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Développements dans le secteur des biocarburants européen et mondial

16 septembre 2012

L’examen annuel de l’USDA du secteur des biocarburants de l’UE-27, publié en juin 2012, offre un examen complet des développements. Il présente :

  • le cadre politique de base (le paquet politique climat-énergie de l’UE et la directive sur les énergies renouvelables), qui a stimulé la demande de biocarburants dans l’UE ;
  • la structure du secteur des biocarburants de l’UE et l’utilisation des matières premières de l’UE ;
  • la politique commerciale de l’UE en matière de biocarburants ;
  • les développements dans le secteur des biocarburants de l’UE en 2011.

Dans l’UE, le biodiesel représente 70 % de l’utilisation des biocarburants, deux tiers de ce biodiesel étant produits à partir du colza. Outre le colza produit à l’intérieur de l’Union, le marché du biodiesel de l’UE offre un débouché pour « au moins 1,5 million de tonnes d’importations d’huile végétale », essentiellement l’huile de palme, l’huile de soja et plus récemment l’huile de colza. Toutefois, d’après l’USDA, « dans l’UE, les années de croissance rapide de la capacité de production de biodiesel semblent terminées ». De 2006 à 2009, « la capacité de production a augmenté de 360 % », cependant, en 2010 et 2011, l’augmentation n’a été que de 2 % et 3 % respectivement. Pour 2012 et 2013, la capacité devrait se contracter de 0,5 % et 0,3 % respectivement. Ceci s’explique par des « conditions de marché difficiles ». L’utilisation de la capacité a chuté de « 68 % en 2007 à 44 % à peine en 2009 », pour ne plus bouger. D’après l’USDA, « la consommation de biodiesel de l’UE-27 semble avoir atteint un plateau », les prochaines années ne réservant que quelques augmentations marginales.

Alors que les prévisions annonçaient une augmentation de la capacité de production de bioéthanol de l’UE « d’environ 2 100 millions de litres en 2006 à près de 8 500 millions de litres en 2013 », les prix élevés des céréales en 2007/08 et 2010/11 ont réduit l’utilisation de la capacité. En effet, entre 2007 et 2011, seulement 60 % de la capacité installée a été utilisée. « L’approvisionnement en matières premières devrait rester tendu durant la campagne 2012/13, des marges négatives sur la production de bioéthanol étant prévues, même si la vente de Distillers Dried Grains devrait engendrer des marges positives dans l’ensemble ». Les importations à prix compétitif en provenance du Brésil ont aggravé les difficultés dans le secteur. Dans l’ensemble, 2011 était une mauvaise année pour le secteur européen du bioéthanol, mais on perçoit des signes de reprise pour 2012, l’UE ayant enfin comblé un vide juridique permettant à des importations de mélanges de se faire au tiers du droit de douane officiel. Ceci, ainsi que la hausse des prix des céréales, a rendu les importations trop chères sur le marché de l’UE, offrant de nouvelles opportunités aux producteurs intérieurs de l’UE. L’un des premiers effets a été ressenti dans l’usine d’éthanol britannique Ensus d’une valeur de 300 millions de livres, la plus grande d’Europe, qui a redémarré la production après 15 mois d’arrêt, provoqué semble-t-il par les importations bon marché d’éthanol américain.

Actuellement, la betterave sucrière représente plus de la moitié des matières premières utilisées dans la production d’éthanol européenne : l’utilisation de la betterave sucrière dans la production d’éthanol a augmenté de 247 % entre 2006 et 2010. Bien qu’une baisse de 4 % de l’utilisation ait été enregistrée en 2011-2012 (du fait des changements temporaires dans l’utilisation autorisée de sucre hors quota en réponse aux déficits sucriers sur le marché européen), en 2013, une nouvelle augmentation de l’utilisation de betterave sucrière est prévue. Pour l’heure, près de 23 % de la production de betterave sucrière de la France et 8,9 % de la production de betterave sucrière de l’UE sont utilisés dans la production de bioéthanol.

L’utilisation de céréales en tant que matière première a doublé entre 2006 et 2010, mais avec une augmentation supplémentaire de 36 % prévue pour 2013. L’usine Ensus utilisera près de 100 000 tonnes de blé par mois lorsqu’elle atteindra sa pleine capacité, ce qui devrait se faire dans les deux mois de sa réouverture. Actuellement, près de 3,6 % de la production céréalière totale de l’UE sont utilisés dans la production de bioéthanol. Les usines de bioéthanol européennes étant conçues pour transformer des matières premières multiples, les prix relatifs déterminent l’utilisation réelle d’une matière première particulière.

