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Le Nigeria vise la réduction de ses importations de poisson

03 octobre 2014

Certains articles de presse publiés récemment évoquent les plans du Nigeria visant à réduire les importations annuelles de poisson, ainsi que l’introduction de stratégies nationales pour garantir le développement de la pêche et de la pisciculture pour approvisionner le marché local, promouvoir l’emploi local, les revenus et les recettes liées aux opérations de change. Cette initiative s’inscrit parfaitement dans la politique gouvernementale visant à améliorer l’autosuffisance, notamment dans les secteurs du riz et du sucre du pays.

Ces dernières années, les entreprises étrangères, notamment européennes, sont la source de la plupart du poisson importé au Nigeria (principalement des petits pélagiques). Certaines de ces entreprises ont établi des chambres froides au Nigeria, vendant du poisson à des opérateurs locaux et agissant en tant que distributeurs directs vis-à-vis du public. Le directeur général de Vessa Fisheries a déclaré que « certaines de ces entreprises étrangères augmentaient les prix du poisson à un niveau très élevé pour les acheteurs locaux, qui étaient néanmoins contraints d’acheter leur poisson auprès d’elles puisqu’il n’y avait aucune source alternative », après quoi elles baissaient les prix en utilisant leurs propres structures de vente au détail.

En conséquence, les vendeurs nigérians étaient contraints de travailler à perte et étaient incapables de rembourser les entreprises étrangères, puisque la plupart des approvisionnements de poisson étaient fournis à crédit : « Bien souvent, les entreprises étrangères finissent par reprendre leurs chambres froides », poursuit le directeur général. Ce monopole des entreprises étrangères en matière d’importation a généré une situation où la qualité du poisson importait peu, et de grandes quantités de poisson pourri ont inondé les marchés nigérians. Pour traiter ce problème, le gouvernement a établi des quotas d’importation pour les entreprises étrangères dès la fin 2013, plafonnant les importations de poisson à 125 000 tonnes pour le premier semestre 2014.

Pour offrir des sources alternatives de poisson, des filières d’aquaculture et de pêcheries artisanales sont en train d’être établies au Nigeria. Les pisciculteurs ont reçu des jeunes poissons et de l’alimentation pour poisson subventionnée, et le gouvernement négocie avec des investisseurs pour la mise en place de bassins d’élevage de tilapia à grande échelle dans de nombreuses régions du pays. Certaines entreprises et États membres de l’UE sont également intéressés à soutenir les efforts du Nigeria en matière de développement de l’aquaculture. En août, le Nigeria a signé un mémorandum d’accord avec Malte pour développer des « parcs à poissons industriels », ayant pour objectif de produire plus de 250 000 tonnes de poisson par an. « Plusieurs industries et services seront établis autour des installations pour créer plus d’un million d’emplois directs et indirects », affirme le ministère de la pêche nigérian. Une entreprise néerlandaise, Nutreco, a également annoncé en juin qu’elle allait investir dans la production locale d’alimentation pour poisson à destination du Nigeria et de la région ouest-africaine au sens large.

Certaines initiatives gouvernementales annoncées fin juillet par Foluke Areola, directrice intérim du département de la pêche, ont donné un coup de pouce aux pêcheries d’espèces sauvages. Les pêcheurs artisanaux ont reçu des filets et d’autres intrants, et la création d’industries de transformation à plus forte valeur ajoutée sera encouragée, en particulier pour les crevettes, pour lesquelles le ministère s’engage actuellement dans la voie de la certification Marine Stewardship Council. Le pays ouvre également sa Zone économique exclusive (ZEE) en encourageant les entreprises à importer des navires de pêche en haute mer au Nigeria, ajoute Mme Areola. En outre, afin d’améliorer les capacités de gestion des pêcheries, un navire de recherche d’une valeur de 10 millions d’euros a été commandé par le gouvernement à la Pologne pour l’Institut nigérian d’océanographie et de recherche marine (NIOMR).

Commentaire éditorial

Le Nigeria est un des plus grands marchés du poisson en Afrique, et il est en effet vital de mettre en place des sources alternatives de poisson, en particulier pour la consommation locale, afin de minimiser les impacts d’une interdiction partielle des importations, au travers de la mise en place de quotas limités. À plus long terme, et étant donné que les petits pélagiques fournis au Nigeria proviennent en partie des zones de pêche très riches d’Afrique de l’Ouest (Mauritanie et Sénégal), il serait peut-être intéressant de considérer comment améliorer les routes commerciales régionales entre ces pays. Dans ce contexte, les organes régionaux tels que la CEDEAO ont un rôle important à jouer, et leurs efforts visant à améliorer la commercialisation de poisson au niveau régional pourraient être soutenus par la coopération au développement de l’UE.

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