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Des négociants nigérians examinent les défis qui se posent à l’initiative du pain au manioc

16 février 2014

La National Association of Nigerian Traders (NANTS) a réalisé un examen de l’expérience du programme du gouvernement nigérian visant à introduire un mélange de farine de manioc dans la fabrication du pain, et des défis auxquels il est confronté. Le but du programme est de « réduire de 30 % les dépenses annuelles d’importation de blé du pays qui atteignent environ 625 milliards de nairas [2,84 milliards €] ». Concernant l’adoption du pain au manioc, le rapport NANTS note « un intérêt chez 94 pour cent des Nigérians interrogés », mais que « le niveau de production du pain au manioc reste à ce jour insignifiant et se cantonne essentiellement aux entreprises de boulangerie ». Bien que les responsables gouvernementaux aient reconnu que le programme est confronté à de « sérieux défis », ils ont affirmé que le gouvernement « est en train de créer des opportunités de marché de façon à ce que ceux qui peuvent produire rejoignent ce commerce ».

Le rapport NANTS a identifié six grands défis qui se posent à la mise en œuvre du programme de mélange de manioc :

  • un déficit de manioc pour un usage industriel : 80 % du manioc produit dans le pays est déjà utilisé pour la consommation directe, seulement 20 % sont donc disponibles pour un usage industriel ;
  • des difficultés techniques à garantir la qualité requise de la farine de manioc, en partie en raison de l’absence de formation adéquate ;
  • des exigences d’étiquetage peu claires, de sorte que les consommateurs ne sont généralement pas conscients de l’utilisation de manioc dans la production de pain, en lieu et place de la farine de blé ;
  • des préoccupations infondées concernant des risques pour la santé dus à une éventuelle menace fongique induite par l’utilisation de la farine de manioc ;
  • la nécessité de renforcer les capacités techniques le long de la chaîne d’approvisionnement pour fournir une farine de manioc de qualité pouvant être utilisée dans les mélanges de farine manioc/blé pour la production du pain ;
  • l’accès au financement pour l’initiative : d’après les responsables gouvernementaux, 9,9 milliards de nairas [45 millions €] ont été alloués à l’initiative, et les structures institutionnelles pour les mesures du gouvernement sont maintenant en place, mais « aucune somme d’argent n’a été libérée jusqu’à présent ».

Un examen portant sur l’adoption de la farine de manioc dans l’État de Katsina, réalisé par le journal Leadership en décembre 2013, a suggéré que les consommateurs étaient peu conscients de l’existence du pain au manioc et, lorsqu’ils en avaient connaissance, noté chez eux une certaine réticence à l’égard du pain fabriqué à partir du mélange manioc/blé, en raison des qualités gustatives du pain produit. Des problèmes liés à la durée de vie du pain contenant du manioc ont également été signalés.

Les responsables gouvernementaux, cependant, ont fait valoir que, vu le taux de mélange de 20 % requis, il n’y aurait pas d’effets adverses sur le produit, affirmant que le « pain au manioc est bien accueilli ».

Des représentants de la Katsina State Bakery Association ont salué l’initiative du gouvernement sur le manioc mais ont déclaré que « le gouvernement fédéral doit encourager la création d’entreprises qui produiront de la farine de manioc s’il souhaite réellement que l’initiative porte ses fruits, car, à l’heure actuelle, il n’y a pas de farine de manioc ».

D’après des informations de presse citant le président du National Root Crop Research Institute, le Nigeria devrait avoir doublé sa production de manioc en 2013. 

Commentaire éditorial

Deux années après le lancement de l’Agenda de transformation agricole du gouvernement fédéral, qui a introduit l’initiative du pain au manioc, les Nigérians attendent encore de voir des résultats notables. Aucune réduction significative de la facture des importations de blé n’est encore intervenue, et aucun des effets de création d’emplois et d’amélioration des moyens de subsistance ne s’est encore concrétisé.

L’absence d’une technologie appropriée dans les boulangeries individuelles et les dysfonctionnements dans le déploiement du programme de formation pour les boulangers ont eu pour conséquence que la production de pain au manioc s’est faite sur la base d’un approvisionnement limité de farine prémélangée. Cela met en lumière l’importance des initiatives visant à soutenir la formation et l’introduction de nouvelles technologies au niveau des boulangeries.

L’absence d’un cadre légal pour conduire la politique du pain au manioc constitue un autre défi. Un tel cadre permettrait d’aborder les problèmes d’étiquetage qui se posent avec l’initiative du manioc.

Cependant, pour réaliser le plein potentiel économique du manioc, des incitatifs et des mesures de soutien du gouvernement devront être effectivement mis en place pour :

  • améliorer la qualité de la production de manioc ;
  • promouvoir l’investissement dans le matériel de transformation de la farine de manioc ;
  • former les boulangers à l’utilisation de nouvelles techniques de production de pain qui conviennent aux mélanges de farine manioc/blé. 

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