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L’agriculture contractuelle renforce le fonctionnement de la chaîne d’approvisionnement du coton tanzanienne

04 juin 2012

Le gouvernement de la Tanzanie a salué le succès de son système d’agriculture contractuelle applicable au coton. D’après le ministre de l’Agriculture, le Professeur Jumanne Maghembe, « l’agriculture contractuelle a augmenté les rendements de 45 pour cent grâce à une meilleure disponibilité des intrants ». Le succès du système a également été attribué à « l’environnement politique favorable au secteur du coton » mis en place par le gouvernement. Le ministre a affirmé que davantage d’investissements sont nécessaires pour que l’agriculture contractuelle continue à s’améliorer.

Pour stimuler les investissements privés dans le secteur, le gouvernement entend retirer les licences commerciales aux filatures de coton qui ne consentent pas les investissements requis pour renforcer le secteur du coton tanzanien. Cette mesure vise directement les 18 filatures qui se sont opposées au système d’agriculture contractuelle.

D’après le directeur général du Conseil du coton de la Tanzanie, Marco Mtunga, le nouveau système a « amélioré la qualité et augmenté la transparence dans les centres d’achat » et renforcé la capacité des producteurs à gérer leurs propres affaires.

Près de 62 % des 500 000 cultivateurs de coton en Tanzanie ont signé des contrats avec les filatures au travers des 5 565 groupes d’entreprises agricoles, tous les agriculteurs participants (environ 311 000) ayant reçu des intrants à crédit.

Toutefois, des informations de presse de l’industrie textile suggèrent que la question n’est pas claire. Le conflit qui oppose les parties prenantes du secteur du coton tanzanien – entre ceux qui sont pour et ceux qui sont contre l’agriculture contractuelle – comporte des implications internationales. L’Association internationale du coton (ICA) a placé certains négociants locaux et filatures sur une liste noire « pour violation présumée des contrats de vente avec des acheteurs étrangers ». Cette liste de l’ICA « met en garde les acheteurs internationaux contre ces négociants de coton et filatures qui n’ont pas honoré leurs contrats par le passé ». Ceci, craint-on, pourrait « ternir plus encore la réputation de l’industrie cotonnière du pays ».

Le président de l’Association tanzanienne du coton a averti que, si l’agriculture contractuelle venait à être affaiblie, un déclin supplémentaire du secteur du coton tanzanien serait probable. Des efforts sont par conséquent déployés pour rallier un consensus sur la mise en œuvre du système d’agriculture contractuelle, en essayant dans le même temps d’apaiser les craintes de ces filatures « qui ne sont pas en mesure ou désireuses de satisfaire aux demandes coûteuses de l’agriculture contractuelle ». Ces opérateurs ont tendance à être plus petits (environ 18 filatures traitant à peine 20 % de la récolte) et manquent du capital nécessaire pour investir dans l’agriculture contractuelle. Les filatures qui ont soutenu l’agriculture contractuelle en consentant les investissements nécessaires (17 filatures traitant 80 % de la récolte) veulent que le gouvernement maintienne les règles de l’agriculture contractuelle en vigueur pour tous les acteurs de l’industrie, afin d’éviter les « cavaliers seuls » qui n’investissent pas dans le développement du secteur.

D’après des analystes du secteur du coton local, les surfaces consacrées à la culture du coton cette saison n’ont jamais été aussi élevées qu’avec l’agriculture contractuelle, l’amélioration significative de la distribution des intrants promettant des rendements plus élevés. 

Commentaire éditorial

L’agriculture contractuelle est au cœur d’une stratégie en quatre volets pour le développement du secteur du coton et du textile tanzanien. Le programme comprend des mesures visant à :

  • réformer le cadre réglementaire pour le secteur du coton ;
  •                 améliorer l’accès aux intrants ;
  •                 développer la formation et l’organisation des agriculteurs pour améliorer les pratiques agricoles ;
  •                 développer les industries en aval liées à la production de coton.

La saison 2012 est considérée comme une année cruciale pour l’ensemble du programme, des partenariats entre groupes d’agriculteurs, filatures, instituts de recherche et gouvernement local étant établis pour mettre en œuvre des programmes d’envergure visant à améliorer la productivité, le rendement et la qualité du coton sur l’ensemble du secteur. Une saison 2012 fructueuse permettrait de jeter les bases d’une intensification des efforts visant à promouvoir la transformation à plus forte valeur ajoutée en aval.

Reste à voir si des initiatives de financement pourront être mises en place pour fournir les crédits nécessaires aux plus petites filatures à des taux d’intérêt abordables et selon des modalités de remboursement pas trop contraignantes, d’une manière qui permette de surmonter le problème du « cavalier seul » et assure une concurrence saine dans le secteur (en empêchant une réduction drastique du nombre de filatures en activité). Cette solution serait sans doute plus judicieuse pour l’avenir que le retrait des licences commerciales, et offrirait des bases plus solides pour développer des activités locales de transformation à plus forte valeur ajoutée dans le domaine des textiles et de l’habillement.

S’agissant de l’avenir, le renforcement du cadre juridique et des mécanismes d’application pour l’agriculture contractuelle semble important. Toutefois, cela doit être complété par un renforcement supplémentaire du réseau de groupes d’agriculteurs afin d’améliorer leur pouvoir de négociation au sein de la chaîne d’approvisionnement du coton, et même par un soutien pour la reprise de certaines filatures par des groupes d’agriculteurs plus importants. Il serait ainsi possible de reproduire le succès qu’avait connu le secteur du coton kényan au milieu des années 1970. Toutefois, l’expérience subséquente du Kenya démontre l’importance d’une gestion saine, responsable et transparente des organisations d’agriculteurs, et donc l’importance d’une approche graduelle du renforcement des capacités et de l’ambition organisationnelle.

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