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ATLAFCO: un instrument pour la coopération régionale dans la pêche

13 juillet 2012

Une entrevue avec Mr Hachim El Ayoubi

Mr Hachim El Ayoubi est Secrétaire exécutif de la Conférence Ministérielle Halieutique entre les Etats Africains Riverains de l’Océan Atlantique (ATLAFCO / COMHAFAT). Il a auparavant travaillé pour la Commission sous régionale des Pêches d’Afrique de l’Ouest (CSRP). 

Q : Il existe plusieurs organisations régionales actives en Afrique de l’Ouest dans le domaine de la pêche, comme la Commission sous régionale des Pêches (CSRP), le Comité régional du Golfe de Guinée (COREP), Le Comité des Pêches de l’Atlantique centre Est (COPACE), etc. Quelle est la spécificité, - ‘la valeur ajoutée’-, de la COMHAFAT?

Je mentionnerais d’abord la région couverte par la COMHAFAT: 22 pays bordés par l’Océan Atlantique en sont membres, du Maroc à la Namibie. Mises bout à bout, la longueur de leurs côtes atteint plus de 14 600 km, et couvre plusieurs grands écosystèmes marins. Ensemble, les pays de la COMHAFAT ont une population de 353 millions, - dont 146 millions habitent le Nigéria. La pêche crée environ 5 millions d'emplois et représente, en moyenne, 25 à 30% des revenus de l'exportation. Pour vous donner un exemple, l'exportation des produits halieutiques des pays membres de la COMHAFAT vers les pays de l'Union Européenne atteint un chiffre de près de 1 milliard et demi d’euros par an!

La COMHAFAT, c’est un outil idéal pour promouvoir et renforcer la coopération halieutique entre tous ces états qui doivent faire face aux mêmes défis. Pour renforcer leurs capacités à répondre à ces défis, nos domaines d’intervention sont variés, allant de l’évaluation et la conservation des grands migrateurs, à la commercialisation des produits de la pêche, en passant par le renforcement de la formation professionnelle et technique.

Q : Vous parlez de défis communs. Par rapport au défi de l’autosuffisance alimentaire, quelle stratégie est suivie par la COMHAFAT, étant donné qu’une grande partie de la population de la région vit dans des pays, - le Nigéria, que vous avez cité-, où existe un déficit d’approvisionnement en poissons?

Il est évident que l’amélioration à long terme de l’approvisionnement des marchés passe par une production basée sur une pêche durable et une meilleure utilisation des captures. Mais il y a également un autre élément sur lequel j’aimerais insister, c’est le potentiel de développement de l’aquaculture dans notre région, et la contribution qu’elle peut apporter à l’approvisionnement des marchés locaux. Tout cela demande une amélioration des connaissances et le transfert de technologies et de savoir-faire dans l’aquaculture. Et la COMHAFAT s’efforce d’apporter sa pierre à cet édifice. Nous avons par exemple, organisé un séminaire l’an dernier, en partenariat avec les autorités du Gabon, sur les stratégies de développement de l’aquaculture commerciale dans la région de la COMHAFAT.

Q : Actuellement, l’aquaculture de l’Afrique sub-saharienne représente seulement 1% de la production mondiale. Quelles sont les stratégies qui ont été mises en avant par les membres de la COMHAFAT pour la promotion de ce secteur?

C’est vrai que l’aquaculture africaine est encore à ses débuts, mais il y a un grand dynamisme dans le secteur de l’aquaculture au niveau de la région: certains pays membres de la COMHAFAT, comme le Nigeria ou le Ghana, - où existe d’autre part un déficit en matière de production halieutique-, ont enregistré un développement considérable de leur aquaculture. Ce sont souvent des poissons d’eau douce qui sont élevés avec de plus en plus de succès: les écloseries modernes du Nigeria produisent plus d’un demi million d’alevins de silures par mois, et on compte dans ce pays 5000 fermes aquacoles. La production de tilapia a également beaucoup augmenté, notamment au Zimbabwe, au Ghana. Et c’est toute la filière qui est en croissance: les écloseries, les fermes, les fabriques d’aliments de qualité pour les poissons, etc.

L’augmentation de la production aquacole répond à une demande croissante en poissons, mais elle correspond aussi à la réduction des captures dans la pêche industrielle et artisanale. En fait, l’augmentation des prix du poisson observée dans certains pays de la région a fait de l’aquaculture une solution économiquement rentable.

Comme vous le constatez, c’est la filière dans son ensemble qui se développe et à besoin d’un appui coordonné des institutions. Le rôle de la COMHAFAT est de soutenir ces efforts de coordination.

Q : Est-ce que ces produits sont également destinés à l’exportation sur les marchés internationaux, européens en particulier?

Il y a aujourd’hui une forte demande des poissons sur les marchés nationaux et régionaux, qui commencent à remplacer les marchés internationaux. Lors du séminaire organisé par la COMHAFAT en partenariat avec les autorités du Gabon, on a examiné le cas d’une entreprise qui exportait auparavant 80% de sa production vers les marchés européens et américains, et qui, grâce à l'ouverture de marchés régionaux et aux prix intéressants qui y sont pratiqués, exporte aujourd’hui la majeure partie de ses produits sur ces marchés. Et les accords commerciaux régionaux peuvent jouer un rôle bénéfique dans ce contexte, en ouvrant des chaînes de commercialisation entre pays pour les produits de la pêche et de l’aquaculture.

