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La hausse des prix mondiaux du lait en poudre est ressentie en Jamaïque

08 juin 2014

D’après certaines informations de presse parues en Jamaïque, « les coûts du lait en poudre ont dépassé le prix du lait frais produit au niveau local de 23 % », du fait de la hausse des prix mondiaux. D’après le Dairy Development Board de la Jamaïque, « les prix payés aux producteurs pour le lait frais oscillent entre 62 $ et 70 $ par litre [environ 0,56-0,63 $US], contre 76 $ par litre [0,69 $US] pour le lait en poudre reconstitué ». En 2009, « les prix du lait entier en poudre avoisinaient les 2 000 $US par tonne », avec une hausse « de 3 000 $US à 4 000 $US par tonne » au cours de la période 2010-2012. En 2013, les prix oscillaient entre 3 000 $US et 5 000 $US par tonne.

Cette évolution des prix doit être envisagée dans le contexte d’une baisse de la production de lait frais en Jamaïque, qui est passée de 38 millions de litres dans les années 1990 à 12,5 millions de litres en 2011, suivie par une légère reprise à 12,85 millions de litres en 2012, avant de retomber à 12,34 millions de litres en 2013. La Jamaïque a mis en place un programme de revitalisation du secteur laitier dès 2008, mais il a eu peu d’effet durable à ce jour. L’objectif du gouvernement est d’augmenter la production locale de lait à 55 millions de litres d’ici 2017, c’est-à-dire environ 47,4 % de la consommation de lait nationale actuelle.

Pour l’heure, « la Jamaïque importe 90 % du lait et des produits laitiers » dont elle a besoin. Les produits laitiers incluent « quelque 7 millions de litres de yaourt par an, environ 1 million de litres de crème glacée et près de 1 million de litres de crème fouettée ». Il apparaît que ces produits à plus forte valeur ajoutée pourraient être produits localement.

Les prix actuellement élevés du lait en poudre sur le marché mondial semblent offrir des opportunités pour le développement de la production de lait locale. Mais, d’après le Dairy Development Board, si les producteurs locaux de lait ne peuvent répondre par une augmentation de la production, les consommateurs jamaïcains seront confrontés à une hausse des prix des produits laitiers, ce qui présentera un risque pour la sécurité alimentaire.

La hausse des prix du lait en poudre s’explique par une demande en pleine croissance de la Chine et de l’Inde, du fait de l’urbanisation, de l’essor de la classe moyenne et du changement des habitudes alimentaires. Mais, malgré une nette augmentation de l’indice des prix alimentaires de la FAO en mars 2014, les prix des produits laitiers ont en réalité chuté de 2,5 % « avec la baisse des achats de la Chine ».

Le site web d’analyses sur les produits de base Agrimoney a indiqué en mars dernier que la croissance de la demande chinoise pour les importations laitières reste soutenue, et il prévoit qu’elle atteindra « 25 % au cours du premier semestre de l’année » avant de retomber « à 15 % au second semestre de 2014 » avec le redressement de la production de lait chinoise. On s’attend à ce que les exportateurs augmentent les volumes afin d’« exploiter les prix élevés », l’offre disponible devant croître de 20 % au cours du premier semestre 2015, soit une hausse « équivalente à 5 milliards de litres supplémentaires en équivalent lait ». Rabobank prévoit que les prix du lait écrémé en poudre chuteront à nouveau à 4 050 $US/tonne au cours du premier trimestre de 2015, notant que « le niveau de la réduction des prix sera limité par les contraintes structurelles sur les fournisseurs ».

Estimations de Rabobank relatives aux prix du lait entier en poudre et du lait écrémé en poudre pour la région d’Océanie du 1er trimestre 2014 au 1er trimestre 2015 (en $US/tonne)

  T1 2014 T2 2014 T3 2014 T4 2014 T1 2015
Lait entier en poudre 5 000 4 600 4 500 4 300 4 200
Lait écrémé en poudre 4 850 4 400 4 300 4 150 4 050

Source : Agrimoney.com, « Dairy rally… », 21 mars 2014 (voir ci-dessous).

Commentaire éditorial

Les informations de marché suggèrent un affaiblissement des prix mondiaux du lait en poudre à mesure que les pays exportateurs répondront aux opportunités de marché découlant de l’expansion majeure de la demande chinoise à l’importation. Une hausse substantielle de la production de lait dans des régions connaissant une croissance rapide de la demande est également prévue. Cependant, étant donné que la tendance à la hausse de la demande est peu susceptible d’être inversée, les prévisions de la CE affirment que les prix du lait entier en poudre et du lait écrémé en poudre sont susceptibles d’augmenter de 6 % et 15 % respectivement entre 2013 et 2023 (voir article Agritrade «  Bonnes perspectives pour les exportations laitières de l’UE mais la conc... », 3 mars 2014).

L’expérience de la Jamaïque depuis 2008 dans ses efforts pour revitaliser son secteur laitier laisse penser que des obstacles majeurs seront rencontrés pour tirer profit des conditions changeantes du marché laitier. Les rendements actuels par vache dans le pays suggèrent la nécessité d’interventions énergiques axées sur la productivité, en particulier en termes d’amélioration du stock génétique. Les efforts pour améliorer la qualité du cheptel sur une base régulière depuis le milieu des années 1970 n’ont pas été très concluants, ceci contribuant au manque de succès relatif du programme de développement du secteur laitier à ce jour.

Vu l’évolution de la demande en Jamaïque, cette expérience souligne l’importance pour les pays caribéens de décoder le marché pour les exportations stratégiques et le remplacement des importations de produits agroalimentaires, et d’élaborer des plans de développement stratégiques à long terme pour la survie de l’industrie et la croissance. Les fluctuations sur les marchés mondiaux pour les principales denrées présentant un intérêt pour les producteurs caribéens se poursuivront, et le test décisif de la résilience de l’industrie sera sa capacité à « surfer sur les vagues des prix ».

L’impact de la volatilité mondiale des prix sur la base de l’agriculture est un problème que l’UE a tenté de résoudre depuis 2008 par le développement de nouveaux cadres politiques pour renforcer le fonctionnement des chaînes d’approvisionnement de produits laitiers et par une redéfinition de l’utilisation des instruments traditionnels de politique commerciale agricole. Il serait peut-être utile d’examiner la pertinence du nouveau cadre politique de l’UE par rapport aux efforts caribéens pour relancer la production locale à la lumière des prix du marché mondial élevés mais volatils.

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