Normes privées et certification dans les pêcheries et l’aquaculture
31 octobre 2011
La FAO a publié un document technique sur les normes privées et les systèmes de certification afférents dans les pêcheries et l’aquaculture. Il analyse les écolabels ainsi que les normes de qualité et de sécurité des denrées alimentaires, en s’intéressant aux aspects qui motivent leur développement et en examinant leurs implications ainsi que les défis et opportunités pour les pays en développement.
Le document suggère que les normes privées sont maintenant un mécanisme clé utilisé par les grands distributeurs et les propriétaires d’enseignes commerciales désireux de transposer les exigences à d’autres segments de la chaîne d’approvisionnement. Cela est d’autant plus important à mesure que les chaînes d’approvisionnement deviennent davantage intégrées verticalement : « Du point de vue de l’entreprise, les normes privées et la certification peuvent servir de mécanismes de sécurité et d’assurance qualité. Elles peuvent également faciliter la traçabilité, la normalisation des produits provenant d’un éventail de fournisseurs internationaux, et la transparence des processus de production. Le respect d’une norme environnementale ou d’un écolabel offre aux distributeurs et propriétaires d’enseignes une assurance contre d’éventuels boycotts par des groupes environnementaux et une couverture médiatique négative. En outre, cela les aide également à exploiter et stimuler la demande des consommateurs pour des produits éthiques. »
Le document insiste également sur le fait que, « bien que l’impact des normes privées ne soit pas uniforme à travers les marchés, les espèces ou les types de produits, celui-ci devrait augmenter, y compris dans les pays en développement, à mesure que les chaînes de supermarchés consolident leur rôle en tant que principaux distributeurs de poisson et de produits de la mer, et à mesure que leurs politiques d’acquisition abandonnent le libre marché au profit de relations d’approvisionnement contractuelles ».
Parmi les problèmes liés à l’impact global des normes privées, citons les coûts de conformité qui y sont associés. Ces coûts sont supportés de manière disproportionnée par ceux qui sont en amont de la chaîne d’approvisionnement, puisque c’est là que les demandes de certification ont un impact, plutôt qu’en aval. Le document s’interroge sur la possibilité d’une redistribution de ces coûts.
Enfin, la prolifération des normes privées suscite la confusion non seulement pour les consommateurs, mais également « pour les pêcheurs et les pisciculteurs essayant de déterminer quel système de certification leur permettra de maximiser les retours financiers ; pour les acheteurs essayant de décider quelles normes sont les plus crédibles sur le marché et offriront des bénéfices en termes de réputation et de gestion des risques ; et pour les gouvernements essayant de déterminer si les normes privées s’inscrivent dans leurs stratégies de sécurité des denrées alimentaires et de gestion des ressources ».
Commentaire éditorial
Les normes de certification privées pour la durabilité des pêcheries se sont développées parallèlement à une série de normes publiques de plus en plus strictes pour la sécurité des denrées alimentaires et la qualité, ainsi que les normes environnementales et autres (telles que la réglementation INN de l’UE). Pour accéder au marché de l’UE, les produits de la pêche ACP doivent satisfaire à ces normes officielles de plus en plus strictes et complexes. Lorsque ce marché ouvre ses portes, ces produits doivent alors se conformer aux normes privées qui sont adoptées par les grands distributeurs. Le respect de ces normes entraîne des coûts, qui sont supportés en grande partie par ceux qui sont en amont de la chaîne d’approvisionnement, tandis que la plupart des bénéfices reviennent à ceux qui sont en aval de la chaîne. La grande question qui se pose est de savoir si les bénéfices de la certification peuvent être partagés plus équitablement et, si oui, comment – si les coûts peuvent être déplacés en aval, et les bénéfices en amont.
