CTA
Petite police
Polic moyenne
Grande police
English |
Passer à l'anglais
Français
Passer au français
Filtrer par Questions pêche
Régions
Type de publication
Filtrer par date

Les preuves scientifiques pour la certification MSC pour les PNA remises en question

19 décembre 2011

Une autre mesure a été prise dans le processus institué par le Marine Stewardship Council (MSC) pour l’écolabellisation du skipjack pêché par des senneurs n’utillisant pas de dispositif de concentration de poissons, provenant des Parties à l’Accord de Nauru (PNA). Après que trois groupes ont fait objection à cette certification – l’International Seafood Sustainability Foundation (ISSF – un groupe rassemblant l’industrie, le WWF et des scientifiques), l’Organización de Productores Asociados de Grandes Atuneros Congeladores (OPAGAC) et Eurothon –, un adjudicateur indépendant a publié sa décision.

ATUNA souligne que, dans cette décision« l’objection des groupes de l’industrie du thon, selon laquelle des irrégularités sérieuses de procédure et autres ont été commises dans le rapport par l’organisme de certification Intertek Moody Marine Inc., a été rejetée et non maintenue par l’adjudicateur ». Mais, ATUNA poursuit, « l’ISSF a envoyé un message twitter à travers le monde avec le texte : “un examen indépendant bloque la certification MSC du skipjack des PNA” ». Toutefois, ATUNA affirme que le rapport ne permet pas de tirer une conclusion ferme dans ce sens. L’adjudicateur aurait conclu que les groupes de l’industrie du thon ont identifié cinq points dans le rapport d’évaluation final qui étaient liés à des erreurs factuelles – celles-ci devaient être renvoyées à Intertek Moody Marine pour correction ou clarification dans leur rapport. « Sur sept autres objections, il a été décidé qu’elles ne seraient pas maintenues et les PNA et l’organisme de certification ont réussi à convaincre l’adjudicateur. »

Toutefois, l’ISSF, dans son communiqué de presse, insiste sur le fait que « le rapport d’évaluation final n’a pas identifié, avec précision et cohérence, la part PNA des captures de skipjack dans la région et par conséquent le certificateur n’avait aucune base scientifique pour conclure que les PNA seraient capables de gérer l’ensemble du stock migratoire (…) Parmi les autres objections reconnues par l’adjudicateur figurent le manque de règles de contrôle des récoltes, et des insuffisances dans le suivi et la déclaration des captures, en particulier pour l’Indonésie, les Philippines et le Vietnam ». Le président de l’ISSF a ajouté : « L’ensemble de la région du Pacifique a besoin d’un soutien important pour satisfaire aux normes plus strictes de réduction des captures accessoires, de déclaration des données et de suivi, contrôle et surveillance complets. »

ATUNA souligne également la réaction du directeur des PNA, lequel a « salué la décision de l’adjudicateur indépendant qui a rejeté la plupart des objections à la certification et qui travaillera avec l’organe de certification pour clarifier les quelques questions techniques requises (…) la pleine certification de la pêcherie de skipjack en bancs libres sera une décision majeure et une reconnaissance des 29 années de bonne gouvernance par les huit nations PNA de la plus grande pêcherie de skipjack du monde, qui est majoritairement dans leurs ZEE et gérée au titre de l’accord PNA ».

Commentaire éditorial

La plate-forme ISSF composée de scientifiques, d’environnementalistes et d’acteurs de l’industrie peut sembler être un partenariat idéal, mais, comme le souligne cet exemple, rester impartial lorsque les intérêts de certains membres de l’industrie sont affectés n’est pas sans poser de défis – dans ce cas précis, il existe un conflit potentiel d’intérêts pour les membres de la flotte thonière espagnole de l’ISSF (par l’intermédiaire d’OPAGAC), qui n’opère qu’avec des dispositifs de concentration de poisson. Cet exemple montre également les difficultés d’application de la certification MSC dans les pêcheries présentant des stocks de poissons grands migrateurs distribués sur une région très vaste, et comptant de nombreuses parties prenantes impliquées dans l’exploitation de ces stocks. Sans une étroite coopération entre toutes les parties concernées dans la pêcherie, on peut affirmer que la pêcherie n’est pas gérée durablement par les États côtiers, et que la pêcherie ne peut dès lors être certifiée. Même si cette pêcherie de skipjack est finalement certifiée, la menace de « décertification » sera toujours là. Pour maximiser les chances d’obtenir de meilleures parts de marché pour leurs produits sur les marchés internationaux, comme le marché européen, les PNA devraient également chercher d’autres moyens de promouvoir les qualités du thon capturé sans dispositifs de concentration de poisson. Comme il a été souligné dans une étude récente, il y a un intérêt certain dans les marchés de l’UE à s’approvisionner pour leur thon auprès de flottes utilisant des techniques plus respectueuses de l’environnement, comme la pêche à la ligne (dont la viabilité économique semble actuellement incertaine) ou la pêche à la senne sans dispositif de concentration de poissons. Cette opportunité devrait être saisie par les pays ACP du Pacifique.

Commenter

Termes et conditions