Par exemple, l’accord sur le commerce récemment conclu en Afrique de l’Est a beaucoup amélioré les mouvements de biens dans cette région, y compris pour le poisson (alevins vivants et le poisson frais ou transformé) entre les marchés du Kenya, d’Ouganda, et entre le Rwanda et le Soudan.

Q : Que ce soit pour la production, - pêche ou aquaculture-, ou la commercialisation, le rôle du secteur privé est central. Est-ce que la COMHAFAT soutient aussi les efforts du secteur privé?

La promotion de l’implication du secteur privé, c’est effectivement un élément important au cœur de notre action. Par exemple, étant donné le rôle central des femmes dans le processus d’amélioration de la salubrité des produits halieutiques, nous avons soutenu la structuration d’un réseau d’organisations de femmes mareyeuses, -le RAFEP-, et nous développons avec ce réseau, des actions visant notamment à l’amélioration de la qualité des produits, passant par l’introduction et l’application des normes de qualité et d’hygiène dans la région. En effet, les aspects de qualité et de salubrité sont clés aussi bien pour les marché internationaux, - où ils se transforment souvent en barrières non-tarifaires-, que pour la consommation locale. La formation des femmes en matière de respect de ces normes est un élément essentiel pour qu’elles puissent mieux valoriser leurs produits et accéder à de nouveaux marchés.

Q : A côté du renforcement des capacités des états membres de la COMHAFAT, et de l’implication du secteur privé, travaillez-vous également avec les scientifiques?

Il y a effectivement un enjeu commun qui est de dynamiser la recherche scientifique. Si on veut arriver à une meilleure connaissance des écosystèmes marins et des ressources, il faut une coopération plus étroite entre instituts de recherche, et nous nous efforçons de soutenir cela par le jumelage des instituts de recherche de la région, ainsi que l'ouverture à la recherche qui s’effectue au niveau international. D’ailleurs, sous l’égide de la COMHAFAT, le Réseau Africain des Instituts de Sciences de la Mer (RAFISMER) a été créé depuis 2001 pour justement promouvoir la recherche et l’échange d’information entre les Etats membres, définir les priorités de recherche dans les différentes sous régions de notre zone et renforcer les compétences dans le domaine scientifique. La COMHAFAT a ainsi décidé de financer une nouvelle campagne de formation et de recherche halieutique dans la région, qui se déroulera cet été, au profit de dix de ses Etats membres. Cinq opérations similaires ont déjà organisées par le passé.

C’est grâce à ce type d’initiatives régionales que les capacités des états membres sont renforcées.

Dans le domaine de la protection et la préservation de l'environnement marin et de ses ressources, la COMHAFAT appuie également l’harmonisation des politiques des états membres, et la coordination de leur action, y compris dans les forums internationaux.

Q : Car vous jouez également un rôle par rapport à l’action de vos membres pour l’élaboration et la mise en œuvre des règlements internationaux ?

C’est essentiel que nos membres soient présents et parlent d’une même voix dans les forums internationaux, comme l’ICCAT (Commission Internationale pour la Conservation des Thonidés de l’Atlantique), la CITES (Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction), la FAO.

Un exemple: l’avenir de la pêcherie des thonidés dans la région atlantique couverte par l’ICCAT concerne directement les deux tiers de nos états membres: l'Angola, la Côte d'Ivoire, le Gabon, le Ghana, la Guinée Equatoriale, le Maroc, la Mauritanie, la Namibie, le Nigeria, le Sénégal, etc. Il était donc extrêmement important pour la COMHAFAT de mobiliser ces pays pour qu’ils participent activement aux travaux de l’ICCAT.

C’est ainsi que nous avons organisé la participation d’une quinzaine de délégués aux travaux de la 22ème réunion ordinaire de l’ICCAT fin 2010, à Istanbul. Une préparation, visant à la coordination et l’harmonisation des positions a été faite pour dégager une position commune. Les délégués de la COMHAFAT ont ainsi soutenu l’introduction de mesures fortes et nécessaires pour garantir la conservation et l’exploitation des thonidés, soumis à une forte pression, car il en va de notre intérêt commun à long terme.

Nous avons également obtenu la présidence d’une sous commission pour la Cote d’Ivoire, et l'Afrique du Sud, - qui avait proposé une collaboration et sollicité le soutien de la COMHAFAT-, a obtenu la vice-présidence de la Commission. C’est également de cette manière, en étant plus actifs et plus présents dans ces forums internationaux, que nous pourrons mieux faire entendre les préoccupations africaines dans le domaine de la pêche et de l’acquaculture.

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Termes et conditions
Ram C. Bhujel, PhD Catfish and Tilapia
People who are working in this region and other parts fo Africa should come and see and also get training from Asia, especially Thailand. We have hatcheries in Thaialnd which are producing 20-30 million tilapia fry in a month and up to 6 million catfish fry in a single day. Pls find more information about our training program at the Asian Institute of Technology at:
http://www.aarm-asialink.info/Training.html

For more information:
Pls contact: Coordinator@aarm-asialink.info