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Les transformateurs espagnols vont examiner les conditions de travail de la main-d’œuvre impliquée dans les importations de thon

16 décembre 2012

L’Association espagnole de transformateurs de poisson, ANFACO, a précisé que bien qu’ils n’arrêteraient pas d’importer du thon des Philippines, ils exerceront « des contrôles stricts sur la matière première des entreprises philippines qui ne respectent pas les normes de droit du travail» définies par l’OIT. Les Philippines sont le deuxième plus gros producteur de thon brut du monde, et le cinquième plus gros producteur de thon en conserve. D’après les données Eurostat présentées par Anfaco, 16 % des importations de thon albacore vers l’Espagne proviennent des Philippines.

Cette décision intervient après la publication par ANFACO d’un rapport produit par l’organisation Verité. Verité a mené une enquête sur la présence d’indicateurs de travail forcé dans la chaîne de production (pêche et transformation) du thon des Philippines. Les résultats soulignent des abus sérieux aussi bien dans le secteur de la pêche que de la transformation, notamment :

  • les produits de base dont ont besoin les travailleurs (tels que la nourriture, cigarettes, alcool, eau et vêtements de protection) sont souvent vendus à des prix excessifs par le propriétaire ; les travailleurs endettés doivent alors rembourser leurs dettes via un prélèvement sur leur salaire, qui ne leur laisse bien souvent aucun bénéfice ;
  • les contrats de travail sont bien souvent inexistants ; lors des opérations de pêche, des conditions spécifiques telles que la longueur du voyage, la destination ou le niveau des revenus, peuvent changer durant le voyage ; en raison de l’isolement physique des travailleurs sur les navires, ils n’ont pas de recours.

Le fait que les produits provenant de ces opérations puissent entrer librement sur le marché de l’UE est contesté par les importateurs espagnols ainsi que par les organisations de senneurs à senne coulissante. Le ministre espagnol en charge de la pêche a reconnu qu‘il y a « une concurrence déloyale en mer et sur terre » et que des mesures devraient être appliquées « sans discrimination entre les opérateurs de l’Union européenne (UE) et ceux des pays tiers ».  

Ceci intervient à un moment où l’UE et l’ASEAN (y compris les Philippines) négocient un accord de libre-échange. Actuellement, mis-à-part les 9 000 tonnes pour lesquelles un droit de douane de 12 % est appliqué, les importations de thon en conserve se voient appliquer un droit de douane de 24 %. Toute libéralisation supplémentaire du commerce du thon affecterait l’industrie espagnole. 

Commentaire éditorial

Pour les parties prenantes des pêcheries européennes, établir des règles du jeu équitables entre les produits européens et les importations provenant selon eux de sources appliquant des normes moins strictes est véritablement une priorité. Jusqu’à ce que cette question ait été soulevée par l’industrie espagnole, l’attention était essentiellement tournée vers les normes environnementales de production des importations, et très peu vers les conditions de travail ou les signes de travail forcé. Dans le cas particulier du secteur du thon des Philippines, l’industrie espagnole examine comment cette question peut être prise en compte dans le contexte des négociations actuelles pour une ZLE entre l’UE et l’ASEAN. Toutefois, ces développements récents montrent qu’une pression supplémentaire sera exercée sur l’UE par son propre secteur de la pêche afin qu’elle se penche sur ces aspects relatifs aux conditions de travail pour tous les poissons commercialisés, y compris les importations en provenance des pays ACP. 

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