables de profiter d’un marché en plein essor.

Compte tenu de la sensibilité des fabricants de produits de consommation aux pressions exercées par les consommateurs finaux pour des raisons éthiques, les pressions devraient se faire plus intenses au fil du temps pour approvisionner de l’huile de palme totalement ségréguée, de façon à ce que seule l’huile de palme physiquement certifiée comme durable soit intégrée dans les chaînes d’approvisionnement des entreprises engagées dans l’approvisionnement en huile 100 % durable.

Ces éléments suggèrent que les exportateurs d’huile de palme ACP devront de plus en plus investir dans la production, la transformation, le transport, le stockage et la livraison aux consommateurs finaux d’huile de palme certifiée, totalement traçable et ségréguée. En effet, vu les nouvelles préoccupations environnementales liées aux sous-produits de la transformation de l’huile de palme (voir article Agritrade «  Appels à davantage d’actions sur la durabilité de l’huile de palme », 11 avril 2014), des investissements supplémentaires pourraient bien être requis en matière de gestion des eaux usées à mesure que les exigences de durabilité seront approfondies.

Ceci soulève des questions de politique publique dans toute une série de domaines, depuis le dialogue avec l’UE sur les exigences d’étiquetage de la durabilité jusqu’à la politique publique sur la vente d’électricité cogénérée découlant des investissements dans la capture du méthane produit lors de la transformation, en passant par le soutien à une certification de la durabilité rentable dans le cadre des systèmes de production des petits exploitants. 

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