Les importations de riz explosent en prévision de l’augmentation des droits de douane
15 avril 2013
D’après le Guide de l’exportateur vers le Nigeria de l’USDA, publié en novembre 2012, en 2012/13 « le Nigeria devrait augmenter la production de riz de 200 000 tonnes pour atteindre un total de 2,9 millions », tandis que les importations devraient s’accroître « à 3 millions de tonnes contre 2,5 millions de tonnes en 2011/12 ». Cependant, un article de presse sur les commentaires ministériels formulés lors d’un atelier sur le financement de l’agriculture, en décembre 2012, a indiqué que les importations actuelles pourraient atteindre pas moins de 5 millions de tonnes. D’après le ministre nigérian de l’agriculture, le Dr Akinwunmi Adesina, « le Nigeria est aujourd’hui le plus gros importateur de riz au monde ». Les prévisions suggèrent, sur la base des tendances actuelles, que les importations pourraient atteindre 36 millions de tonnes à l’horizon 2050. Ceci explique l’adoption par le Nigeria de ce que le ministre a qualifié de « programme agressif de substitution aux importations de riz ».
En juillet 2012, de nouveaux droits d’importation pour le riz ont été introduits : « un droit de 30 pour cent sur le riz brun importé et un droit de 50 pour cent sur le riz poli/blanchi importé ». Une augmentation finale du droit d’importation de 100 % est prévue pour le 31 décembre 2012. D’après l’USDA, « les nouveaux droits escomptés ont donné lieu à un stockage du riz par les importateurs et ont augmenté les échanges commerciaux transfrontaliers de riz (avec le Bénin et le Cameroun) ».
Le Dr Adesina, dans une intervention lors de l’atelier de la Commission boursière sur le financement de l’agriculture en décembre 2012, relayée par la presse nationale, a déclaré que la nouvelle politique tarifaire encourageait déjà le développement du secteur rizicole, et a noté que « 13 nouvelles usines de riz avec une capacité totale de 240 000 tonnes » avaient été mises en place par le secteur privé. Il a ajouté que le gouvernement offrait également des incitations pour « l’acquisition de 100 usines de riz intégrées à grande échelle, ayant une capacité totale de 2,1 millions de tonnes ». Ces installations seront exploitées par le secteur privé. Le Dr Adesina a affirmé que les politiques actuelles permettraient bientôt au Nigeria d’avoir « la pleine capacité industrielle pour usiner un riz de qualité au niveau international et ce de manière compétitive ». Il a également noté que des nouvelles variétés de riz de qualité supérieure produites localement apparaissent maintenant sur le marché nigérian, et qu’elles se montrent plus populaires que les variétés importées de riz.
Commentaire éditorial
L’application inégale des politiques tarifaires, par le biais du recours fréquent aux exemptions tarifaires, a attiré de vives critiques au Nigeria. Même si les exemptions sont reconnues comme pouvant être nécessaires pour satisfaire rapidement la demande croissante des consommateurs, une plus grande transparence et prévisibilité est toutefois requise dans l’utilisation de ces exemptions (et des instruments de politique commerciale en général), afin de ne pas miner les efforts de promotion de la production de riz locale.
En outre, il convient de ne pas sous-estimer l’ampleur de la contrebande de riz. D’après certains articles de presse, des estimations informelles avancent le chiffre de 30 000 tonnes de riz par mois entrant illégalement au Nigeria, principalement en provenance du Bénin. (Voir article Agritrade « Les aspirations du secteur du riz du Bénin et les réalités commerciales... », 6 avril 2013.) L’évasion douanière aux ports d’entrée nigérians pose également un défi.
Ces facteurs indiquent la nécessité de renforcer l’application effective des droits de douane convenus. Cependant, des contraintes sérieuses pèsent sur une application plus efficace des mesures de politique commerciale convenues au Nigeria (voir article Agritrade « Le président nigérian salue le succès de l’initiative gouvernementale da... », 13 janvier 2013), jetant un voile d’incertitude sur les perspectives futures du secteur rizicole nigérian.