L’UE applique toute une série de droits de douane sur le bioéthanol et le biodiesel, dont les PMA et les pays ayant conclu un APE (intérimaire et complet) sont exemptés. Néanmoins, les importations des pays non PMA/ACP sont sollicitées par le marché européen en raison d’une production intérieure insuffisante par rapport à la demande régulée croissante. D’après l’USDA, cependant, le marché européen du bioéthanol s’isole de plus en plus des marchés internationaux, en raison de sa politique commerciale.

S’agissant de la politique future de l’UE, des articles ayant trait au développement sur le site Web EurActiv.com ont mis en exergue la publication imminente par la CE d’une proposition « visant à évaluer les effets indirects des émissions issues des biocarburants ». Cette proposition ferait « la distinction entre les biocarburants faibles en carbone, comme l'éthanol, et ceux fortement émetteurs, comme le biodiesel ». Un rapport a affirmé que l’introduction du changement d’affectation des sols indirect (CASI) pour calculer les réductions des émissions de gaz à effet de serre exclurait probablement « la majorité de la production européenne de biodiesel » de la réalisation des objectifs de la directive sur les énergies renouvelables.

En outre, une étude réalisée par des universitaires allemands en juillet 2012 a suggéré que les affirmations de l’UE concernant les propriétés de réduction des émissions de gaz à effet de serre de la production de biodiesel à partir du colza était infondées, allant jusqu’à laisser entendre que « les données de Bruxelles sur les prétendues économies [d’émissions de gaz à effet de serre] de l’huile de colza sont délibérément surestimées et présentent un caractère davantage “politique” que “scientifique” ».

Au niveau mondial, d’après les « Perspectives agricoles de la FAO et de l’OCDE 2012-2021 », jusqu’en 2021 « les prix de l’éthanol et du biodiesel devraient comme auparavant rester soutenus par les prix élevés du pétrole brut » et par la poursuite des mesures axées sur l’utilisation des biocarburants. L’analyse souligne combien les politiques en matière de biocarburants « affectent fortement les marchés des biocarburants ». Le commerce des biocarburants devrait croître de manière significative, sous l’effet de politiques divergentes en matière de « classification » des propriétés de réduction des émissions de gaz à effet de serre des différents types de biocarburants écoulés eux aussi sur des marchés différents. Globalement, la production devrait augmenter mais à un rythme moins soutenu que par le passé, la production de biocarburants dans les pays en développement devant rester inférieure aux objectifs fixés puisque « les prix élevés des produits agricoles n’encouragent pas leur utilisation en tant que matière première pour la production de biocarburants ». 

Commentaire éditorial

Avec le Brésil et les États-Unis qui dominent le commerce de bioéthanol, la demande d’éthanol créée par les politiques de l’UE n’a qu’un impact marginal sur les exportateurs ACP. Des produits résiduels de la canne à sucre plus rentables peuvent être produits pour être vendus sur le marché international, alors que les marchés locaux des biocarburants offrent potentiellement de meilleurs gains. De la même manière, d’autres marchés pour les produits de l’huile de palme sont actuellement plus rentables pour les exportateurs d’huile de palme ACP établis que le marché des biocarburants de l’UE (par ex. dans le cas de la PNG, le marché des produits alimentaires pour l’huile de palme certifiée durable).

L’utilisation de céréales dans la production de biocarburants de l’UE n’a qu’un impact marginal sur le marché céréalier de l’UE dans son ensemble, l’utilisation totale atteignant moins de la moitié de l’augmentation prévue de la production de céréales de l’UE entre 21012 et 2020, et seulement deux fois plus que la révision de décembre 2011 à juin 2012 des estimations de production de céréales pour 2012. Mais cela pourrait changer si davantage d’usines transformant le blé venaient à être mises en service et ainsi avoir un impact sur les importateurs de céréales ACP, en affectant les prix mondiaux de la matière première.

Les politiques de l’UE en matière de biocarburants ont en tant que telles eu jusqu’à présent peu de répercussions sur les prix des denrées alimentaires au niveau mondial. Les politiques américaines ont par contre eu une influence bien plus importante sur les prix mondiaux des denrées alimentaires, les politiques de l’UE venant s’ajouter de manière marginale à ces effets. Mais avec une offre céréalière aussi serrée cette année, les choses pourraient changer.

Pour certains pays ACP, l’impact des politiques européennes en matière de biocarburants sur l’utilisation de la betterave sucrière a été bien plus important. Bien que les mauvaises performances du secteur des biocarburants de l’UE en 2011 aient posé quelques défis, avec près de 9 % de la production de betterave sucrière européenne affectés à la production de bioéthanol, un secteur des biocarburants vigoureux, isolé de la concurrence internationale, pourrait grandement faciliter la transition vers un régime sucrier sans contingents, et soutenir dans une certaine mesure les prix du marché sucrier de l’UE. La question de savoir si la facilitation de la transition vers un régime sucrier européen sans contingents est conforme aux intérêts à long terme des producteurs de sucre ACP déchaîne les passions.

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