CTA
Petite police
Polic moyenne
Grande police
English |
Passer à l'anglais
Français
Passer au français
Filtrer par Questions pêche
Régions
Type de publication
Filtrer par date

La Mauritanie entend renouveler sa flotte nationale de chalutiers : les navires de l’UE vont-ils revenir ?

01 juillet 2013

D’après un décret du ministre mauritanien de la pêche et de l’économie maritime, la flotte de chalutiers devra revenir au port pour un renouvellement partiel ou total avant le 31 décembre 2013.

Les propriétaires de chalutiers sont appelés à prendre les dispositions appropriées pour soumettre leurs demandes de renouvellement et « remplir les critères d’éligibilité » avant cette échéance. Les armateurs sont censés rendre leurs navires totalement conformes aux règlements sanitaires et aux normes d’hygiène – pour permettre les exportations vers les marchés internationaux tels que l’UE – ou, lorsque nécessaire, de remplacer leurs navires. Près de 80 chalutiers sont concernés. Un journal local a commenté que le prix moyen d’un nouveau navire de pêche oscille entre 4 et 6 millions de dollars, et que la période entre la commande et la livraison effective est d’environ 2 ans, ce qui rend le remplacement des anciens navires par des nouveaux quasiment impossible.

Ce décret intervient alors que les chalutiers européens (espagnols) ont été interdits de pêcher le poulpe dans les eaux mauritaniennes en vertu de l’APP. Le Comité scientifique UE-APP organisé au début du mois d’avril a confirmé la situation de surexploitation du poulpe et que « les flottes mauritaniennes auraient aujourd’hui la capacité de capturer tout le potentiel de la production moyenne de ce stock ». Il n’y a par conséquent pas d’excédent de poulpe et, sur cette base, il n’est pas possible de négocier un accès pour les flottes de l’UE, conformément à la Convention des Nations unies sur le droit de la mer.

Les chalutiers espagnols, principalement originaires de Galice, n’ont aucune pêcherie alternative vers laquelle se tourner, et le ministre régional de la pêche de Galicie a annoncé que 9,5 millions d’euros seront alloués en 2013 pour la mise au rebut des navires galiciens de haute mer qui ont plus de 10 ans. L’annonce mentionne que « les restrictions imposées à la flotte par le non renouvellement des opportunités de pêche au titre des APP » sont une des raisons ayant justifié cette décision. Il en va de même pour les navires galiciens pêchant les céphalopodes, expulsés de Mauritanie l’année dernière, qui auront un accès prioritaire aux fonds de mise au rebut.

Cependant, avec le décret mauritanien pour le renouvellement de la flotte locale de chalutiers, certains observateurs estiment que les plus récents (moins de 10 ans) de ces chalutiers espagnols pourraient revenir dans les eaux mauritaniennes en changeant de pavillon ou en établissant des entreprises conjointes. Il s’agit là d’une option déjà proposée en février dernier par le président de la Mauritanie lors d’une réunion avec le ministre des affaires étrangères espagnol.

Commentaire éditorial

Le comité scientifique de l’APP UE–Mauritanie a souligné que les ressources de poulpe sont encore surexploitées. Enfin, il semble que les autorités galiciennes en aient pris conscience, en ayant mis en place un système qui accorde la priorité aux navires qui pêchaient déjà au titre de l’APP Mauritanie. Cette solution en apparence facile – à savoir transférer les navires européens les plus récents vers la Mauritanie pour renouveler la flotte locale de chalutiers – peut en réalité rencontrer de nombreux obstacles. Sans un mécanisme de financement approprié, l’achat de navires par les titulaires de licence mauritaniens restera difficile. Ensuite, une analyse de l’impact d’une telle initiative sur le niveau d’exploitation des ressources devra être entreprise avant le transfert d’un quelconque navire de l’UE, pour assurer que le transfert ne contribue pas à une pêche non durable. Enfin, en Mauritanie, il existe une flotte locale de navires de pêche artisanale et côtière (PAC – pêche artisanale et côtière) exportant vers les marchés internationaux, qui pourra rapidement combler le vide créé par la disparition progressive des chalutiers locaux.

Commenter

Termes et conditions