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Les petits producteurs de thé kényans bénéficient de prix plus élevés

18 novembre 2012

Le 18 septembre 2012, la Kenya Tea Development Agency (KTDA) « a annoncé des recettes record de 61,4 milliards KSh pour les petits producteurs, soit une augmentation de 12,5 pour cent par rapport au dernier exercice financier ». Les petits producteurs de thé ont ainsi encaissé 45,3 KSh milliards, soit 12 % de plus que lors de la campagne 2010/11 et 19 % de plus qu’en 2009/10, d’après la KTDA.

L’augmentation des recettes s’explique par « les meilleurs prix du thé, les taux de change favorables, une gestion des coûts rationnelle par les usines de thé, une gestion efficace et une production de thé plus importante » (une augmentation de 8 %). D’après le directeur général de la KTDA, « le prix de vente net moyen du thé par kg a augmenté à 3,2 dollars (soit 273,08 KSh) en 2011-2012 contre 3,07 dollars (248,95 KSh) en 2010-2011 (…), [ce qui représente] une augmentation de 9,7 pour cent ». Par ailleurs, 7,7 % de cette augmentation des recettes en shillings kényans ont été attribués aux mouvements de change entre 2010/11 et 2011/12.

Les paiements pour les feuilles de thé vert ont augmenté à 50,1 shillings kényans par kg en 2011/12, soit une augmentation de 3,3 %, « plaçant les petits producteurs de thé de la KTDA parmi les mieux payés au monde ». Les 65 usines de transformation du thé de la KTDA « sont détenues par 54 entreprises de thé, dont les actionnaires sont les 560 000 petits producteurs de thé qui sont aussi les fournisseurs de feuilles ». Les chiffres comparatifs pour les paiements aux producteurs de thé dans d’autres pays producteurs de thé, figurant dans les rapports du Conseil kényan du thé, mettent en exergue les écarts s’agissant des paiements : les petits producteurs de thé reçoivent 41,19 KSh/kg au Sri Lanka, 24,019 KSh/kg en Inde et à peine 9,21 KSh/kg en Tanzanie.

Le secteur du thé kényan, cependant, est toujours confronté à des défis majeurs « liés aux coûts de production élevés, aux taux de change imprévisibles, à la réduction de la taille des exploitations et aux conditions météorologiques défavorables ». L’année dernière, les coûts d’exploitation ont augmenté de 15 %, et, en conséquence, un certain nombre d’initiatives ont été lancées pour réduire les coûts des intrants, en particulier les coûts de l’énergie. À plus long terme, le changement climatique posera une menace sérieuse à la production de thé du Kenya : la FAO a soutenu le développement d’un projet pilote d’atténuation du changement climatique, plusieurs organisations évaluent l’impact escompté et identifient les mesures d’adaptation, et les parties prenantes de l’industrie du thé ont formé un groupe de travail sectoriel.

Le rapport de performance du Conseil kényan du thé de juin 2012 montre une reprise de la production de thé après un mauvais départ de la saison, les plantations publiques dépassant le secteur des petits exploitants (+ 12 % en juin 2012 comparé aux chiffres de juin 2011). La production de thé en 2012 devrait être de 4,5 % inférieure à la production en 2011 (360 millions de kg contre 377 millions de kg).

Les exportations au cours des six premiers mois de 2012 étaient de 1,9 % inférieures aux niveaux d’exportation de la même période en 2011 : les exportations vers l’UE ont chuté à 16 % des exportations totales, contre 19,6 % en 2011. Les exportations de thé du Kenya vers les marchés européens tels que les Pays-Bas, la Finlande et la Grèce ont plus que doublé, mais cela a été éclipsé par le déclin des importations de thé du Royaume-Uni. L’Égypte représente maintenant 21 % des exportations de thé du Kenya, le Pakistan, la Russie et le Soudan figurant également parmi les principales destinations d’exportation du Kenya. 

Commentaire éditorial

Le tableau optimiste des meilleures recettes des petits producteurs de thé kényans est néanmoins assombri par des nuages à court et long terme. En 2011, certains se sont dits inquiets de l’impact de la dépréciation du shilling kényan sur les coûts des intrants, en particulier au vu des hausses généralisées des coûts des intrants agricoles au niveau mondial. En outre, les pressions inflationnistes générales ont été jugées comme étant un facteur expliquant les conflits sociaux parmi les travailleurs des plantations. Ces facteurs de coûts doivent être pris en compte pour juger de la rentabilité relative du secteur du thé kényan par rapport à d’autres producteurs de thé.

Cependant, malgré ces préoccupations concernant les effets de la dépréciation du shilling kényan sur les coûts des intrants, entre septembre 2011 et septembre 2012, une appréciation significative de la valeur du shilling kényan par rapport au dollar américain est intervenue (+ 14,5 %), relâchant quelque peu la pression.

À moyen terme, une concurrence plus intense exercée par le Dubai Tea Trading Centre (Centre de négoce du thé de Dubaï) pourrait s’avérer problématique pour les enchères de Mombasa, les volumes négociés en 2011 étant de 5 % inférieurs à ceux négociés en 2010. Les ventes au mois de juin 2012, cependant, étaient de 29 % inférieures aux volumes vendus aux enchères lors du même mois en 2011, ce qui suggère une intensification de la concurrence.

À plus long terme, le changement climatique menacera les petits producteurs de thé kényans. Les grandes régions de production de thé du Kenya devraient devenir moins adaptées d’ici 2020, pour carrément devenir inadaptées à la culture du thé d’ici 2050. Le développement d’une nouvelle cartographie de la production du thé au Kenya s’avère très important, tout comme la mise en place d’une police d’assurance couvrant les risques climatiques pour le secteur agricole et l’apport d’un soutien aux agriculteurs s’engageant dans les processus de restructuration liés au climat. La promotion des activités de transformation à plus forte valeur ajoutée dans le contexte d’une production de thé moins importante semble également être un problème important auquel est confronté le secteur du thé kényan.

Au niveau du gouvernement, une stratégie est-africaine concertée visant à mobiliser l’aide pour la restructuration du secteur du thé liée au changement climatique pourrait potentiellement apporter des bénéfices considérables. 

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