Le secteur espagnol de la transformation souhaite que l’UE ferme ses portes au thon en conserve en provenance de Thaïlande
11 février 2013
L’ANFACO, le groupe représentant les conserveries espagnoles de thon, considère que les autorités sanitaires thaïlandaises font preuve de laxisme dans les contrôles des exportations de thon en conserve thaïlandais vers le marché de l’UE. L’ANFACO réclame par conséquent que la CE ne reconnaisse plus ces autorités comme étant aptes à délivrer des certificats sanitaires – sans lesquels le thon en conserve thaïlandais ne peut entrer sur le marché européen.
Cette controverse fait suite à la notification par le Système d’alerte rapide de la DG SANCO, à 22 reprises rien que pour l’année dernière, selon laquelle le thon en conserve thaïlandais ne se conformait pas aux normes sanitaires de l’UE, entraînant ainsi son blocage aux frontières de l’UE. Le principal problème était le traitement thermique inadéquat utilisé pour la stérilisation – un processus qui garantit la destruction de la bactérie produisant les toxines du botulisme, qui peut s’avérer mortel. Pour l’ANFACO, « ceci compromet sérieusement la sécurité du produit en conserve final destiné à la consommation humaine ».
La réaction du secteur espagnol de la transformation est intervenue après qu’une question parlementaire ait été adressée par la député européenne Carmen Fraga Estévez. Elle a souligné que les multiples notifications « traduisent non seulement les lacunes sérieuses des contrôles effectués par l’industrie thaïlandaise, mais aussi de l’organe de contrôle compétent en Thaïlande ». Elle pose la question : « Comment la Commission peut-elle vérifier si l’autorité thaïlandaise compétente est capable d’effectuer les contrôles nécessaires sur les exportations, alors qu’entre février et novembre 2012, elle a autorisé à plusieurs reprises l’exportation de conserves de thon ne répondant pas aux normes sur le marché de l’UE, celles-ci pouvant compromettre la sécurité des denrées alimentaires ? »
Une réponse a été donnée à la fin décembre 2012 par le commissaire européen en charge de la santé Tonio Borg, qui a mis en exergue que « les autorités thaïlandaises ont été tenues informées du caractère sérieux du problème depuis la toute première détection de ces manquements ». Ces autorités ont répondu à diverses occasions, informant régulièrement la Commission des actions prises après les notifications. Malgré ces corrections, le problème est réapparu et les autorités thaïlandaises ont décidé de retirer l’autorisation de l’établissement à exporter vers l’UE. Les autorités compétentes thaïlandaises ont fourni un plan d’action pour corriger les manquements identifiés. Les actions entamées par les autorités thaïlandaises ont été considérées comme satisfaisantes par les auditeurs. Leur application sera vérifiée ultérieurement lors d’un audit de suivi qui se tiendra à une date encore à convenir.
Commentaire éditorial
La Thaïlande est le principal producteur mondial de thon en conserve et, même si elle ne bénéficie pas du même niveau de préférences que les autres pays ACP, elle est devenue un des principaux fournisseurs sur le marché de l’UE en raison de ses faibles coûts de production. Ceci amène à s’interroger sur les conditions de production du thon en conserve – avec la réduction des coûts de production « à tout prix », en limitant la durée et la température de stérilisation (générant ainsi des économies d’énergie). En fin de compte, cela peut s’avérer plus coûteux en termes d’image pour le consommateur européen – ce à quoi les concurrents européens tels qu’ANFACO font très attention. Par conséquent, si les pays ACP ne peuvent faire concurrence en termes de prix avec les produits thaïlandais et latino-américains, ils devraient néanmoins garantir que leurs méthodes de production satisfont aux normes les plus strictes de qualité et de durabilité.
