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Le secteur du café éthiopien pris au dépourvu par la chute des cours mondiaux en 2013/14

20 juillet 2014

L’examen annuel du secteur du café éthiopien par l’USDA, publié en mai 2014, souligne l’importance du café pour les recettes d’exportation totales éthiopiennes (25,3 %) ainsi que les moyens de subsistance (15 millions de personnes impliquées directement et indirectement), mais note comment l’Éthiopie a été prise au dépourvu en 2013/14 par la chute des cours mondiaux. Bien que les volumes d’exportation éthiopiens aient augmenté (+ 8 %), les recettes d’exportation totales ont en réalité baissé.

Quatre-vingt-treize pour cent de toutes les entreprises d’exportation de café en Éthiopie sont privées, 5 % appartiennent à des coopératives d’agriculteurs et 2 % sont des entreprises publiques. Le marché du café éthiopien est strictement réglementé : l’USDA note que « tous les négociants de café doivent acheter du café via la Bourse éthiopienne des produits de base, excepté les coopératives et les producteurs à grande échelle ». Compte tenu de l’importance du café pour les recettes d’exportation, le gouvernement éthiopien a émis un règlement en mai 2011 « limitant le volume pouvant être stocké par un exportateur » (500 tonnes), et introduisant des sanctions strictes pour la thésaurisation de café.

L’Éthiopie exporte principalement son café sous la forme de fèves vertes, le volume de café torréfié localement restant faible. La plupart de ses exportations sont non lavées (70-80 %), ce qui se traduit par des prix plus bas sur la plupart des marchés d’exportation.

L’Éthiopie est elle-même un grand consommateur de café, consommant la moitié de la production nationale. Le café commercialisé localement est généralement de qualité inférieure, comprenant du café ne satisfaisant pas aux normes de qualité de la Bourse éthiopienne des produits de base. Malgré ces différences de qualité, les prix du café sur le marché local sont souvent plus élevés que les prix à l’exportation. Il est cependant illégal de vendre du café destiné à l’exportation sur le marché local.

L’USDA fait observer qu’au vu des méthodes de production traditionnelles utilisées, avec un emploi limité de pesticides, d’engrais et de semences améliorées, les rendements sont « très faibles ». Toutefois, compte tenu de ces pratiques de production, 95 % du café produit en Éthiopie se revendique comme étant biologique. Bien qu’un faible volume soit certifié biologique, cela pourrait servir d’argument pour la commercialisation internationale du café éthiopien.

Le gouvernement éthiopien entend restructurer le secteur « en désignant une institution spécialisée pouvant fournir un soutien technique à la filière du café ».

En 2012/13, 49 % du café éthiopien (en volume) étaient exportés vers sept pays de l’UE, ceci représentant 40,1 % de la valeur des recettes d’exportation. Il existe des écarts importants dans les prix moyens payés sur les différents marchés de l’UE – les prix moyens payés pour les exportations vers le Royaume-Uni sont près de 56 % supérieurs aux prix moyens payés pour les exportations vers la France, et supérieurs de 47 % à ceux pour les exportations vers l’Allemagne.

Exportations de café éthiopien en valeur et en volume par destination pour 2012/13

Pays Volume
(milliers de sacs de 60 kg)
Valeur
(milliers $US)
% du volume Valeur unitaire des exportations ($/sac)
Allemagne 853 167 935,2 26,5 196,9
Arabie saoudite 462 104 113,9 14,3 225,4
Japon 392 78 514,4 12,2 200,3
Belgique 256 56 014,0 7,9 218,8
États-Unis 231 64 079,1 7,2 277,4
France 162 30 061,1 5 185,5
Soudan 147 21 230,6 4,6 144,4
Italie 146 32 246,1 4,5 220,9
Corée du Sud 80 19 392,3 2,5 242,4
Suède 75 16 652,0 2,3 222,0
Royaume-Uni 67 19 369,7 2,0 289,1
Australie 51 12 933,8 1,6 253,6
Russie 35 6 675,4 1,1 190,7
Canada 27 6 901,0 0,8 255,6
Espagne 27 6 762,0 0,8 250,4
Autres pays 215 51 737,0 6,7 240,6
Total 3 224 694 618,0 99,5 215,4

Source : USDA (voir ci-dessous) ;  colonnes 1 à 4 du tableau 2, pages 6-7.

Les cours internationaux du café se sont améliorés depuis février 2014, mais en avril 2014 ils étaient encore inférieurs de 25 % aux niveaux record d’avril 2011 (302,71 cents US/livre).

Café, autres arabicas doux (ICO, en cents US par livre)

  2011/12 2012/13 2013/14
Juin 277,78 169,79 138,86
Juillet 269,18 190,77 138,44
Août 273,54 175,97 135,63
Septembre 275,58 179,60 132,78
Octobre 248,49 172,37 128,83
Novembre 249,50 160,64 122,75
Décembre 243,14 154,22 126,74
Janvier 240,89 158,27 135,03
Février 225,49 153,00 176,28
Mars 201,85 153,01 216,06
Avril 193,35 152,96 226,99
Mai 186,35 151,43 215,24

Source : Indexmundi.com (voir ci-dessous).

Commentaire éditorial

Puisque le gouvernement éthiopien entend restructurer le soutien au secteur du café, la grande question sera le développement de stratégies visant à réduire la vulnérabilité à la volatilité des cours mondiaux du café et à maximiser les revenus des exportations vers les différents marchés desservis.

La promotion d’une certification biologique reconnue sur le plan international pourrait offrir un moyen de réduire la vulnérabilité aux baisses des cours du café. Cela, cependant, exigera le développement d’une capacité de certification locale pour juguler les coûts de la certification. Pour le marché de l’UE, les changements réglementaires imminents visant à établir une conformité plus stricte avec les normes biologiques courantes de l’UE pourraient poser quelques problèmes (voir article Agritrade «  La CE prévoit une nouvelle réglementation pour le secteur biologique », 11 mai 2014). Cela pourrait nécessiter l’exploration des opportunités de vente de café biologique dans d’autres marchés où la demande est en hausse (par ex. la Chine) et la négociation de la reconnaissance des normes locales pour la certification biologique (voir article Agritrade «  Un rapport souligne l’augmentation de la production biologique à destina... », 13 juin 2013).

Il apparaît également possible d’améliorer la commercialisation. Par exemple, si les prix obtenus sur les exportations vers l’Allemagne et la France pouvaient être augmentés jusqu’à la moyenne de l’UE, cela accroîtrait les recettes totales de 3,2 %, tandis que, s’ils pouvaient être augmentés jusqu’aux niveaux britanniques, les recettes totales progresseraient de 13,7 % (95,4 millions $US). L’abandon des exportations de denrées non différenciées au profit de la commercialisation ciblée de fèves de cacao et même de café représente une opportunité considérable pour l’Éthiopie.

À défaut d’aborder les problèmes de commercialisation, les efforts pour doper la production et les exportations pourraient une fois encore faire les frais de la volatilité des cours mondiaux du café, l’augmentation des exportations générant des recettes d’exportation inférieures.

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