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Le Kenya remporte une part de marché dans un marché mondial du thé très exigeant

28 avril 2013

Entretien avec Mme Sicily Kariuki, directrice générale du Conseil du thé du Kenya

Sicily K. Kariuki est la directrice générale du Conseil du thé du Kenya, l’organisation responsable de la promotion et de la réglementation de l’industrie du thé du Kenya. Négociante de profession, Mme Kariuki a une vaste connaissance de l’environnement commercial multilatéral actuel. Elle a travaillé dans le secteur agricole commercial pendant 15 ans, et a quitté le secteur horticole pour rejoindre l’industrie du thé en 2006.

Concurrence croissante, exigences plus strictes… le marché mondial du thé devient de plus en plus rude, mais le Kenya trouve sa part de marché sur un marché très exigeant, affirme Sicily K. Kariuki, directrice générale du Conseil du thé.

Q : Comment la crise économique en Europe affecte-t-elle votre secteur du thé ?

Étant donné que le principal partenaire commercial du Kenya est le Royaume-Uni, l’impact de la crise à travers l’UE n’est pas très direct. Cependant, nous avons vu baisser la part de marché au Royaume-Uni, passant de 69,2 millions de kilos en 2008 à 68,3 millions en 2011, et 59,3 millions l’année passée. Cette tendance est imputable à une concurrence croissante de la part des autres fournisseurs, au fait que nous avons des acheteurs au Royaume-Uni cherchant du thé meilleur marché que le thé kényan – qui est raisonnablement coûteux en raison de sa qualité supérieure – mais également au fait que les exportateurs kényans accèdent directement à des marchés qui étaient précédemment desservis via le Royaume-Uni.

La part de marché plus faible du Royaume-Uni pour les thés kényans ne peut donc pas être directement imputée à la crise actuelle.

Q : Les limites maximales de résidus (LMR) dans le thé deviennent de plus en plus rigoureuses, en particulier dans l’UE. Comment cela affecte-t-il le thé kényan ?

Une fois encore, la question des résidus de pesticides pour le Kenya n’est pas un problème, puisque, comme vous le savez, le Kenya n’utilise pas de pesticides sur le thé. Quelles que soient nos zones de culture et conditions de commercialisation, nous avons peu de ravageurs et de maladies, le thé kényan étant cultivé en altitude. Cependant, nous effectuons une surveillance régulière, car le thé provient de l’ensemble de la région pour être vendu aux enchères de Mombasa. Et je suis très heureuse de vous dire que nous n’avons été exposés à aucun résidu : nous n’avons eu aucun cas de résidus de pesticides sur le thé kényan. Il s’agit de notre offre de vente la plus forte sur les 56 marchés pour les thés kényans.

Q : Même s’il n’y a pas de problème de résidus de pesticides pour l’instant, pensez-vous que les producteurs de thé kényans devront aller plus loin dans le processus de certification ?

Pour l’instant, la question des résidus de pesticides n’est pas très importante. Mais étant donné les changements probables du climat et d’autres impacts sur l’environnement, nous ne pouvons écarter cette possibilité à plus long terme. Mais je veux aborder la question de la certification un peu différemment, parce qu’il y a déjà des systèmes de certification qui fonctionnent dans l’industrie du thé au Kenya, qui vont au-delà de l’application de pesticides et de produits chimiques et abordent des problèmes de nature sociale – des questions de durabilité environnementale et les pratiques en matière de main-d’œuvre. La certification va aussi garantir que le secteur kényan du thé est conforme aux attentes des différents marchés et garantit la proposition de valeur, les bénéfices accumulés se répartissant à travers la chaîne de valeur.  

Q : Si vous allez un peu plus loin dans le processus de certification, cela permettra-t-il de pénétrer d’autres marchés à plus forte valeur ajoutée ?

Comme je l’ai dit, il existe déjà plusieurs systèmes de certification qui sont opérationnels au sein du secteur. Du point de vue du Conseil du thé, nous mettons en œuvre le Code d’usages pour l’industrie du thé. Et la plupart de nos industries disposent de l’un ou l’autre système de certification portant sur des normes alimentaires, des aspects environnementaux et des critères de moindre coût. Cela est déjà en train de se produire.

