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Les problèmes du secteur de la volaille sud-africain aggravés par la hausse des exportations de l’UE

15 avril 2013

À la fin janvier, l’USDA a publié un rapport sur l’offre et la demande de viande de volaille en Afrique du Sud. D’après le rapport, la production de volaille a augmenté de 6 % en moyenne par an entre 2004 et 2008, mais elle progresse actuellement d’environ 1,6 % par an. Ceci traduit un ralentissement de la croissance de la consommation lié à la récession économique (+ 70 % entre 2000 et 2010, pour baisser de 4 % en 2012, et ensuite augmenter de 3 % en 2013) et une augmentation de près de 60 % des prix du maïs en 2012.

Le rapport montre que la situation a été aggravée par l’augmentation des importations de volaille, qui ont enregistré une hausse de 32 % entre 2010 et 2011, et une hausse supplémentaire de 13,2 % entre 2011 et 2012. Une autre augmentation de 7,3 % des importations est prévue pour 2013. En 2013, les importations de viande de volaille devraient atteindre 28 % de la production sud-africaine, un niveau dépassant la production du plus grand producteur de volaille d’Afrique du Sud.

Production, consommation, exportations et importations de volaille sud-africaine en 2011-2013 (en tonnes)

  2011 2012 2013
Production 1 370 000 1 395 000 1 415 000
Consommation humaine 1 685 000 1 754 000 1 800 000
Importations 325 000 368 000 395 000
Exportations 10 000 9 000 10 000

Source : USDA (voir ci-dessous), p. 15.

Entre octobre 2011 et octobre 2012, les prix de la volaille ont augmenté plus vite que les prix des autres viandes, cependant les producteurs sud-africains étaient toujours incapables de répercuter pleinement les hausses des coûts.

D’après l’USDA, le taux de croissance des importations de volaille vers l’Afrique du Sud est étroitement lié à la valeur du rand par rapport au dollar américain.

Des changements significatifs concernant la source des importations de volaille sont cependant intervenus. La part du Brésil dans les importations de l’Afrique du Sud est passée de 73 % en 2010 à 53 % en 2012, du fait de l’imposition de droits anti-dumping sur certains produits de viande de volaille du Brésil (qui ont ralenti la croissance des importations à 7 % en 2012) et de l’augmentation des importations en provenance de l’UE.

Les importations de volaille provenant des trois principaux exportateurs européens – les Pays-Bas (14 %), l’Allemagne (6 %) et le Royaume-Uni (6 %) – ont atteint 26 % des importations totales en 2012, contre à peine 3 % en 2010. Ces pays représentent 60 % des importations de volaille congelée non désossée, lesquelles constituent 40 % des importations totales de viande de volaille. D’après le PDG de l’Association sud-africaine de la volaille (SAPA), « dans les trois années à compter de 2010, l’UE est passée d’une part de marché de 0,5 % à 70 % ».

Ceci fait suite à une croissance continue de la production de l’UE, à un déclin de la consommation de l’UE et à des stratégies d’exportation actives poursuivies par les entreprises européennes ciblant les marchés africains (pour plus de détails sur les tendances dans le secteur de la volaille de l’UE, voir article Agritrade « Développements et perspectives du secteur de la volaille de l’UE », à venir 2013).

D’après une déclaration de presse du Congrès des syndicats sud-africains (COSATU), ces développements inquiètent le Syndicat sud-africain des travailleurs de l’alimentation et des secteurs connexes (FAWU), qui a appelé à un sommet tripartite urgent pour « débattre de stratégies permettant d’éviter que le secteur ne soit évincé de la fabrication ». D’après la déclaration, « sur les 272 petites exploitations examinées par la SAPA en novembre 2012, la moitié ont cessé leurs activités et quatre des producteurs moyens (…) ont fait faillite », tandis que les autres ont « réduit leur production de 25 % à 50 % ».

Cependant, les manœuvres destinées à augmenter les droits de douane ont été critiquées dans une déclaration faite par l’Alliance démocratique du pays, qui les accuse de porter préjudice aux pauvres en augmentant les coûts d’une source de protéines bon marché. L’Alliance affirme qu’environ un tiers de toutes les importations de viande de volaille se fait sous la forme d’une pâte (utilisée pour fabriquer des produits transformés tels que les saucissons et saucisses) qui n’est pas produite par les transformateurs de volaille sud-africains.

Commentaire éditorial

Le gouvernement sud-africain entend appliquer une politique tarifaire plus sophistiquée et transparente à l’appui des objectifs de développement industriel. Le débat sur les droits de douane futurs du secteur de la volaille doit être envisagé sous cet angle. Le régime tarifaire sophistiqué de la volaille de l’UE pourrait bien être porteur de leçons à cet égard.

La situation en Afrique du Sud est cependant compliquée par le lien existant entre les mouvements du taux de change et les flux commerciaux de la volaille, et aggravée par la hausse des coûts intérieurs de l’alimentation animale. Des questions se posent non seulement sur le régime tarifaire de la volaille, mais également sur le cadre de la politique commerciale des céréales (voir articles Agritrade «  Le profil d’exportation de l’Afrique du Sud complique la situation relat... », 2 décembre 2012, et «  Le débat sur la réglementation des exportations de maïs s’intensifie en... », 12 février 2012).

L’approche plus générale qui est examinée a donc trait non seulement aux niveaux tarifaires appropriés au sein des plafonds consolidés, mais aussi à l’éventail plus vaste des mesures politiques requises pour soutenir le développement d’un secteur de la volaille local capable de fournir des sources de protéines sûres et à faible coût aux consommateurs sud-africains.

Comme la SAPA l’a suggéré, la formulation de la politique tarifaire pourrait bien être compliquée par les engagements d’élimination tarifaire inclus dans l’ACDC Afrique du Sud-UE, qui sont susceptibles d’exiger « d’autres mesures » pour gérer l’augmentation des exportations européennes de viande de volaille. Ceci est un aspect potentiellement important à prendre en considération par les négociateurs ACP dans les négociations d’APE actuelles.

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