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Impact du changement climatique sur la production de cacao en Afrique de l’Ouest

07 janvier 2012

Un rapport rédigé par des scientifiques spécialistes du climat du Centre international pour l’agriculture tropicale (CIAT) basé en Colombie, commandé par la Fondation Bill et Melinda Gates, prévoit que « la hausse des températures engendrera des chutes drastiques de la production de cacao d’ici 2030 au Ghana et en Côte d’Ivoire ». Le Ghana et la Côte d’Ivoire produisent actuellement environ 53 % de l’offre mondiale commercialisée de cacao, le Ghana produisant un cacao de première qualité qui fait figure de référence pour les marchés mondiaux. D’après le rapport, « des températures plus élevées signifient que les cacaoyers sensibles à la chaleur lutteront pour obtenir suffisamment d’eau lors de la période de croissance, réduisant ainsi le développement des cabosses de cacao ».

Cependant, le Conseil du cacao du Ghana a minimisé le rapport, affirmant qu’il met en place des « mesures pour réduire l’impact du changement climatique sur la production de cacao dans le pays ».

Dans le Nigeria voisin, le vieillissement des producteurs de cacao pourrait entraîner un sous-investissement dans le renouvellement des plantations de cacaoyers. Actuellement, la majorité des producteurs de cacao nigérians ont plus de 60 ans, alors que ce groupe d’âge ne représente que 3,1 % de la population générale. Cela est jugé comme un facteur pouvant freiner les efforts du gouvernement visant à promouvoir le triplement de la production de cacao.

Des articles de presse suggèrent que cela n’est qu’un aspect du problème. Ces dernières années, les coûts salariaux dans ce secteur ont augmenté plus vite que les prix du cacao, tandis que le secteur de la transformation est caractérisé par un manque d’investissements, des arrêts fréquents des activités et une sous-utilisation (à peine un tiers de la capacité installée est apparemment utilisé). Les taxes et droits prélevés par le gouvernement sont également considérés comme un frein à l’augmentation de la production de cacao au Nigeria.

Les analystes d’Agrimoney affirment que les prix du cacao sont soutenus par une hausse des activités de broyage de cacao en Europe (+ 14 % au cours du dernier trimestre comparé à 2010), avec l’Allemagne en tête. Toutefois, cette hausse des activités de broyage est en partie liée aux effets persistants des troubles politiques en Côte d’Ivoire survenus un peu plus tôt dans l’année, le broyage annuel n’ayant augmenté que de 8,5 %. Cette augmentation s’explique également par les exportations d’Europe vers « les pays émergents, où la consommation affiche une forte croissance ».

Commentaire éditorial

Les chiffres des broyages du cacao en Europe, un indicateur de l’évolution de la consommation, au troisième trimestre 2011 ont surpris par l’ampleur de la hausse en particulier en Allemagne avec + 36 %. Ils progressent aussi, dans une moindre mesure, aux États-Unis, mais reculent en Malaisie. Demeure tout de même une incertitude quant à l’évolution de la consommation sur les prochains mois avec la crise économique qui sévit en Occident et les signes de ralentissement en Asie. Si le trend de croissance de la consommation mondiale est anticipé à 2,5 % pour 2011/12, il pourrait facilement baisser à 1 %.

En outre, après une campagne 2010/11 record en Afrique de l’Ouest, avec notamment plus de 1 million de tonnes (Mt) au Ghana et 1,48 Mt en Côte d’Ivoire, la campagne 2011/12, qui a démarré en octobre, se présente sous de bons auspices avec des conditions climatiques favorables. L’International Cocoa Organisation estime que le marché pourrait être excédentaire en 2011/12, une situation qui pèsera sur les prix, qui ont perdu sur les derniers mois sur les marchés de Londres et de New York.

Au Nigeria, la Cocoa Processors Association of Nigeria (COPAN) interpelle le gouvernement depuis plusieurs années sur les difficultés du secteur de la transformation au Nigeria qui souffre notamment du coût élevé des fèves de cacao et des coupures d’électricité. D’environ 18 unités de transformation d’une capacité de 200 000 tonnes en 1986, elles ne sont plus que quelques unes, et transforment moins de 40 000 tonnes par an. La COPAN pointe du doigt la dérégulation du secteur avec des prix au producteur déterminé par les prix internationaux du cacao et de la fluctuation du naira. Les prix internationaux élevés du cacao ont conduit à une hausse de plus de 50 % du prix domestique sur les cinq dernières années, conduisant plusieurs unités de transformation à fermer. Un autre point de grief est les délais de paiement de l’Export Expansion Grant (EEG). Cette dernière est une incitation financière accordée par le gouvernement pour favoriser les exportations non pétrolières et la transformation locale. Face à cette situation, la COPAN estime que les unités de transformation pourraient délocaliser leur production, à l’image de Cargill qui a quitté le Nigeria il y a trois ans pour s’implanter au Ghana avec une unité d’une capacité de 60 000 tonnes.

L’étude de l’International Centre for Tropical Agriculture (CIAT) sur l’impact du réchauffement climatique sur la culture du cacao en Afrique de l’Ouest est certes inquiétante mais les effets, s’ils se réalisent, ne devraient l’être qu’en 2050, ce qui laisse une certaine marge de manœuvre. Le CIAT préconise d’ailleurs dans son rapport certaines mesures pour l’atténuer : la multiplication des projets pour une production durable du cacao en Afrique de l’Ouest est un signal aussi positif pour une meilleure prise en compte de l’environnement.

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