De nombreux producteurs sont déjà certifiés Rainforest Alliance et ont déjà une certification suffisante pour leurs besoins.

Vous noterez sans doute que le Kenya se taille une part de marché sur des marchés très exigeants, y compris le Japon, où on est assez strict en termes de sécurité alimentaire. Nous vendons également du thé en Allemagne, en Amérique du Nord et sommes aussi présents sur les marchés du Moyen-Orient, qui sont peut-être tout aussi exigeants. Cela signifie par conséquent que, parce que nous n’avons aucun résidu chimique dans le thé, l’accent s’est déplacé vers d’autres impacts à long terme tels que la durabilité environnementale – d’où l’intérêt des producteurs pour la certification Rainforest Alliance.

Q : Si je ne me trompe pas, la majeure partie de vos exportations de thé sont des thés CTC (thés produits par la méthode de production « crush, tear and curl » ou écraser, déchiqueter et rouler), qui sont de moindre valeur. Quel est votre objectif en ajoutant de la valeur au thé que vous exportez, et comment vous y prenez-vous ?

CTC ne décrit pas une valeur, mais plutôt une méthode de transformation, qui est « écraser, déchiqueter et rouler ». Cette méthode permet de produire du thé noir qui a l’avantage de s’infuser plus rapidement et de servir à faire plus de tasses par kilo.

Si nous convenons qu’ajouter de la valeur inclut la préparation du thé dans des emballages pour le consommateur et prêts à être placés sur les rayons des supermarchés, nous y sommes déjà. Il y a donc déjà de la valeur ajoutée dans le thé noir CTC au Kenya – 12 % de notre thé est vendu avec valeur ajoutée.

Nous voulons bien sûr voir ce pourcentage augmenter.

Q : Comment allez-vous vous y prendre ?

Il s’agit réellement d’une décision d’investissement car au Conseil du thé nous ne faisons que faciliter, mettre en exergue les opportunités et parler au gouvernement pour mettre en place des incitants qui donneraient davantage envie aux investisseurs d’investir dans les activités de transformation à plus forte valeur ajoutée.

Q : La Chine a développé des marchés de niche à plus forte valeur ajoutée pour certains de ses thés. Cela a-t-il changé quoi que ce soit s’agissant du marché international du thé et de la demande, et cela a-t-il affecté le Kenya ?

Je peux juste confirmer qu’avec l’ouverture de la Chine et son implication croissante dans le marché international la demande de thé ne cesse de croître. La Chine est le plus gros producteur mondial, mais vous savez aussi que les Chinois interagissent avec le reste du monde, ils deviennent plus exotiques et ils veulent essayer de nouvelles choses, dont certaines qu’ils peuvent produire eux-mêmes et d’autres qu’ils doivent importer. Il y a donc un potentiel commercial pour le thé en provenance d’autres pays tels que le Kenya. Et de fait, nous regardons la Chine avec beaucoup d’intérêt.

Q : En règle générale, quels sont aujourd’hui les principaux problèmes commerciaux qui se posent au secteur du thé ?

Nous aimerions vivre dans un monde où les barrières commerciales artificielles n’entrent pas en ligne de compte et où les flux commerciaux soient libres, afin de pouvoir poursuivre notre activité commerciale. Notre industrie du thé est celle qui attire le plus de devises étrangères. Il est donc important que nous soyons en mesure d’accéder librement au marché mondial, parce que nous avons déjà surmonté les préoccupations en matière de sécurité des denrées alimentaires. Pour moi, cela est très important.

Q : À quel marché n’avez-vous pas accès pour le moment ?

Bien que je ne souhaite pas rentrer dans les détails, il faut parfois beaucoup, beaucoup de temps pour percer sur certains de ces marchés en raison des normes qu’ils imposent. Certaines normes fixées sont parfois plus strictes que celles recommandées par l’ISO (l’Organisation internationale de normalisation). Et parfois vous consacrez beaucoup d’efforts, d’argent et de temps avant de récolter les fruits.

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